Sans l’avoir encore annoncé, Éric Zemmour se dirige résolument vers une candidature aux prochaines élections présidentielles. Se confiant, le 4 août, dans les pages de Nice-Matin, il refusait toujours de répondre à la question qui brûle toutes les lèvres. Cependant, les rumeurs se sont déjà transformées en certitudes, confirmées par l’animation qui règne autour du polémiste. Un réseau se crée, multipliant les ramifications, préparant le terrain pour celui qui sera sûrement l’outsider du combat vers la plus haute fonction étatique.
Visiblement, Zemmour a pris sa décision, et seul un élément extérieur pourrait le priver de sa première campagne électorale. C’est ce qu’il avouait lui-même au journaliste de Nice-Matin, comme pour essayer de maintenir le suspense. En effet, si le journaliste phare de CNews a déjà choisi de se lancer dans la bataille, il pourrait se heurter à des obstacles matériels.
Il évoque, notamment, les 500 signatures d’élus locaux nécessaires pour postuler à la plus haute fonction étatique, mais aussi les moyens financiers, considérables, qu’il est nécessaire de lever pour mener la campagne. Si Zemmour possède un solide socle électoral, acquis par la voie de l’intelligence, il n’en demeure pas moins l’ennemi numéro 1 du système politico-médiatique qu’il combat sans détours. Même d’anciens alliés, à l’idée de sa candidature, lui tournent le dos. Il faut dire qu’il pourrait compromettre les ambitions de certains candidats annoncés. Ses adversaires, nombreux, savent que la meilleure manière de le neutraliser reste de lui couper les vivres. Sa carrière médiatique a déjà été mise à rude épreuve. Plusieurs tentatives de déstabilisation ont touché ses employeurs, conduisant parfois à son éviction. De ce fait, ses éventuels soutiens politiques ou financiers savent à quoi s’attendre. Se rallier à Zemmour, c’est accepter le risque de tout perdre en cas de défaite, mais aussi une vague de haine et de violence de la part d’opposants.
Mais sans ces soutiens, il sait pertinemment qu’il devra abandonner la course à l’Élysée, et conserver son statut de transcripteur de la vérité, sans pouvoir remédier aux problèmes qu’il dénonce. C’est une des raisons pour lesquelles il tient à ne pas annoncer trop tôt une candidature qui, avortée, pourrait lui être fatale. L’autre raison tient à l’avantage médiatique de ses fonctions sur le plateau de « Face à l’info » et au Figaro, qui lui permettent de continuer à exposer ses analyses. Ces postes lui seront retirés dès qu’il officialisera sa candidature, et son temps de parole sera alors compté.
Toutefois, la chance semble être du côté de Zemmour depuis quelques mois. Malgré une pression médiatique, politique et populaire énorme, Vincent Bolloré, propriétaire de CNews, a maintenu sa confiance en Zemmour, qui le lui a bien rendu en décuplant les audiences de la chaîne. La grosse ficelle de la diabolisation, vieille d’un demi-siècle, fonctionne de moins en moins bien. Le camp patriote et identitaire se renforce et ne craint plus vraiment les attaques malhonnêtes de leurs ennemis. Éric Zemmour va devoir convaincre élus et pourvoyeurs de fonds de lui accorder leur confiance. Dans cette entreprise, sa franchise et sa détermination seront essentielles.
Sous couvert de vacances, celui qui est encore un journaliste finalise sa préparation de campagne et transforme sa communication pour adopter un ton politique. De plus en plus actif sur les réseaux sociaux, acceptant de se confier aux médias, il prépare les esprits. Ses équipes sont déjà dans la rue, multipliant tractages et collages en faveur du « Z », comme le surnomment ses sympathisants. Toutefois, avant de rassembler les électeurs, il faut trouver des soutiens essentiels. C’est le dernier obstacle.
Récemment, il esquivait encore la grande question que tout le monde se pose, invitant les curieux à patienter jusqu’à la rentrée.
Zemmour Président en 2022 ?