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Il nous faudra faire montre d’un peu d’indulgence à l’égard de la présidente du tribunal correctionnel de Paris, Isabelle Prévost-Desprez.

Car, même si elle ne brille pas toujours par la vigueur de ses avis et la force de ses décisions face à la racaille islamique, elle a rendu vendredi 5 novembre un jugement d’une fermeté inattendue contre l’ami voyou d’Emmanuel Macron, le Franco-Marocain Maroine (dit Alexandre) Benalla.

« Vous aviez été investi d’un certain pouvoir, réel ou supposé, et vous avez trahi la confiance qui vous avait été faite. » La présidente de la 10chambre correctionnelle de Paris, Isabelle Prévost-Desprez, a assorti d’un ton sévère l’annonce du jugement de son tribunal.

Le principal prévenu, Alexandre Benalla, est reconnu coupable des neufs chefs de prévention retenus à son endroit, principalement l’immixtion sans droit dans la fonction de policier, les violences volontaires commises à l’égard de plusieurs manifestants et du couple de la place de la Contrescarpe, le 1er mai 2018, dans la capitale, mais aussi le recel d’images issues des caméras de la Préfecture de police de Paris ainsi que le faux et l’usage de faux concernant les passeports diplomatiques obtenus par l’ancien chargé de mission à l’Elysée. Son avocate, Jacqueline Laffont, a évidemment annoncé après l’audience que son client comptait faire appel de sa condamnation.

Estimant que M. Benalla avait fait montre d’un « sentiment d’impunité et de toute-puissance » (MAIS QUI A FAIT NAÎTRE EN LUI CE SENTIMENT SINON LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE LUI-MÊME ?), le tribunal est allé bien au-delà des réquisitions du ministère public. Celui-ci avait demandé une peine de dix-huit mois de détention avec sursis. Affirmant que « seule une peine mixte est susceptible de marquer la gravité des faits »le tribunal condamne Alexandre Benalla à trois ans de détention dont un an ferme, qu’il pourra hélas effectuer au domicile de sa mère, sous bracelet électronique au lieu de connaître la froideur des geôles de la République comme un vulgaire « identitaire« . La présidente a noté à ce propos que M. Benalla avait fourni des« pièces fausses » au tribunal concernant son domicile et ses revenus. Il est également condamné à 500 euros d’amende (auxquels nous aurions volontiers ajouté un zéro de plus !), à une interdiction de fonction publique durant cinq ans et de port d’arme durant dix ans.

Mais le courage du tribunal s’est arrêté là en ne soulevant même pas la question de la déchéance de la nationalité française qui nous apparaissait pourtant incontournable. Nous devrons remédier ultérieurement à cet oubli !

Dans son jugement, Mme Prévost-Desprez a relevé que, « bien loin de [sa] volonté de protéger l’institution », M. Benalla avait, à l’audience, « semé le doute sur les déclarations » de ses supérieurs et « mis en cause les déclarations des témoins », quand il ne donnait pas des explications « absurdes et irresponsables »concernant le selfie pris en marge de la campagne de 2017, sur lequel il tient à la main une arme à feu. Elle a également jugé que, en utilisant une lettre à en-tête de son supérieur à l’Elysée, François-Xavier Lauch, pour obtenir un passeport diplomatique, M. Benalla avait « franchi la ligne entre débrouillardise et infraction pénale ».

Mais c’est sur les arrestations musclées commises lors du 1er mai 2018 par le chargé de mission que la présidente a été la plus sévère, fustigeant la « confusion des rôles et des fonctions » opérée par M. Benalla, qui a « jeté l’opprobre sur la fonction de policier ». Elle a fait montre de la même sévérité concernant l’usage par M. Benalla d’images issues des caméras de vidéosurveillance de la police.« Des hauts gradés ont dû violer le secret professionnel dans l’exclusif intérêt de votre défense médiatique », note-t-elle, non sans tancer, au passage, le fait que« les autorités à l’Elysée et à la Préfecture de police, connaissant vos agissements, n’ont pas signalé ceux-ci » jusqu’aux révélations de la presse qui ont fait éclater l’affaire (ne manquez pas de relire ceci à ce propos : https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2018/07/23/affaire-benalla-saison-2/ ).

Vincent Crase, le « frère d’armes », employé de La République en marche (LRM) et complice de M. Benalla, qu’il avait accompagné lors des manifestations du 1er mai, est lui aussi reconnu coupable des neuf infractions retenues à son endroit. La présidente a dénoncé ses « explications incohérentes et irresponsables » concernant le fait qu’il portait, sans titre, une arme à feu sur lui ce jour-là, ou encore la « confusion des rôles et des responsabilités » commise en « s’immisçant dans un rôle de policier ». M. Crase, absent au jugement, est condamné à deux ans de prison avec sursis ainsi qu’à une amende de 500 euros.

Restent enfin les deux policiers prévenus : le commissaire Maxence Creusat et le divisionnaire Laurent Simonin. Le premier dirigeait le maintien de l’ordre place de la Contrescarpe, le second chapeautait les opérations à la Préfecture ce jour-là. Tous deux étaient jugés pour avoir extrait et fourni à M. Benalla des vidéos issues des caméras de vidéosurveillance de la Préfecture de police.

« Vous saviez l’un et l’autre ce qui était dissimulé, que l’individu [apparu sur une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux] était Alexandre Benalla, même s’il est vrai que votre hiérarchie le savait aussi », note la présidente, qui relève la « confusion » qui a conduit les deux hommes à considérer que M. Benalla représentait une« autorité ». Cette confusion « vous a poussés à violer la loi », relève-t-elle, notant que l’un comme l’autre avaient la volonté de « ne pas déplaire à M. Benalla », pour des raisons d’« ambitions personnelles ». M. Creusat est reconnu coupable de recel concernant la vidéo et condamné à 5 000 euros d’amende. La présidente a toutefois pris en compte « la carrière et le dévouement » du jeune commissaire, dont la peine ne sera pas inscrite au casier judiciaire.

Laurent Simonin, à l’origine de l’invitation de M. Benalla à venir observer le dispositif de maintien de l’ordre, est condamné, lui, à trois mois de prison avec sursis, là encore sans inscription de la peine au casier judiciaire. Le tribunal relève qu’il a « servi [son] intérêt particulier » et sa carrière, mais aussi qu’il a « maintenu avec mauvaise foi », à l’audience, ne pas savoir que les images remises à M. Benalla étaient celles des caméras de la Préfecture.

Le tribunal a fait droit aux demandes de la plupart des parties civiles, qui seront indemnisées, et a reconnu que Georgios D. et Chloé P., le couple molesté par M. Benalla place de la Contrescarpe, n’étaient pas « membres de la nébuleuse [des] black blocs ».

Certes, tout cela s’avère beaucoup plus satisfaisant que ce que l’on pouvait redouter de la lâcheté si fréquente des magistrats. Bravo ! Mais, finalement, qui est le véritable responsable de ce scandale d’Etat ?

Celui-ci ?

Ou celui-là ?

Le 7 novembre 2021.

Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.

https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/

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