Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Éric Zemmour. Premier chapitre : de l’action !

eric-zemmour-premier-chapitre-de-laction-800x450.jpg.webp

Par Antoine Solmer, médecin spécialiste (retraité), écrivain, essayiste ♦ Le livre d’Éric Zemmour s’annonce comme le succès de littérature politique de cette rentrée. Sur son blog, Antoine Solmer revient sur le premier chapitre de cet ouvrage-événement. Un premier chapitre tout entier consacré à la thématique de l’action. Alors que la candidature d’Éric Zemmour se fait de plus en plus probable, voilà une belle manière d’entamer son ouvrage.
Polémia

Pensant qu’il est fondamental de scruter la pensée écrite d’Éric Zemmour, j’ai téléchargé son livre. Téléchargé, car cette forme est plus accessible à un travail de recherche qu’un document sur papier. Deuxième avantage, elle permet, si nécessaire de corriger une erreur.

Accentuons !

Par exemple cet abominable péché contre la langue française que « le controversé polémiste d’extrême-droite » avait laissé filer en pêchant à la volée cet accent circonflexe, ce fameux « chapeau pointu » de nos vertes années aux doigts enduits d’encre violette.
Et oui, il arrive que les meilleurs pèchent par inadvertance, ce qui permet aux pêcheurs de gauche de crier à l’eau trouble, eux qui n’ont toujours pas su trouver les péchés véniels de l’oncle Staline dont en repêchait les victimes dans les eaux glacés de la Fontanka à Saint-Pétersbourg, non loin d’un bâtiment de sinistre mémoire.
Enfin, je ne perdrai pas mon temps à retrouver les coquilles pêchées au fil de mes lectures de grandes maisons d’édition, y compris Gallimard.
Alors, pensons plus haut et plus loin que ces circonflexeries.

L’action regrettée

Ce premier chapitre commence par une doctrine de l’action regrettée, et peut-être regrettable. Zemmour l’affirme : s’il a péché, c’est par emportement de la pensée et d’un brin de surf sur la vague du succès de son Suicide français. Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre !
Mais pourquoi l’action regrettée ? C’est que la pensée, aussi valable soit-elle, qui se confine dans les livres, ne vaut que si l’action conséquente l’accompagne. En quelque sorte, la gestation des idées, si descriptives et critiques du monde soient-elles, ne mène qu’à l’avortement si la vie de l’action n’en sort pas. L’action par soi-même ou par les autres.
L’honnête homme qu’est Zemmour a donc franchi un pas qui dépasse sa décision personnelle, quelle qu’elle soit.

Mais il ne faut pas confondre la pensée mûrement élaborée, réfléchie, argumentée, aussi analytique que synthétique de Zemmour, et les emballements, les babillages, les jeux de fléchettes des matamores professionnels, des bateleurs d’estrades et autres vociférants de gauche et de droite dont on voit déjà flageoler les graisses physiques ou mentales.
Je ne sais si Éric Zemmour a lu Alain, ses Propos sur le bonheur, et spécifiquement le 43e sur les « Hommes d’action ». Son premier paragraphe se termine ainsi : « Or, quand ces deux vannes, perception et action, sont ouvertes, un fleuve de vie porte le cœur de l’homme comme une plume légère. »
Je ne crois pas que l’action qu’envisage Éric Zemmour ne soit qu’une « plume légère », mais il est sûr qu’elle lui enlèverait un poids sur la conscience. S’il se décide à porter le fer dans la plaie française, alors, que les vannes de la perception et de l’action le mènent sur ce fleuve de vie, dont la France quasi-agonisante, a tant besoin !

Je ne peux m’empêcher de citer le début de ce chapitre :
« Un préfet de police est, pour mon goût, l’homme le plus heureux. Pourquoi ? Parce qu’il agit toujours, et toujours dans des conditions nouvelles et imprévisibles ; tantôt contre le feu, tantôt contre l’eau ; tantôt contre l’éboulement, tantôt contre l’écrasement ; aussi contre la boue, la poussière, les maladies, la pauvreté ; enfin souvent aussi contre la colère, et quelquefois contre l’enthousiasme. Ainsi, à chaque minute de sa vie, cet homme heureux se trouve en présence d’un problème bien déterminé, qui exige une action bien déterminée. Donc, point de règles générales ; point de paperasses ; point de récriminations ni de consolations en forme de rapport administratif ; il laisse cela à quelques bureaucrates. Lui, il est perception et action. »

Mutatis mutandis, souhaitons-nous un « plus que préfet de police » en la personne d’Éric Zemmour. Amenons de l’eau à son moulin. Il en aura besoin, pour les écuries d’Augias.

Les actions regrettables

Le paradoxe « zémmourien », son grand, son énorme regret, probablement sa terrible culpabilité et son angoisse, est de voir que sa description apocalyptique (au sens de révélation), loin d’armer les politiques qui avaient le devoir d’en combattre les composantes, n’a fait qu’exacerber les forces de l’éternel adversaire de l’ordre : la gauche en tous ses états.
« Je me disais vaniteusement que j’avais tiré le pays de son déni. Ce bon vieux Gramsci n’était pas mon cousin. Ivre de moi-même, j’étais convaincu d’avoir gagné à moi tout seul la bataille des idées.
J’avais seulement oublié que je n’avais pas gagné la guerre.
J’avais oublié que le propre de l’idéologie est de se radicaliser au rythme où le réel la désavoue.
J’avais oublié les leçons de Taine qui décrit avec une élégante méticulosité dans son fameux Les Origines de la France contemporaine la lente mais inexorable montée aux extrêmes des jacobins, portée par un mélange détonant d’avidité et de culte très français du verbe et de l’abstraction. »

Regrettables sont ces actions malheureusement bien françaises, et quelle pire mortification que de penser qu’on a pu, en les disséquant, offrir à ces hydres néfastes de nouvelles armes pour un nouveau champ de bataille.

Éric Zemmour n’a rien d’un crocodile du marigot politique. Il le sait, il l’a trop étudié pour ne pas en avoir senti les remugles. Mais, trop, c’est trop.
Il lui faut prendre les armes, et frapper, d’estoc et de taille (pour l’image) et savoir entendre la vieille leçon que hurlait Philippe le Hardi à son père Jean le Bon, lors de la bataille de Poitiers (qui nous opposait déjà aux Anglais) : « Père, gardez-vous à droite ! Père, gardez-vous à gauche ! »

Fasse le ciel que cet exemple ne serve d’avertissement que pour des scènes marquées de victoires.

Antoine Solmer 23/09/2021

Crédit image : Twitter officiel d’Éric Zemmour

https://www.polemia.com/eric-zemmour-premier-chapitre-de-laction/

Les commentaires sont fermés.