Alors que la tension ne cesse de monter à Kaboul, notamment après l’attaque à la roquette de l’aéroport, revendiquée par l’Etat islamique, et plusieurs assassinats « ciblés » dénoncés par les médias internationaux (notamment celui du chanteur folklorique Fawad Andarabi), Emmanuel Macron a une nouvelle fois pris la parole pour tenter de rassurer les Français quant aux conséquences du chaos afghan pour notre pays.
« Les arrivées de migrants afghans attendues en Europe après la prise de pouvoir des talibans ne seront pas aussi nombreuses que les arrivées massives de 2015 liées à la guerre en Syrie », a ainsi déclaré le président de la République sur TF1 et LCI. Sur quels éléments se base-t-il pour asséner une telle prédiction ? Sur le fait que « l’Afghanistan n’est pas la Syrie » (sic) et « qu’il y a déjà eu de très forts mouvements de migrants afghans au fil des ans ». Une explication bien légère, et très discutable, qui ressemble davantage à un bel exemple de « méthode Coué » qu’à un véritable argumentaire.
Le chef de l’Etat a toutefois admis « qu’il y aura plus de monde qui essaiera de venir en Europe et donc cela créera une pression sur nos capacités à accueillir », ce qui ne l’a pas empêché de rappeler qu’il restait « plusieurs milliers d’hommes et de femmes à protéger et à mettre à l’abri ».
Interrogé sur un possible risque terroriste lié à l’arrivée de nouveaux migrants afghans pouvant être infiltrés par des talibans, Emmanuel Macron a affirmé qu’il fallait « rester dans la vigilance » tout en s’empressant d’insister – échaudé par les récentes critiques de la gauche quant à sa « droitisation » – sur l’importance de ne pas « confondre » risque terroriste et migrations. Rien à voir, bien évidemment.
Le président a également annoncé que la France et le Royaume-Uni allaient plaider à l’ONU pour la création à Kaboul d’une « safe zone », une zone protégée qui permettra la poursuite des opérations humanitaires et des évacuations. Une proposition immédiatement rejetée par les talibans qui y voient une atteinte à la souveraineté de leur pays et qui affirment que les Afghans pourront voyager librement à l’étranger une fois la situation stabilisée.
Pour notre part, nous préférerions que ce soit de la France que le président fasse une « safe zone », un espace dans lequel on peut vivre en paix et en sécurité, sans subir agressions et insultes au quotidien, sans craindre pour sa vie dans les transports en commun, sans devoir lire chaque jour la litanie des noms des victimes des « déséquilibrés » et autres voyous multirécidivistes… Lorsque l’on n’est pas capable d’assurer l’ordre porte de la Chapelle, on ne prétend pas jouer les gendarmes du monde. Sous peine de ridicule. Mais il est vrai que, dans ce domaine, Emmanuel Macron n’est plus à une guignolade près.
Xavier Eman
Article paru dans Présent daté du 31 août 2021