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Coup bas libre ! Rouges de colère et verts de rage (Présent)

L’amour que Jean-Luc Mélenchon porte à l’Amérique du Sud est sincère. Il provient de ses opinions politiques et de la manière dont ce subcontinent turbulent et tragique les a expérimentées, mais il a indéniablement une dimension charnelle. D’ailleurs, sur la photographie où on le voit, un bras autour des épaules de Andrés Arauz, son sourire a quelque chose de la fierté des enfants : les yeux brillent et le sourire est crispé. Celui qui se tient à sa gauche est un candidat correspondant à LFI en Equateur. Le patron des Insoumis le rencontre en coup de vent, avant un séjour un peu plus long en Bolivie, à l’occasion de la Journée de la terre le 22 avril.

L’occasion d’envoyer une jolie carte postale, un tantinet acidulée à la France, Andrés Arauz a perdu de quatre points : le candidat vert lui a refusé son soutien et ses votes. Le message est passé. Et avec lui une petite polémique : pester contre les « riches » qui rentrent du Brésil en avion c’est une chose, faire l’identique mais pour la bonne cause en est une autre. De fait, ce n’est guère écologique comme comportement.

LFI croule sous les contradictions de son logiciel de pensée intersectionnel. De fait, les priorités des écologistes, des marxistes, des indigénistes, des musulmans politiques et des Lgbt ne sont guère compatibles, une fois qu’on a posé que le seul objectif commun à ces familles est le haro sur le bouc émissaire hétéro-blanc. Mais il ne faut jamais sous-estimer la logique en politique. Jean-Luc Mélenchon le sait. Et il est un fauve blessé. Il est le vieux lion à son dernier combat. C’est sa dernière présidentielle. S’il la perd, sa carrière de patron est achevée. Il est encore énergique et plus que jamais bourré de talents : que personne ne l’enterre trop vite. Il peut jouer la stratégie Biden, faire un accord tacite avec les jeunes tigres de son parti : votez pour moi et le pouvoir est à vous dans un quinquennat.

Dès lors, les tensions émotionnelles vont aller croissant, c’est mathématique. C’est chimique. Et c’est assez jouissif pour les observateurs situés de l’autre côté de la barricade politique. Parce que la gauche risque de se présenter en formation Arlequin devant les urnes. A cinq candidats, tous sur un créneau précis, jamais très loin idéologiquement les uns des autres, mais jamais suffisamment près.

Par exemple, François Ruffin est tenté. S’il y va, son objectif peut être d’acter le fait que la gauche ne sera pas au second tour, donc il faut préparer 2027, et une sixaine de pourcents en 2022 serait un capital de départ intéressant. Quel que soit son score, c’est autant de gratté sur Jean-Luc Mélenchon. Pour le moment, il refuse de dire pour qui il votera.

EELV ira probablement sous la houlette de Yannick Jadot, que l’on n’ose qualifier de pastèque tant le terme de melon s’impose lorsqu’il s’exprime. Il peut ambitionner une grosse dizaine de pourcents.

Christiane Taubira a fait perdre Lionel Jospin en 2002 et envoyé Jean-Marie Le Pen au second tour, mais s’est au passage offert un piédestal dans un panthéon de gauche morale qui ne demande que ça.

Eric Coquerel, lui, a décidé de soutenir son patron. Il a écrit une lettre de réponse à Yannick Jadot, lequel désirait la présence de Jean-Luc Mélenchon à une réunion stratégique interpartis pour 2022. Un courrier à déguster comme un Bourgogne un peu jeune : vert, acidulé, mais prometteur.

Anne Hidalgo a envie d’y aller, passionnément. Enfermée dans un microcosme parisien dans lequel elle est toute puissante et entourée de courtisans flagorneurs, elle est persuadée de ses chances. Il est bien possible que sa clientèle parisienne lui offre trois pourcents.

Restent les Clémentine Autin qui peuvent tenter une aventure. Mais là il ne faut pas pousser : elle sera irrémédiablement derrière Jean Lassalle.

Ah, et si Assa Traoré tente une campagne, alors définitivement on regardera plus France 2 : les débats du premier tour promettent.

Présent

https://www.tvlibertes.com/actus/coup-bas-libre-rouges-de-colere-et-verts-de-rage-present

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