L’Arabie Saoudite et sa religion (le Wahhabisme) est à l’origine de tous les malheurs qui frappent l’Afghanistan depuis ces dernières décennies et qui ont sonné son glas aujourd’hui.
Les Russes tout d’abord, les Américains et les occidentaux ensuite, n’y ont rien compris : l’Arabie Saoudite n’est-elle pas « leur alliée » !
Prenez connaissance de ce reportage, publié il y a quelque temps et qui en apporte les preuves analysées :
« Une nouvelle phase de l’évolution de l’islamisme a été franchie à la fin des années 80. L’Afghanistan devait en devenir le principal théâtre.
Des activistes radicaux – ceux qu’on appellera bientôt les Afghans, volontaires islamistes venus du monde entier (Maghrébins, Egyptiens, Jordaniens, Yéménites, Koweïtiens, Saoudiens, Moros philippins, Ouzbeks d’Asie centrale, Malaisiens, Ouïgours originaires du Xinjiang chinois, ressortissants d’autres pays d’Asie centrale, d’Asie du Sud ou du Sud-Est) ont subi un endoctrinement rigoriste et un entraînement aux techniques de la guérilla notamment dans les camps de Peshawar ou de Kaboul, pour ensuite soit retourner chez eux, soit rejoindre d’autres foyers régionaux de conflits.
Contrairement aux mouvements de l’islamisme politique classique à ancrage national, ces Afghans, sans attache sociale, élaborent une variante transnationale de l’idéologie néofondamentaliste axée sur la violence armée, couplée à un rigorisme religieux.
La monarchie wahhabite a en effet joué un rôle extrêmement néfaste, en parrainant plusieurs organisations radicales, depuis l’époque de la résistance à l’invasion soviétique en Afghanistan (1979 à 1989).
Grâce notamment à la Ligue musulmane mondiale, à l’Istikhbârât (services secrets saoudiens, dirigés alors par le prince Turki Ibn Fayçal) et au Maktab al-Khadamât (Bureau des services, créé, grâce à l’argent de princes saoudiens, en 1984, par Abdullah Azzam, Palestinien de Jordanie et ami de Ben Laden), les princes saoudiens recrutèrent des milliers de mercenaires et financèrent des camps d’entraînement, débouchant ensuite sur le complexe réseau terroriste que l’on connaît.
Par ailleurs, l’influence sur les talibans de l’idéologie officielle wahhabite importée d’Arabie saoudite s’est exercée dès les années 80.
Les réseaux d’écoles talibans se sont développés au Pakistan et les Saoudiens les ont très largement financés, fournissant enseignants et bourses d’étude. On a donc assisté à une sorte de « wahhabisation » du mouvement taliban, qui, à l’origine, ne l’était pas du tout.
Le wahhabisme est une doctrine extrêmement puritaine et rigoriste (pour ne pas dire rétrograde) née en Arabie saoudite vers 1745 grâce à la rencontre entre la famille des Ibn Saoud et le prédicateur Mohammad Ibn Abd al-Wahhab (1703-1792). Ce dernier, partisan d’une application stricte du Coran, s’appuie sur l’école juridique la plus littéraliste, celle fondée par Ibn Hanbal au IXe siècle. Il a, en outre, prétendu – à tort – réactualiser les thèses du néohanbalite du XIIIe siècle Ibn Taïmiyya, qui mourut dans un cachot de Bagdad, condamné par les califes pour son fondamentalisme.
Cette idéologie se fonde en particulier sur le concept de « l’ Unicité divine » (tawhîd on les appelle d’ailleurs les Muwahhidîn : « Unitaires »), objet exclusif de l’activité humaine à l’exclusion de tout autre pôle d’intérêt, pour rejeter toutes les formes de religiosité populaire ainsi que le mysticisme (soufisme) et le chiisme, les considérant comme hérétiques, expressions du polythéisme (shirk).
Cette idéologie condamne la pensée, l’humour, la musique, la danse, le théâtre, le cinéma, la télévision, les œuvres d’art, l’émancipation de la femme, etc. Elle condamne également toute « innovation intellectuelle » (bid‘a) par rapport à l’enseignement originel de l’islam et promeut une lecture littérale du Coran.
Les wahhabites refusent tout intermédiaire entre l’homme et son créateur (clergé, statues, images, vénération des saints, visites des tombes). A leurs yeux, la parole de Dieu telle qu’elle fut consignée dans le Coran doit être appliquée à la lettre quelles que soient les traditions locales. Ils sont partisans de l’application sans compromis des peines corporelles (hudûd) prévues par le Coran pour l’adultère (lapidation), le vol (amputation de la main) ou la consommation d’alcool (fouet).
L’Arabie saoudite, qui a fait du wahhabisme sa doctrine officielle, depuis la fondation du royaume en 1932, l’a propagée partout dans le monde musulman grâce à sa rente pétrolière et à sa puissance financière, en particulier, en Asie centrale où les talibans au pouvoir en Afghanistan notamment s’en inspirèrent. Diffusé avec les moyens des pétrodollars, le wahhabisme a instauré, de facto, une rupture amnésique par rapport à la grande tradition culturelle de l’islam.
Cette idéologie sectaire fut donc à l’origine de la simplification abusive de la religion, puis de la dégénérescence du régime du mollah Omar. Les talibans appartenaient, au départ, à l’école de Déoband dans le sous-continent indien qui n’a jamais mené d’offensive violente contre les images, les pratiques festives, ni contre les cultures locales.
L’interprétation du wahhabisme par les talibans en Afghanistan est cependant devenue progressivement plus stricte et plus rétrograde que celle qui était en vigueur dans le royaume saoudien : effacement complet des femmes de l’espace public, application sauvage des peines judiciaires et des exécutions publiques, refus viscéral de toute reproduction de l’image, interdiction de toute manifestation culturelle : musique, fêtes, télévision, cinéma, théâtre…
L’objectif ultime d’al-Qaïda consistait à combattre cette présence étrangère, le réseau a apporté aussi son soutien logistique et financier à des groupes poursuivant d’autres buts. Il s’est associé à l’organisation égyptienne al-Jihad en 1998 pour entamer, avec d’autres groupes, « la lutte contre les juifs et les croisés », et frapper les intérêts des Etats-Unis partout dans le monde. Un autre groupe que l’organisation a soutenu est le Hezbollah, fer de lance de la résistance contre Israël lors de l’occupation du Liban Sud qui s’est achevée en mai 2000.
Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) d’Hassan Hattab avait été créé en 1998 avec l’aval de Ben Laden qui l’aurait financé et l’aurait aidé à installer des réseaux à l’étranger.
Considéré comme le principal rival des GIA d’Antar Zouabri, il était hostile à la concorde civile lancée par le président algérien Abdelaziz Bouteflika.
Le GSPC a maintes fois affirmé sa détermination « à poursuivre son combat pour l’instauration d’un Etat islamique en Algérie », et menacé de s’en prendre aux intérêts américains et européens en Algérie ou à l’étranger. Ces intérêts résident essentiellement dans les secteurs pétrolier et gazier, principales ressources d’exportation de l’Algérie. C’est pourquoi ces zones pétrolières sont classées depuis 1994 par les autorités algériennes « zones d’exclusion » surveillées par l’armée. »
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