Le billet de Patrick Parment
Il n’est nul besoin d’être grand clerc pour avancer que le Covid-19 laissera des traces tout à la fois politiques, économiques et sociales. L’Etat a adopté des plans financiers massifs d’aide aux entreprises, grandes et petites, sans qu’il soit possible d’en mesurer les effets exacts à court et moyen terme. Si l’on prend comme exemple Renault, où l’Etat vient d’injecter 5 Mds€ et que l’entreprise laisse entendre qu’elle fermera quatre usines en France, on a tout lieu de s’inquiéter. Les grands groupes ne vont -ils pas en profiter pour dégraisser, contraints ou forcés ?
Mais le vrai danger ne vient pas uniquement de ces grands groupes – quoique !- mais bien plutôt des TPE-PMI-PME qui risquent de mettre la clé sous la porte. Or, ce sont eux qui sont le moteur principal de l’emploi dans ce pays – après les fonctionnaires (5,5 millions). Outre des artisans au savoir-faire inimitable, on trouve toute la cohorte des petits commerçants qui risquent d’y laisser leur peau. On pense aux bistrots, restaurants, hôtels et autres acteurs du secteur touristique. Inutile de dire que plane l’ombre d’un chômage plus massif encore que celui que l’on connaît aujourd’hui. On imagine que cela va donner un coup de pouce au mouvement des Gilets jaunes dont la flamme n’est pas éteinte. De quoi donner des sueurs froides au gouvernement.
La question se pose donc de savoir comment ce gouvernement va réagir face à cette nouvelle donne sociale où les acteurs concernés n’ont rien à perdre et que peu à gagner. A toutes ces questions, nos économistes qui jouent souvent les Madame Soleil, restent muets. Bruno Le Maire en réunit chaque semaine une palanquée. On espère qu’ils font au moins bonne ripaille parce que des réponses… ils n’en ont pas. En revanche, ce qui ne manque pas, c’est la rubrique « Qu’est-ce qu’il faudra faire dans après Covid-19 ». Là, c’est le marché aux puces des solutions. Même Mélenchon a des idées. La question de savoir comment remettre un pays au boulot face à un taux de chômage élevé est un authentique casse-tête. Nous ne sommes pas les seuls puisque cela touche, à des degrés divers, toute l’Union européenne.
Le nerf de la guerre, c’est la reprise de la consommation. Mais comment espérer une reprise dans un pays laminé socialement ? Les Français, frileux par nature, comme en atteste le gonflement des livrets A de Caisse d’Epargne, ne vont pas se mettre soudain à surconsommer. Enfin, on ne connaît pas du tout l’impact de la casse industrielle sur l’économie de la société. Ce que l’on sait, mais le fera-t-on, c’est qu’il va être urgent de réguler tout ce qui est lié à la mondialisation en termes de commerce, d’industrie et d’agroalimentaire. Où comment passer d’un libéralisme ouvert à un libéralisme limité autant que faire se peut à l’Union européenne. Pour cela, il faudrait que Bruxelles soit en mesure de jouer le jeu. Et dépasser les antagonismes et autre égoïsme Nord-Sud. De définir enfin une vraie politique en matière d’immigration – car celle-ci nous coûte très chère et ne nous rapporte pas grand-chose, si ce n’est des déficits -, car on ne peut continuer ainsi à accueillir toute la misère d’un monde dérégulé par les irresponsables guerres américaines. Tout redevient politique mais encore faut-il trouver les hommes pour l’incarner.
http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2020/05/21/la-crise-et-apres-6240209.html