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Saint Charles de Foucaud

La congrégation pour la cause des saints vient de reconnaître que l’intercession d Charles de Foucaud a été l’occasion d’un miracle attribuable à celui qui avait déjà été béatifié par Benoît XVI. Sacannonisation est donc une question de jours.

Le 30 novembre 2016 un apprenti âgé de 21 ans, prénommé Charles, faisait partie d’une équipe de charpentiers travaillant à la restauration de la charpente de la chapelle de l’Institution Saint-Louis de Saumur. Lors d’une manœuvre sur ce chantier la voûte sur laquelle il avait pris place céda, et le jeune Charles fit une chute dans le vide de 15,50 m. Il fut violemment précipité sur un banc de bois qui explosa sous le choc.

Le jeune homme ne perdit jamais connaissance, se releva immédiatement et alla demander du secours. Blessé il fut transporté à l’hôpital puis opéré et rentra chez lui au bout d’une semaine. Après un temps de repos, il reprit ses activités professionnelles sans aucune conséquence tant physique que psychique.

Une commission de sept médecins réunis pour la circonstance a déclaré : « Le peu de lésions provoquées, par rapport aux modalités de la chute n’est pas scientifiquement explicable et doit donc être considéré comme le sauvetage d’un danger ». Les témoignages recueillis sont très nombreux pour attester que dès la diffusion de la nouvelle de l’accident, sans même connaitre le prénom du blessé ni son véritable état de santé, une quantité extraordinaire de personnes s’est mise en prière pour demander au Bienheureux Charles de Foucauld de sauver le jeune apprenti. La commission des théologiens a donc pu attribuer cette guérison à l’intercession du Père de Foucauld.

Déclaré vénérable en avril 2001 puis béatifié en 2005 par le pape benoît, Charles de Foucauld (1858-1916) sera prochainement canonisé après l’autorisation donnée le 26 mai par le pape Francois à la publication de huit décrets de la Congrégation pour les causes des saints. Un premier miracle imputé à l’intercession de Charles de Foucauld, celui d’une Italienne de Milan guérie en 1984 d'un cancer des os, avait été versé au dossier de sa béatification en 2005.

Une canonisation au bon moment

Le Père de Foucauld aura attendu longtemps cette reconnaissance de l’Église, qui intervient médiatiquement au pire moment, alors que l’on déboulonne les statues et que l’on met en cause l’œuvre civilisatrice de l’Église a travers la colonisation. De la même façon que la canonisation de Junipero Serra en 2015 par le même pape Francois avait rencontré une véritable opposition, le fondateur de San Francisco étant pris pour un colonisateur espagnol.

Ladji Ouattara, un franco-ivoirien, professeur à l’université d’Évry qui a soutenu son doctorat à l’Université catholique de Louvain, n’hésite pas à faire la leçon aux catholiques dans le Journal Le Monde : « il faut admettre que Junipero Serra ou de foucauld ont été des hommes de leur temps, imprégnés d’idées colonialistes, l’Église, qui est une citadelle de la “civilisation universelle” ne saurait évoluer en marge des mutations sociales présentes. Ces questions vives mobilisent la jeunesse, comme on a pu l’observer avec des déboulonnages de statues de personnages controversés dans le monde. À l‘aune de ces évolutions, la canonisation de Foucauld semble en inadéquation avec cette nouvelle conscience planétaire. L’Église ne peut demeurer indifférente en érigeant ce moine soldat, figure majeure de l’histoire coloniale du Sahara, en symbole d’exemplarité. Elle se doit au contraire d’assumer pleinement sa responsabilité historique à l’égard de l’Afrique et des Touareg ». Fermez le ban !

Il est clair que saint Charles de Foucauld avait été un officier colonial et qu’il n’avait jamais cessé de soutenir l’œuvre à la fois politique et humanitaire de française, travaillant en faveur de l’intégration des Touaregs, qui trop souvent vivaient du pillage des autres ethnies. On peut dire que la situation demeure la même, avec les mêmes rapports de force. Le problème se posait alors un peu comme aujourd’hui car la guerre du Mali n’a pas d’autre sens : c’est encore une guerre tribale comme nous l’expliquait Bernard Lugan dans le précédent numéro. Il faut répondre à Ladji Ouattara que défendre les Touaregs, c’est défendre les razzias opérées sur les populations noires jusqu’aujourd’hui. Le pêché d’anachronisme est facile. Au lieu de moraliser histoire, on ferait mieux de l’accepter dans sa réalité.

Certes nous sommes dans ce que l’historien Jean Monneret appelle « un anticolonialisme d’État ». Le passé devient le champ clos de la « guerre raciale » que prévoyait Michel Foucault, homonyme de notre saint.

Mais l’Église n’a pas à embrasser les préoccupations ethniques d’une époque. Elle domine les temps : en ce sens cette canonisation peut se comprendre comme une évangélisation de l’histoire, renvoyant dos à dos le présent et le passé.

Abbé G. de Tanoüarn Monde&vie 15 juillet 2020 n°988

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