Dans les grandes réformes de ce gouvernement arrive en tête la PMA pour toutes. Toutes les femmes. Seules ou pas. Et comme le mot « femme » risque d’être bientôt frappé d’interdit pour cause de discrimination de genre, j’apprends que le parti EELV revendique « la PMA pour toutes les personnes en capacité de porter un enfant ». Le patron des Verts craint sans doute de sombrer dans l’abomination binaire du patriarcat blanc cisgenre…
Pourtant, être une femme seule avec enfant(s) n’est pas un sort enviable, nous dit La Croix, qui rapporte une étude de l’INSEE, publiée ce lundi. « La part des familles monoparentales s’accroît et confirme le décrochage économique des mères qui élèvent seules leurs enfants », nous dit-on, et ce sujet devrait être au cœur de la Conférence de la famille qui se tiendra les 5 et 6 octobre.
Les statistiques sont limpides : 25 % des familles sont monoparentales ; « 41 % des enfants mineurs vivant en famille monoparentale […] sont pauvres, contre 21 % de l’ensemble des enfants », mais « 22 % des enfants qui vivent seulement avec leur père sont pauvres contre 46 % de ceux qui vivent avec leur mère ».
Encore la faute au patriarcat (je résume), dit la sociologue Cécile Bessière, coauteur du livre Le Genre du capital (2020, La Découverte). Elle l’affirme : les femmes sont victimes d’une « arnaque historique ». Le temps de travail à la maison ne leur est pas crédité en cas de séparation et les hommes sont plus souvent propriétaires de leur logement que les femmes. Ajoutons à cela qu’elles sont aussi plus souvent en emploi précaire ou victimes du chômage. Enfin, on se marie infiniment moins aujourd’hui qu’autrefois, et « le recul du mariage a privé les femmes de certaines garanties, dont le versement d’une prestation compensatoire en cas de divorce ». Il n’y aurait pas de « redistribution équitable du capital au sein du couple », dit Mme Bessière. Et comme, en cas de séparation, 82 % des enfants vivent avec leur mère contre 18 % avec leur père, c’est la misère assurée…
Curieusement, cette situation a un pendant – à moins que ce ne soit une cause – qui semble n’intéresser personne. C’est ce que souligne l’historien Pierre Vermeren dans la tribune que publie, mercredi, Le Figaro : « Les jeunes hommes sont-ils en trop dans la société française ? »
« C’est un fait social majeur et pourtant occulté : plusieurs millions de jeunes hommes français en grande difficulté se sont mis en marge de notre société. Or, ils ne suscitent nulle empathie et ne bénéficient d’aucune sollicitude », écrit-il. Ainsi, « des millions de jeunes hommes nés en France dans les années 1990 et 2000 sont à la dérive dans notre société, et cela ne se limite nullement aux classes populaires ». Les maux à lister ? Ils sont évidents : déprise éducative, déliquescence de leurs domaines professionnels traditionnels (artisanat, industrie, agriculture et chose militaire) ; à quoi il faut ajouter plus généralement « l’abandon des activités productives, transférées à l’étranger, au profit des services qui sont plus propices aux femmes ».
Enfin, et c’est là où l’on rejoint la question évoquée plus haut, « la désintégration de la famille comme structure de protection, de transmission culturelle, mais aussi de responsabilisation et d’amour ». Et « la liste n’est pas close », dit le Pr Vermeren. Il pourrait, en effet, ajouter le dénigrement absolu de la virilité et la mise en accusation permanente des mâles blancs qui en est le corollaire.
Les yeux rivés sur le sort des femmes, « nos dirigeants sont passés à côté d’un phénomène de masse qui compromet gravement l’avenir du pays : la perte de confiance, d’estime, de motivation, pour tout dire de pulsion vitale, de millions de jeunes hommes ».