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La France, tu la respectes !…

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On nous rebat les oreilles avec les Français et l’on oublie la France. Les Français sont tous différents, des Basques aux Parisiens ou aux Bretons. Ce qui nous unis, c’est la France : respect !

On a souvent insisté sur la nation comme un contrat (républicain), comme l'adhésion aux valeurs de la République, que l’on définit souvent par des banalités affligeantes. Cette conception de la nation contractuelle n'est pas aussi universelle qu'elle le prétend. Emmanuel Todd constatait que l'idée de nation entendue comme un contrat - un corps d'associés vivant selon une loi commune, selon Sieyès - s'inscrit anthropologiquement dans les zones de la famille dite « nucléaire égalitaire ». Il s'agit des systèmes familiaux où les enfants sont égaux devant l'héritage et s émancipent des parents dès l’âge adulte. Todd pensait au Bassin parisien, entendu largement. Dans d'autres régions de France (l'Ouest, notamment), l'absence de ce système anthropologique a pu expliquer une vive réticence à la Révolution française, résistance inconsciente qui n'a pas disparu.

L'universalisme de la nation citoyenne serait donc plutôt l'expression d'un phénomène local (le Bassin parisien) transposé à l'échelle du monde. L'égalité entre frères devant l'héritage a rendu possible la nation égalitaire. Les Révolutionnaires sont tombés dans le panneau en croyant qu'ils exportaient des idées universelles, alors qu'ils n'exprimaient que des conceptions issues de leur terroir. Dans les pays relevant de systèmes anthropologiques différents (pas d'égalité entre les héritiers et emprise des parents sur les enfants au-delà même de leur majorité), la nation s'est imposée comme une langue, voire comme une race. La nation-contrat ? C'est au fond très franchouillard, au sens restreint du Bassin parisien. Si la France a assimilé des étrangers, ce n'est pas parce qu'elle l'a voulu, mais parce qu'anthropologiquement elle le pouvait. Attention au volontarisme de façade. La France, un melting-pot ? Peut-être. Mais donnons-en les véritables raisons.

Nous vivons forcément dans des groupes, mais qui restent limités dans le temps ou dans l’espace famille, professions, les différents groupes de circonstance. Par leur dimension réduite, ils ne parviennent pas à parler à tous les individus ou à tous les groupes. À cet égard, les mouvements régionalistes n'ont pas réussi à parler aux corps étrangers, alors que la nation, elle, a réussi à le faire. La France a parlé aux juifs, aux musulmans la Corse ou la Bretagne éprouvent les plus grandes difficultés à le faire parce qu'elles apparaissent comme des groupes familiaux élargis, auxquels on ne s'agrège pas si facilement.

La nation n'est certes pas l'universel, mais elle est un prisme sans lequel il n'y a pas d'accès à l'universel. La nation est certainement une identité, mais qui touche à des aspects intellectuels et spirituels. Il y a de l'âme dans tout ça, pas besoin d'être catholique pour le deviner. Il y a un état d'esprit dans la nation, qui n'est pas quelque chose de désincarné et d'abstrait. L'âme d'une

nation se vit dans mille et une choses concrètes. Et pas que dans des bureaux de vote ou dans de froides salles ornées d'un buste de Marianne.

La nation, éducatrice des hommes et des peuples

Comment définir une nation ? Une identité ? Les définitions de la France se sont toujours avérées réductrices. Il serait plus juste peut-être de dire l'identité ne s'apprend pas, ce qui s'apprend plutôt, c'est quelque chose comme le respect de cette identité. Nuance de taille qui évite de réduire la nation à une collection d'éléments qu'il suffirait d'additionner. La nation permet au « je » et au « nous » d'avoir une assise profonde et solide. Quelle est-elle ? Il suffit de la respecter. En 1980, devant l'UNESCO, Jean-Paul II avait décrit la nation comme « la grande éducatrice des hommes pour qu'ils puissent "être davantage" dans la communauté ». Pour le pape polonais, « la Nation est en effet la grande communauté des hommes qui sont unis par des liens divers, mais surtout, précisément par la culture ». La nation permet aussi bien à des groupes qu'à des individus de se structurer. Maurras affirmait que les nations ne sont pas seulement des faits, comme le faisait déjà Jaurès, mais qu'elles étaient aussi des bienfaits, des amitiés. La clé est peut-être là.

François Hoffman monde&vie 12 octobre 2016 n°930

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