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Dette publique : la fin de l’argent gratuit et ses conséquences.

Il y a longtemps que nous mettons en garde contre les risques de nos emprunts audacieux et de la dette abyssale de notre pays même s’il faut reconnaître que la pandémie virale que nous connaissons depuis plus d’un an en est aujourd’hui la cause principale. Mais cette situation n’est temporairement acceptable que si les taux d’intérêt restent bas, ce qui était le cas jusqu’à présent et permettait la fuite en avant de nos dirigeants. Mais la situation est en train de changer.

Après avoir frôlé un point bas, à près de – 0,4 % en décembre 2020, le taux obligataire français est repassé au-dessus de zéro, lundi 19 avril. Jeudi 22 avril, il frôlait 0,1 %, son plus haut niveau depuis un an. Le franchissement d’un cap symbolique.

Cette lente remontée des taux depuis début 2021 se produit dans toute la zone euro. L’Allemagne est passée de – 0,6 % à – 0,2 %, les Pays-Bas, de – 0,5 % à – 0,1 % et l’Espagne, de 0 % à 0,4 %. Ce frémissement, qui, pour l’heure, reste graduel et modéré, est surveillé de près. Rarement les Etats n’ont été aussi sensibles aux taux d’intérêt. Depuis l’irruption de la pandémie de Covid-19, ils se sont endettés comme jamais afin de maintenir les économies à flot. Cette intervention a été possible grâce aux taux plancher, voire négatifs, conséquences de l’intervention massive de la Banque centrale européenne (BCE) qui faisait couler l’argent à flots.

Après un an à ce régime, les Etats se retrouvent avec des comptes publics fortement dégradés. Les déficits des pays européens en 2020, publiés jeudi par Eurostat, sont venus rappeler l’ampleur historique des emprunts. Le déficit de la France a atteint 9,2 % du produit intérieur brut (PIB), et la dette, 115,7 %. Très loin des critères officiels du pacte de stabilité (respectivement 3 % et 60 % du PIB), qui ont été suspendus le temps de la crise. La « palme » échoit à l’Espagne (11 %), tandis que la Belgique, la Grèce, l’Italie, l’Autriche, la Roumanie et Malte tournent autour de 9 % ou 10 %.

A cet égard, la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE, jeudi, était particulièrement attendue. Christine Lagarde, sa présidente, a choisi de ne pas tirer trop vite le signal d’alarme. Elle a réitéré son « engagement » de « maintenir des conditions de financement favorables. » Cependant, elle estime que, dans l’ensemble, celles-ci sont en place. Les prêts aux entreprises sont en légère hausse par rapport à fin 2020, et ceux aux ménages sont stables. « Nous ne regardons pas que les taux [des Etats] », qui ne représentent qu’un indicateur parmi d’autres, souligne Mme Lagarde. 

La BCE ne reste pas pour autant inactive. Il y a un an, elle a lancé un « plan pandémie » (PEPP), dont l’enveloppe atteint 1 850 milliards d’euros, pour acheter sur les marchés les dettes des Etats. Pendant le premier confinement, au printemps 2020, elle le dépensait à hauteur de plus de 100 milliards d’euros par mois. Progressivement, au cours de l’hiver, le tempo a ralenti, à environ 60 milliards d’euros par mois. En mars 2021, voyant les conditions de financement se durcir, Christine Lagarde avait annoncé qu’elle allait accélérer son intervention.

Le résultat a globalement déçu les marchés. La BCE a dépensé 74 milliards d’euros en mars, guère plus que les 60 milliards de février. Pourquoi cette prudence, alors même que les taux commencent à se tendre ? L’une des explications tient aux tensions internes au sein du conseil des gouverneurs, composé de vingt-cinq membres. Après avoir été inaudibles à l’acmé de la crise, les faucons sont de retour. Le 7 avril, Klaas Knot, le gouverneur de la Banque centrale des Pays-Bas, a évoqué ouvertement la fin progressive du PEPP à partir du troisième trimestre, si la croissance reprenait. « Plusieurs membres du conseil, certes très minoritaires, ont déjà marqué leur territoire, en suggérant que, dès l’été, il serait bienvenu de réduire les achats d’actifs de la BCE », précise Bruno Cavalier, économiste en chef d’Oddo BHF.

Pour l’heure, Mme Lagarde tente de résister. Les conditions sanitaires ne sont pas satisfaisantes dans la zone euro, et la pandémie n’est pas jugulée. Pendant la réunion de jeudi, la question d’un retrait progressif du PEPP n’a même pas été abordée. « Il n’y a pas eu de concession majeure aux faucons », se félicite Frédérik Ducrozet, stratégiste à la banque privée Pictet.

« Nous pensons que les dirigeants lutteront contre une hausse supplémentaire des taux jusqu’à l’année prochaine, quand la reprise sera plus solide », espère M. Allen-Reynolds, de Capital Economics. La BCE s’est engagée à poursuivre son programme pandémie au moins jusqu’en mars 2022. Mais si la campagne de vaccination se poursuivait à un bon rythme, et que la reprise se dessinait, la prochaine réunion du conseil des gouverneurs, le 10 juin, sera certainement plus tendue.

Le début des soucis pour les plus endettés parmi les pays de notre continent.

https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2021/04/26/dette-publique-la-fin-de-largent-gratuit-et-ses-consequences/

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