Avec l’ouverture prochaine du rail à la concurrence, l’épineuse question des privilèges acquis pour les salariés, leurs familles et les retraités des entreprises publiques ferroviaires va se poser de façon cruciale. Les cheminots transférés chez de nouveaux opérateurs du rail auront-ils toujours droit aux avantages de taille ? Ces avantages furent offerts à aux salariés par les sociétés du rail du XIXème siècle, qui étaient alors toutes privées.
C’est en effet pour fidéliser leurs salariés et éviter qu’ils ne filent à la concurrence, que les patrons d’alors ont imaginé toute une série de privilèges, à commencer par le statut des retraites. Le syndicalisme a permis à tous ces avantages de perdurer, malgré le changement de statut des entreprises du rail, regroupées après la guerre en une seule société publique : la SNCF.
La loi de 2018 sur le nouveau pacte ferroviaire n’a pas tranché cette question.
Les premières rencontres entre l’UTP (l’Union des Transports Publics et ferroviaires) et les syndicats débuteront la semaine prochaine. Quant au Ministre Jean Baptiste Djebbari, il estime sans surprise qu’il convient de “discuter du périmètre de ces facilités de circulation” en cas de transfert à des entreprises concurrentes.
Cette discussion n’a rien d’un sujet mineur quand on sait, par un récent rapport de l’IGF et de l’IGAS, que plus d’un million de personnes ((salariés, leurs familles, retraités) bénéficient de telles “facilités de circulation”, le tout représentant pour l’entreprise une perte de chiffre d’affaire annuel de 105 millions d’euros. Chaque année, en effet, un agent ou assimilé consomme pour 404 euros de billets gratuits en moyenne.
Plusieurs pistes de réflexion vont être débattues, aménageant avec plus ou moins de rigueur les avantages des familles de cheminots notamment.
Sans surprise, c’est le “statu quo” qui a les préférences des syndicats, lesquels mettent en avant le fait que ce fut la voie choisie par le Royaume Uni, pays pourtant très libéral, lors de sa privatisation du rail en 1990.
L’Union des Transports Publics ferroviaires ne l’entend sans doute pas de cette oreille, car il faudra bien, comme le clame Jean Pierre Ferrandou, président de la SNCF,que, dans dix ans la SNCF soit “rentable partout”.
C.Haudelisle
https://www.tvlibertes.com/actus/sncf-vers-la-fin-des-privileges