Éric Zemmour l’a cherché, Éric Zemmour l’a trouvé. Enfin, un contradicteur du même acabit, un contradicteur de poids, tonnage garanti. Comme le dit l’adage, qui joue avec le feu finit par se brûler. Qui s’y frotte trouve Aurore Bergé. Ça secoue, du 8,5 sur l’échelle de Richter.
« Je ne débattrai pas avec, je débattrai contre Éric Zemmour, c’est pas tout à fait la même chose, parce que je pense qu’il ne faut pas lui laisser un centimètre carré d’espace, parce que je pense qu’à un moment il faut combattre ce qu’il est, ce qu’il représente, et ce qu’il dit », lançait la députée LREM sur les ondes de Sud Radio. « On a quelqu’un qui finalement a la trouille de dire qu’il est candidat, et Éric Zemmour est quelqu’un qui a peur ; il a peur des femmes, en permanence, il a peur des homosexuels, il a peur des immigrés. » Zemmour le froussard a trouvé quelqu’un qui veut en découdre.
« Quand on a quelqu’un qui compare les femmes à un butin, qui confond séduction et viol, il dit aux pères de famille qui nous écoutent que leurs filles sont potentiellement des putains pour les hommes politiques », affirme cette infidèle en politique passée par Alain Juppé, puis par Nicolas Sarkozy, puis brièvement par François Fillon avant de suivre Emmanuel Macron. Une girouette ? Non, Sire, c’est carrément une éolienne. Une énorme éolienne qui va toujours dans le sens du vent, une gigantesque machine à brasser du vent. Imaginez cette quantité de vent que de si énormes pales peuvent brasser, en autant d’antiennes logorrhéiques et renouvelables.
Elle ne lâche rien : « S’il veut faire de la politique, qu’il le dise, qu’il l’annonce, qu’il dise clairement qu’il est candidat. Quand on veut faire de la politique, on a le courage de s’engager, on ne se cache pas derrière la promotion d’un livre pour remplir un compte en banque. » Puis dénonce l’« ambiguïté volontaire » de celui qui se prévaut d’être le candidat anti-système après y avoir baigné pendant vingt ans. « C’est cette espèce d’hypocrisie permanente d’un homme qui a profondément peur de tout […], des immigrés, qui a peur en fait de ce qu’est notre pays. Moi, je n’ai pas peur de notre pays. Moi, j’ai pas peur d’Éric Zemmour, ce qui me fait peur, c’est les idées qui sont les siennes, et même pire que ces idées, c’est qu’on en vient même à débattre des faits, le révisionnisme historique, c’est pas un fait, quand Jean-Marie Le Pen parle du détail de l’Histoire ? »
Bergé dénonce enfin la « perception » de Zemmour sur l’immigration et l’insécurité « qui n’est pas un fait », son double discours pour combattre l’islamisme « la main sur le cœur », refuser d’accueillir des Afghanes et « défendre dans son bouquin Tarik Ramadan ».
Alea jacta est. On y arrive enfin. La voix de ses maîtres, parmi tant d’autres glapissements, ira chercher le détail qui fera tomber Zemmour. Triturer les poubelles pour lui exhumer son détail, sa Nafissatou, ses costumes de Fillon, son DSK, sa chambre d’hôtel, son Carpentras ; tout y passera, tous y passeront, des deux extrêmes en passant par le centre. Cette campagne sera violente, d’une violence inouïe à la hauteur des enjeux d’une dernière partition avant la partition. Ce sera Zemmour l’homme à abattre contre les apparatchiks, les médiocres et les parvenus.
Le souhait d’Aurore Bergé de débattre avec Éric Zemmour me fait penser à Charlot dans cette scène de boxe du film Les Lumières de la ville, à la seule différence que Charlot est heureusement muet et qu’Aurore n’est pas près de gagner son match.