Alors que les Français se focalisaient sur les mesures sanitaires et sur l’extension du pass sanitaire annoncé par le chef de l’État lors de son allocution de lundi soir, peu ont fait attention aux mesures sociales évoquées par M. Macron. Le Président a d’abord évoqué le revenu des jeunes de 18 à 25 ans qui, pour beaucoup, ne bénéficient d’aucune aide. Il y a là un trou dans la raquette de notre protection sociale. Le RSA ne peut pas être perçu avant 25 ans. L’étendre à tous les Français à partir de 18 ans pourrait coûter jusqu’à 24 milliards d’euros par an suivant les modalités proposées, montant insupportable pour nos finances exsangues.
Des réformes pour les jeunes
Le gouvernement se divisait sur les remèdes à apporter à ce problème, le ministre de l’Économie était réticent à augmenter les dépenses, le ministre du Travail Élisabeth Borne militait pour une large extension de la « garantie jeune », une aide créée sous le quinquennat de M. Hollande et qui s’applique à 200.000 jeunes. Son montant est de 497 euros par mois ; pour en bénéficier, il faut n’être ni en formation ni au travail de 16 à 25 ans et il faut également intégrer un dispositif d’insertion. Mme Borne était partisane d’étendre cette « garantie jeune » à plus d’un million de bénéficiaires (sur 5,5 millions jeunes de 18 à 25 ans). On a déjà doublé le nombre de bénéficiaires en début d’année.
Le chef de l’État a tranché, tout en restant dans le flou. Il a parlé, lundi, d’un revenu d’engagement qui induirait des droits et des devoirs. Ce nouveau dispositif serait discuté et mis en place à partir de la rentrée. Il sera sans doute conçu pour donner un coup de pouce à la candidature de M. Macron.
Il ressemblera probablement plus à la garantie jeune qu’au RSA ; ceux qui percevront ce revenu devront en échange se former pour essayer d’entrer sur le marché du travail. Il sera également limité dans le temps, pour ne pas être une aide inconditionnelle comme l’est le RSA. La France cumule en effet un chômage de masse et un grand nombre de postes non pourvus. Le but sera d’inciter les jeunes à prendre ces emplois délaissés.
Un service renforcé pour les personnes âgées et les personnes en situation de handicap
Macron a également, lundi soir, parlé de nos aînés et de ceux qui sont en situation de handicap. Un maintien à domicile renforcé et des maisons de retraite modernisées seront proposés. Tout cela va coûter cher, mais le financement est nébuleux. M. Macron s’est contenté d’indiquer qu’on ne paiera pas ces dépenses nouvelles en augmentant les impôts ou en ayant recours à la dette. Il a parlé d’un surplus de croissance qui permettrait de financer ces améliorations. Mais l’accélération de la croissance est un mythe depuis vingt ans. Même en période d’expansion, la France dépasse difficilement 1 % d’augmentation annuelle du PIB. Il n’y a aucune raison pour que le gouvernement ait trouvé la martingale magique qui permettrait de faire enfin décoller le pays.
Christian de Moliner
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