Une annonce à rajouter aux promesses de la campagne présidentielle de 2022 d’Emmanuel Macron. Le Premier ministre, Jean Castex, a confirmé, mardi 21 septembre, la prise en charge par l’État du surcoût du revenu de solidarité active (RSA), dont le conseil départemental a la responsabilité. Plus exactement, le département et l’État cofinanceront le dispositif jusqu’à un montant plafond de 520 millions d’euros, mais l’État prendra à sa charge toute hausse de ce budget due à l’augmentation – continue depuis plus de quinze ans – du nombre de bénéficiaires. « Dès 2022, c’est ainsi entre 50 et 70 millions d’euros que le département n’aura plus à financer au titre du RSA », souligne le communiqué du conseil départemental.
En d’autres termes, le RSA devient un budget trop lourd pour le département le plus pauvre de France. Il faut dire qu’il est passé de 220 à 551 millions d’euros entre 2004 (date à laquelle le financement RSA a été transféré de l’État aux départements) et 2020. Une annonce qui vient, hasard ou pas du calendrier, appuyer les données de l’INSEE exhumées par le magazine Causeur sur le taux d’étrangers par départements. Les données cartographiées par France Stratégie nous apprennent que les enfants immigrés ou nés de parents immigrés extra-européens sont majoritaires parmi les 0-18 dans plus de la moitié des communes de Seine-Saint-Denis, en 2017.
Ce basculement est particulièrement marqué dans certaines communes. La Courneuve : 75 % des 0-18 ans sont nés de parents immigrés extra-européens (moins d’un quart des mineurs résidant sur la commune est donc d’origine française ou européenne). Villetaneuse : 73 %. Clichy-sous-Bois : 72 %. Aubervilliers : 70 %. Pierrefitte-sur-Seine : 69 %. Des populations d’immigrés de première génération. Des « derniers de cordée » premiers sur les subventions. D’autant que la Seine-Saint-Denis n’est pas le seul département à souffrir.
Si on continue à fouiller les données, on peut s’intéresser aux départements ayant le plus fort taux de prime d’activité. Les foyers en bénéficiant ne touchent pas le RSA mais un complément de salaire lorsque celui-ci est très bas. Sont concernés les petits métiers peu valorisés comme auxiliaires en puériculture, techniciens de surfaces et autres. Là, la Seine Saint-Denis présente un fort taux mais perd sa première place. Il faut, cette fois, regarder du côté des département ruraux comme le Cantal, la Lozère, l’Hérault, les Pyrénées-Orientales ou l’Aude. En d’autres termes, dans ces départements, on a une forte population pauvre mais elle, en revanche, a un emploi.
Le problème est insoluble. Le RSA est à la fois trop généreux, car son universalité fait qu’il s’adresse aussi à des personnes qui, quel que soit l’angle du problème, n’ont rien à faire en France dans tous les sens du terme, et trop peu car il ne sort personne de la misère et empêche tout juste ses bénéficiaires de mourir de faim sous les ponts. On maintient artificiellement une population en vie mais pour ne rien en faire, tandis que dans l’Aude, le Cantal et la Lozère, on maintient tout juste des foyers entiers hors de l’eau tout en enlevant services publics et activités. Des foyers qui pourtant travaillent. Des foyers qui se retrouvent à porter des gilets jaunes. Le candidat Macron a tranché : ce n’est pas à ceux de l’Aude et de la Lozère qu’il souhaite parler mais plutôt aux habitants de cette « Californie sans la mer » pour reprendre ses propres termes.
Marc Eynaud