Le principe de réalité nous oblige à regarder la réalité en face et sans faux-fuyants : la France est, aujourd’hui, une Cocotte-Minute™, chauffée à grand feu, soupape bloquée. Le risque d’explosion est au rouge et imminent. Cette situation explosive est la combinaison de multiples facteurs.
En premier lieu, les incertitudes créées par le Covid-19 provoquent de multiples interrogations ; les Français dépriment, nos jeunes concitoyens prennent conscience que leurs plus belles années risquent d’être perdues, leur avenir professionnel compromis ou totalement incertain.
La solution – qui ne peut être que la vaccination – bégaye et fait apparaître la totale inorganisation de l’État, incapable de distribuer équitablement les doses de vaccins sur tout le territoire. À sa décharge, il est vrai qu’il ne reçoit pas les doses promises par les industriels défaillants, via l’Union européenne. On doit ajouter les multiples changements de discours du gouvernement qui distille ses propres interrogations, souvent contradictoires (couvre-feu, reconfinement, injonction d’aller travailler, l’économie doit être maintenue), alimentant l’anxiété des Français, alors qu’il devrait être économe de sa parole. Il est vrai que la com’, avec ce président de la République, s’est substituée à toute vision réfléchie.
Cette dernière remarque renvoie à un axiome devenu fondamental : la perte de crédibilité de ce gouvernement, et plus particulièrement du chef de l’État lui-même, dont les multiples formules à l’emporte-pièce suscitent l’ire des Français.
Mais au-delà de la forme et du pathos roboratif, la perte de crédibilité politique du président de la République aux yeux des Français s’explique simplement : il n’a pas l’étoffe d’un chef d’État. Élu lors d’une conjonction stellaire miraculeuse, en prônant un projet ultralibéral et mondialiste, construit sur des slogans sans études préalables approfondies dont l’application a suscité colère et opposition : manifestations des gilets jaunes, manifestations contre la réforme des retraites, ras-le-bol des policiers, des maires ; la liste est sans fin ou presque…
Qu’à cela ne tienne, face à l’échec de sa politique ultralibérale prônée en 2017, il effectue un virage à 180 degrés : Emmanuel Macron défend la souveraineté, le retour d’industries dont il avait salué, auparavant, la délocalisation et fait fi de ses contradictions. Les Français ne s’y trompent pas et n’écoutent plus la parole élyséenne décrédibilisée. En dépit des craintes que suscite la pandémie qui exige le respect de mesures sanitaires strictes, pour de nombreux Français, l’autorité naturelle de l’État incarnée par le président de la République est morte. Dès lors, tout peut arriver…
Le Président devrait méditer ce que disait Maximilien Robespierre en 1789, peu avant la Révolution : « La même autorité divine qui ordonne aux rois d’être justes défend aux peuples d’être esclaves. »
Jacques Myard