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Les députés LREM quittent le navire : après Brune Poirson, c’est au tour de Benjamin Griveaux

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C’était en 2017, c’étaient les élections législatives et on allait voir ce qu’on allait voir. Fini, les hémicycles pleins de surdiplômés parisiens cultivant un entre-soi délétère. On allait remplacer tout ce vieux monde ringard par un monde jeune et sympa, aux couleurs d’une modernité sans murs ni frontières. Naturellement, ce fut un triomphe.
Parmi les députés de cette nouvelle législature, il y avait Laetitia Avia, accusée d’avoir mordu un chauffeur de taxi – faits qu’elle a niés – peu avant de présenter un projet de loi contre la haine (en ligne, il est vrai, donc moins maxillaire), M’jid El Guerrab, qui devait défoncer le crâne d’un de ses collègues à coups de casque avant de présider une mission de lutte contre les violences, ou encore le président Richard Ferrand, toujours sous le coup d’une  à l’heure où j’écris et qui devait fort logiquement administrer, en tant que quatrième personnage de l’État, ce petit monde exemplaire.
Ne soyons pas injuste : il y avait aussi des gens brillants. , par exemple, diplômée des deux côtés de l’Atlantique, compétente quoiqu’un peu agaçante, et dont on dirait volontiers qu’elle est jolie – et même élégante – si on n’avait pas peur d’être accusé de sexualiser les femmes. Mme Poirson avait été élue dans le Vaucluse, dans la circonscription qui fut jadis celle de . Un avenir radieux s’ouvrait à cette jeune femme pour qui, depuis le début, tout avait semblé facile.
Oui, mais voilà : député, ce n’était pas si drôle. Alors oui, à Carpentras, il y avait du soleil, des fraises, des asperges et tutti quanti. Ce n’était pas le Grand Est. Mais il y avait aussi des électeurs, des vraies gens, ceux qui avaient voté pour elle comme ils auraient essayé un nouveau yaourt. Ces électeurs-là, « c’étaient pas des amis de luxe », comme aurait chanté Brassens. Ils voulaient des résultats, ils parlaient fort, fallait se les cogner. On était loin des fab lab, des campus, des conf calls et des slides à forwarder. Ils voulaient du bilan, les ploucs, alors que Brune, elle, ce qu’elle voulait sans doute, c’était une ligne sur un CV. Ils s’étaient mal compris. Brune a donc rendu son tablier, en avril dernier. Parce qu’elle en avait marre ? Non, bien sûr, mais parce qu’elle a fait « le choix de continuer à porter, sous d’autres formes, un combat concret et sans renoncements en faveur de la transition écologique et solidaire ». En clair ? Embauchée comme directrice du développement durable du groupe Accor. Et les électeurs ? Heu…
Enchaînement tout trouvé, quoique pas très chic avec le client suivant, lui aussi très brillant, lui aussi démissionnaire : . Député de Paris, strauss-kahnien de la première heure, il est apparu comme la caricature des turpitudes de son ancien maître, comme Grimaud avec Athos ou Planchet avec d’Artagnan : le patron du FMI était accusé de violer des soubrettes, son poulain envoie des vidéos pornos à une étudiante. Mis de côté pour un temps (on lui a donné la présidence de la Base industrielle et technologique de , dont l’acronyme ne s’invente pas.), il a finalement choisi, apparemment subjugué par l’énergie du monde de l’entreprise, de monter son propre cabinet de conseil et de quitter, par la même occasion, son mandat électif. Il vient de l’annoncer. Et ses électeurs ? Bah, pareil : ils se débrouilleront. Tout comme Brune Poirson, il ne sera pas remplacé, car on est à moins d’un an des législatives. La loi prévoit donc que le siège reste vacant.
Moralité : votez , et quand votre député en aura marre, c’est un siège vide qui vous représentera. En espérant que cette jurisprudence ne se répande pas…
Arnaud Florac

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