La politique étrangère ne détermine pas le vote des Américains. Ceux-ci sont plus sensibles à la courbe du chômage et à l’économie en général, comme l’avait à juste titre affirmé Clinton. Les troubles entraînés par la mort de George Floyd, amplifiés par le mouvement Black Lives Matter et les élus démocrates jusqu’à déclencher une hystérie racialiste à coups de génuflexions grotesques, de statues brisées et de rues débaptisées, que certains veulent importer en France, auraient pu être utilisés habilement par le président Trump suivant la logique d’un retour à l’ordre favorable à l’exécutif et souhaité par la majorité de la population. Cela s’était produit en France en 1968, et le calcul de Macron exploitant les excès des manifestations de Gilets Jaunes, provoqués par la présence opportune de casseurs “connus des service de police”, visait à récupérer “le parti de l’ordre”.
A contrario, les débordements des militants trumpistes assez limités mais grossis par les médias au travers du symbole majeur de “l’occupation” du Capitole ont paradoxalement placé l’occupant de la Maison Blanche dans le camp du désordre, et apparemment justifié des mesures aussi contraires à la démocratie qu’une censure du Président sur des réseaux sociaux, ou l’hypothèse d’une destitution avant la fin de son mandat, pour atteindre l’objectif poursuivi par ses opposants depuis son élection. La hargne et l’intolérance du camp progressiste et mondialiste qu’incarnent les Démocrates aux Etats-Unis, leur propension à employer tous les moyens pour garder le pouvoir ou pour en écarter les conservateurs, sont répandus dans le monde entier. Le Préfet de police de Paris Didier Lallement, serviteur zélé du pouvoir, et qui avait osé dire qu’il n’était pas dans le même “camp” qu’une manifestante usant de son droit constitutionnel, s’est plu récemment à citer Trotsky pour souligner sa détermination à défendre l’ordre. Un préfet de la République s’appuyant sur l’un des principaux instaurateurs de la terreur rouge en Russie amène des questions : de quel ordre s’agit-il ? N’importe lequel ?
Le cynisme qui consiste à se proclamer le camp de la morale pour cacher une politique de domination est au coeur de la stratégie progressiste, américaine en particulier. La politique étrangère de Trump, à défaut de cohérence et d’efficacité, avait le mérite de la sincérité, si tant est que cette vertu ait sa place en diplomatie. Elle pouvait se résumer à un objectif, l’intérêt des Etats-Unis, et se déclinait ensuite par des actions plus financières que militaires. Retrait du soutien à des organisations internationales, pressions et sanctions économiques et commerciales à l’encontre des ennemis désignés, au premier rang desquels l’Iran, mais aussi la Chine ou la Russie. Par ailleurs, le soutien inconditionnel à Israël a néanmoins conduit les Emirats et le Maroc à établir des relations avec l’Etat hébreu. Il s’agit d’un succès notable. Le “pas de deux” avec le dictateur nord-coréen a été moins heureux, mais il a témoigné du fait que le tonitruant Trump était sans doute le moins va-t-en-guerre des chefs d’Etats américains récents.
Le retour des démocrates au pouvoir sera salué par le choeur du politiquement correct et de la bien-pensance mondiale, par la majorité des médias et par les alliés. C’est là un aveuglement caractérisé et qui n’est pas innocent. La politique étrangère des démocrates est inspirée de Zbigniew Brzezinski qui fut le conseiller à la sécurité du désastreux Carter. ” La conjugaison de la puissance américaine et de sa dynamique sociale pourrait favoriser l’émergence graduelle d’une communauté d’intérêts partagés à l’échelle planétaire” écrivait-il au début du “Vrai Choix, à la fin duquel il montrait que l’hégémonie américaine était le seul chemin pour y parvenir, l’Europe vieillissante étant condamnée à une “immigration de remplacement”, “perfusion significative de sang frais”. Entre cet étouffement assez méprisant, et la rudesse de Trump, la politique la moins nocive pour notre pays était évidemment la seconde. Depuis l’accession de Clinton à la présidence, les gouvernements français ont été systématiquement dupés par Washington, qui a évincé la France d’Afrique centrale en utilisant la guerre civile rwandaise et le “génocide” tutsi pour discréditer notre pays et mettre la main sur le riche Congo, ex-Zaïre” en 1994. En ex-Yougoslavie, la France a été entraînée à deux reprises, en Bosnie puis au Kosovo à soutenir les musulmans contre notre vieil allié serbe, en 1992 et en 1999. A cet égard, les opérations menées par les Bush père et fils ont été plus justifiées pour deux d’entre elles, et la France n’a pas hésité à s’écarter de la troisième. Le tropisme antirusse et pro-islamique a été constant chez les démocrates et a culminé avec Obama et son message du Caire donnant le feu vert au Printemps arabe et donc aux Frères musulmans. L’échec de cette “démocratisation” sanglante et avortée, épaulée par Washington, selon le voeu de Brzezinski, a jeté deux pays dans le malheur, la Syrie encore divisée et occupée partiellement de même qu’elle est étranglée économiquement, et la Libye. Malheureusement, une fois de plus, la France a été manipulée et conduite à soutenir les rebelles islamistes contre les gouvernements en place. L’Etat islamique a par son extrémisme furieux occulté le caractère islamiste des rebelles que les occidentaux ont soutenus en Syrie. L’autre axe de la stratégie démocrate a consisté à déstabiliser la Russie à travers les ex-républiques de l’URSS. Il est probable que ce jeu dangereux va reprendre de plus belle avec Biden et qu’il y aura dans “le même camp” du gouvernement mondial à dominante américaine, le locataire de l’Elysée. Son discours récent devant un drapeau américain sonnait comme un aveu. Il faut que les Français perçoivent d’où vient la menace : elle sera plus présente avec Biden qu’avec Trump !