Quand il aura quitté le gouvernement, notre actuel Premier ministre pourra se reconvertir sans peine : la scène l’attend et la gloire avec. Sa voie est toute tracée. Quand ses prédécesseurs se reconvertissent dans le conseil et la finance, lui sera stand-uppeur, cette version moderne du comique troupier.
C’est vrai que Jean Castex est impayable dans le rôle du gugusse. Qu’il cherche les lunettes qu’il a sur le nez, commente les chiffres fumeux de la pandémie ou l’actualité, cet homme est l’un de nos grands talents comiques. Il nous l’a prouvé encore, ce 1er octobre, à Rennes, où il venait annoncer la bonne nouvelle gouvernementale en compagnie de messieurs Darmanin, ministre de l’Intérieur, Blanquer, ministre de l’Éducation, et Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale.
L’affaire était d’importance, on l’a compris. Il se trouve, en effet, que Rennes – comme Nantes et tant d’autres, d’ailleurs – est devenue une ville gangrenée par la violence et le trafic de drogue. « Dans l’agglomération, la circulation de stupéfiants ne cesse de se développer. Les forces de l’ordre et la justice ont repéré une quinzaine de points de deal réguliers. Entre 2019 et 2020, les saisies de drogue opérées par les policiers ont grimpé de 107 % », souligne France3.
Face à cela, le Premier ministre venait proposer son nouveau « contrat de sécurité intégrée ». Mesure phare : « De nouvelles amendes forfaitaires délictuelles », notamment une « amende pour occupation illicite d’un espace commun ». Comme l’a expliqué, sur France 3, le procureur de la République de Rennes, « cela ne vise pas spécifiquement les dealers mais cela peut s’appliquer pour eux. D’un montant de 200 euros, l’amende pourrait aider à sécuriser le bas de certaines tours d’immeubles, car la présence de guetteurs et de trafiquants trouble profondément l’ordre public local. »
Acceptons-en l’augure, certes, mais ça n’est pas gagné… Ainsi, à la veille de cette visite gouvernementale, la police locale a eu à intervenir dans le quartier de Bréquigny, où les habitants ont vu des menaces placardées sur la porte de leur hall : « Pour toute coopération avec la police, des représaille seront faite. On sait tout. La coopération c’est donner des info, ouvrir sa porte au policier, on sait c’est quel fenêtre grace au photo. Pour toute coopération, c’est REPRESAILLES !!! » En bon français dans le texte.
Mais Jean Castex est là et, comme Zorro, il va remettre de l’ordre. Il l’a dit au micro, l’efficacité des forces de l’ordre est sans faille et les criminels n’ont qu’à bien se tenir : « Nous dérangeons les trafiquants, nous le savons ! » a affirmé le Premier ministre. La preuve : « Les forces de police et de gendarmerie, et je veux leur rendre hommage, ont effectué, depuis le 1er janvier 2021, huit opérations visant à démanteler les points de deal du département d’Ille-et-Vilaine, dont six à Rennes. » D’une efficacité rare, ces opérations ont « généré de nombreuses gardes à vue et la saisie de plusieurs centaines de grammes de résine et 2.400 euros d’avoirs criminels ».
Pour mémoire, on rappellera au Premier ministre les scènes de guérilla urbaine qui entourent les mariages « communautaires » comme à Méry-sur-Oise, la semaine passée, ou Lyon, ce week-end. Rien que de grosses cylindrées aux moteurs vrombissants, circulation totalement bloquée, caillassages des forces de police…
Des Lamborghini, des Porsche, des Mercedes… louées plusieurs milliers d’euros la journée. Alors, vos 2.400 euros de saisie, Monsieur le Premier Ministre, c’est simplement le salaire d’une journée de deal en basse saison.