Il est certes toujours délicat de prétendre agréger, comme s'il s'agissait d'un seul phénomène, les résultats d'un scrutin aussi diversifié que celui des élections municipales, dans moins de 5 000 communes métropolitaines sur 35 000.
Si l'on devait s'en tenir à une seule synthèse nationale, on doit noter que la droite remporte 65 % des villes de plus de 9 000 habitants et devrait probablement déferler lors des sénatoriales du 27 septembre. Les équipes municipales de gauche qui se sont adjointes les khmers verts de EELV, et les communistes, dans quelques grandes villes sont montées en épingle mais elles ne représentent absolument pas le pays réel.
En revanche, et de manière assez scandaleuse, cette illusion d'optique risque d'être instrumentalisée comme s'il s'agissait d'une volonté populaire alors que les préoccupations concrètes prioritaires des Français placent l'environnement bien après la sécurité sous toutes ses formes.
Continuant la longue série des erreurs commises par l'apprenti président depuis trois ans, celle qui consisterait à intérioriser le programme des écologistes, risque de coûter très cher au pays. Parler de plébiscite en faveur des verts, et des bobos, c'est intoxiquer les Français.
La seule vraie tendance qui se retrouve légitimement dans le vote écolo s'appelle le "dégagisme".
La tendance la plus importante est en effet, de façon indiscutable, l'abstention massive.
Celle-ci reflète un rejet national évident du jeu politicien classique, mais aussi rejet du pouvoir macronien et un effondrement du parti champignon apparu en 2017 et qui persiste à se dire, sans crainte du ridicule, En Marche. Certains candidats proches du gouvernement l'emportent, mais sous d'autres étiquettes : ainsi le Modem à Pau avec François Bayrou, à Toulouse Moudenc centriste supposé macrono-compatible, à Tourcoing l'ex-sarkozyste Darmanin l'avait emporté dès le premier tour, et bien entendu le Premier ministre au Havre, face aux communistes.
On ne perdra pas de vue, non plus, que le progrès sans précédent de l'abstention, par rapport au premier tour ne résulte pas seulement de la date tardive du second tour, et de la très courte campagne, mais aussi de la tétanisation d'une partie de l'électorat. Depuis le 15 mars le matraquage médiatique quotidien centré sur les dangers du coronavirus, sujet dominant, a terrorisé une partie de la population, la dissuadant de se rendre dans les bureaux de vote.
La réélection, dans la Capitale, après 6 ans d'une gestion désastreuse et sectaire, de la Mégère Hidalgo représente une mauvaise nouvelle pour le pays tout entier. Elle conduira à une évolution vers le sort de Washington. Cette ville est complètement, et notoirement coupée du pays lui-même, mais avec une divergence majeure, la France n'étant pas, ou pas encore, un pays fédéral.
Ne sous-estimons pas le mépris populaire que méritait clairement, depuis ses déclarations publiées dans Le Monde du 17 mars, la candidate Buzyn maintenue à la tête des macroniens à Paris. Reconnaissant elle-même qu'elle incarnait une mascarade elle a reçu une sanction logique, ne servant par le maintien désastreux de ses listes, qu'à la victoire des gauches.
Sans suivre l'opinion de Salvador Dali qui plaçait le centre du monde en la gare de Perpignan, le résultat de Louis Aliot dans la capitale de la Catalogne française rouvre une question cruciale. Elle se pose de façon récurrente, depuis la victoire de Bruno Mégret à Vitrolles en 1995, et plus encore depuis les élections régionales de 1998 où l'éditorial d'Alain Peyrefitte en soulignait la nécessité dans le Figaro le lundi qui suivit : celle de l'union des droites.
JG Malliarakis
https://www.insolent.fr/2020/06/municipales-pour-ne-pas-se-tromper.html