Et, ce, malgré la prudence de Sioux des deux procureurs, Yves Badorc et Aude Duret
qui ont souhaité proposer « Un solde de tout compte, pour faire que l’affaire Benalla s’efface devant le jugement d’un homme âgé de 26 ans au moment des faits », au terme de leur réquisitoire de presque quatre heures, mené à deux voix. N’en doutez pas, cette affaire restera dans les annales un authentique scandale d’Etat qui a « mouillé jusqu’au coup » plusieurs acteurs essentiels de la présidence de la République… jusqu’au chef de l’Etat lui-même (https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2018/08/02/il-ny-a-plus-d-affaire-benalla-il-ny-a-quune-affaire-macron/ et aussi https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2019/07/11/affaire-benalla-une-justice-aux-ordres-se-met-en-place/).
Malgré l’ampleur d’un dossier de « presque 10 000 pages », qui a demandé douze journées d’audience à la 10e chambre du tribunal correctionnel de Paris, les demandes du ministère public n’ont pas dépassé le simple sursis, estimant que l’affaire Benalla a déjà été « jugée par le tribunal de l’opinion », et ses prévenus « marqués au fer rouge des réseaux sociaux ». Ben voyons ! Une justice aux ordres, vous dis-je, pour un scandale d’Etat.
Sans surprise, la peine la plus lourde a été réclamée à l’encontre de l’ancien chargé de mission à l’Elysée : dix-huit mois de prison avec sursis ont été requis à l’encontre de M. Benalla, ainsi qu’une interdiction d’exercer la fonction publique durant cinq ans et de détenir une arme durant dix ans et, enfin, d’une amende de… 500 euros !
Le parquet demande sa condamnation pour les violentes interpellations du 1er mai 2018, au Jardin des plantes et sur la place de la Contrescarpe. Seul le port d’un brassard « Police » a échappé à la demande de condamnation par le parquet.
Le procureur a requis la condamnation au même titre de Vincent Crase, alors gendarme réserviste à l’Elysée et chargé de la sécurité au sein du parti présidentiel La République en marche (LRM), demandant un an de prison avec sursis et l’interdiction durant quinze ans de détenir une arme à feu.
Dans leur réquisitoire, les deux procureurs ont vu en M. Benalla une « figure janusienne », partagée entre « le chargé de mission reconnu » et « Alex, le jeune homme qui n’a pas les codes de l’administration » et veut parfois « en imposer un peu trop », jusqu’à « donner l’impression de se perdre », comme dans l’affaire du faux document utilisé pour obtenir des passeports diplomatiques, pour lequel le parquet demande une condamnation, de même que pour le selfie montrant, en 2017, M. Benalla avec une arme à feu pour laquelle il ne possédait pas de permis. Un comportement tout à fait caractéristique des néo-Français issus de la culture arabo-musulmane du Maghreb et dont les exemples sont légion.
Sur le cœur du dossier, les violences commises sur plusieurs personnes en marge des manifestations du 1er mai 2018, M. Badorc a consacré une bonne partie de son réquisitoire à balayer l’argument évoqué par MM. Benalla et Crase, qui invoquent l’article 73 du code de procédure pénale, selon lequel tout citoyen témoin d’un crime ou délit peut en arrêter l’auteur. « Les policiers sont dépositaires de l’autorité publique, c’est pour cela qu’ils peuvent utiliser ces pouvoirs » de privation ou de restriction de liberté, a-t-il rappelé, estimant que les interpellations menées par les deux hommes au Jardin des plantes et place de la Contrescarpe s’étaient déroulées alors que de nombreux policiers étaient présents.
Dès lors, MM. Crase et Benalla ont « agi comme des policiers et parfois à la place des policiers ». « Il faut toujours laisser faire les professionnels », a conclu le procureur, qui reconnaît par ailleurs des « violences » à l’encontre des interpellés, mais note que celles-ci n’ont pas entraîné de préjudice reconnu. alors, pour les procureurs, OUBLIONS-LES !
Restait le cas des deux policiers prévenus pour avoir remis à M. Benalla des images issues des caméras de vidéosurveillance en violation du secret professionnel.
S’il relève la « conduite illégale de deux fonctionnaires qui ont voulu sauver la mise d’un employé de l’Elysée », le parquet a pris en compte leur « fatigue » (sic), et la panique résultant de la tempête médiatique déclenchée par l’affaire ; mais aussi la volonté de « faire marche arrière » en tentant – sans succès – de récupérer le fameux CD auprès d’Alexandre Benalla. La procureure Aude Duret a requis deux mois avec sursis à l’encontre du commissaire Maxence Creusat, qui a fait montre d’un « repentir actif » et « assumé son manquement » ; et quatre mois avec sursis contre son supérieur de l’époque, Laurent Simonin, qui n’a « pas complètement admis sa responsabilité » dans la remise des images à M. Benalla.
Tout ça pour ça ? Maroine (dit Alexandre) Benalla, poursuivi pour pas moins d’une dizaine de délits (violences, faux, port d’arme prohibé, usurpation de signe réservé à l’autorité publique…), dont le cumul aurait pu lui valoir plusieurs années de prison, ne s’est vu requérir qu’une condamnation à dix-huit mois de prison avec sursis, pas plus.
Verdict le 5 novembre.
Bref, et Jean de La Fontaine ne s’y serait pas trompé, SELON QUE VOUS SEREZ PUISSANT OU MISERABLES…