Un millier d’anciens ou d’actuels salariés de l’ONG accusent l’organisation de “renforcer dans son travail humanitaire le colonialisme et la suprématie blanche”.
Médecins sans frontières (MSF) face à ses contradictions. Dans une lettre adressée à leur direction et citée par The Guardian, 1 000 anciens ou actuels salariés de l’ONG humanitaire pro-migrants dénoncent le racisme systémique qui y serait sous-jacent, selon eux. Ils reprochent notamment à l’organisation les politiques de recrutement et la culture d’entreprise qui seraient menée par une « minorité blanche privilégiée » et appellent à ouvrir une enquête interne et indépendante afin de démanteler des « décennies de pouvoir et de paternalisme »
Mentalité de « sauveur blanc »
Cette lettre est notamment signée par les présidents des conseils d’administration de MSF au Royaume-Uni et en Afrique australe et le directeur général de MSF Allemagne. Elle dénonce la mentalité de « sauveur blanc presque étouffante » qui règne à MSF. L’ancienne responsable média à MSF New Delhi Padma Priya témoigne même du racisme « ordinaire » qu’elle aurait subi durant son passage au sein de l’organisation. « Il y avait un sentiment permanent qu’ils avaient besoin de travailleurs locaux pour avancer, mais sinon ‘ils’ se sentaient meilleurs que ‘nous’. C’était fatiguant », déplore-t-elle. D’autres évoquent des difficultés pour les personnels locaux où MSF est implanté. « Essayer d’aider un membre du personnel local [à postuler] pour un poste [de personnel international] est le processus le plus fastidieux, le plus injuste et le plus frustrant que j’ai jamais vécu », confie un signataire.
Bientôt des changements dans l’organisation
Pour le président international de MSF Christos Christou, cette lettre est un « catalyseur » pour faire accélérer les changements déjà promis par l’organisation. Depuis la mort de George Floyd aux Etats-Unis, des débats internes ont ainsi eu lieu au sein de l’organisation, amenant les salariés « à réfléchir et à faire le point sur [leurs] échecs à cet égard », selon un communiqué de branche britannique de l’ONG que relaie franceinfo. « MSF a été créée pour lutter contre les discriminations et nous sommes très attentifs aux situations de domination. Il existe, depuis 2007, une cellule des abus auprès de laquelle tout acte de discrimination peut être dénoncé », a, de son côté, plaidé le directeur général de MSF France auprès du Monde.
Article repris du site OJIM