Par Iris Bridier
« Elle ne peut pas fustiger les riches qui ne veulent pas de HLM et habiter un joli pavillon » tacle Julien Weil, le maire (LR) de Saint-Mandé au sujet d’Emmanuelle Wargon dans Le Figaro. La ministre du Logement est ainsi accusée d’inciter à « faire ce que je dis pas ce que je fais ».
En cause, la récente affaire « Pierre » qu’Emmanuelle Wargon analyse par un plus grand besoin de mixité sociale. « On a une forme de préjugé pensant que chacun veut vivre entre-soi et en fait ce n’est pas vrai. Moi je me déplace beaucoup dans des quartiers populaires, en ville et dans la ruralité et les gens sont en demande de cette mixité sociale. » explique-t-elle au micro de CNews.
Mais pourquoi alors avoir choisi, comme le fait remarquer le maire de Saint-Mandé, « un cadre de vie résidentiel, luxuriant, un urbanisme maîtrisé et une ville proche de Paris » ? Le Figaro révèle ainsi que la ministre réside dans « une maison de 150 m², estimée à 1,5 million d’euros, selon sa déclaration de patrimoine. » Dans le 9-4 certes, mais pas franchement au milieu des “relous” et autres “sauvageons” comme ceux qui tuèrent un coup de pieds un sexagénaire, le week-end dernier, pour une simple remarque. Ironie de l’histoire, il s’appelait Pierre.
Une nouvelle polémique donc qui s’est enflammée et sur les réseaux sociaux, dénoncée par l’entourage de la ministre. « Ce n’est pas aux habitants des villes qui ne respectent pas leurs obligations, de déménager ou d’être pointés du doigt ». Sauf qu’imposer aux municipalités 25 % de logements sociaux d’ici 2025 relève plus du dogmatisme que du pragmatisme. « Ce n’est pas que je ne veux pas de mixité mais la mixité a ses limites dans une ville où les prix au m² dépassent les 12.000 euros le m² » répond Julien Weil. Une proposition irréaliste pour ce collectif de 22 maires du Val-de-Marne qui tente de proposer à la ministre un entre-deux.
« Si on fait 40 % de social dans chaque nouveau programme immobilier, franchement on ne doit pas être considéré comme mauvais élève » explique au Parisien Charles Aslangul (LR), le maire de Bry-sur-Marne. Or ajoute le collectif « La loi SRU résonne sur la totalité des logements existants dans la commune (stock) et non sur les efforts faits sur les nouveaux logements construits (flux). Étant précisé que chaque nouvelle résidence construite (pavillon ou collectif) augmente mécaniquement le nombre de logements sociaux à produire. C’est sans fin. Les communes historiquement pavillonnaires ou sans foncier disponible se trouvent inexorablement pénalisées, même si elles construisent plus de 25 % sur le flux. » Un paradoxe soulevé également par la Cour des Comptes.
La ministre a beau avoir réuni ce collectif et l’avoir écouté, reste à savoir si ces élus de terrain seront entendus.