Pascal Pogam
« Je suis dans l’obligation de réussir, parce que le pays ne peut plus attendre. » Le 28 mars 2013, voila comment Francois Hollande avait résumé l’urgence et l’enjeu du « choc de simplification », appelé selon lui à déverrouiller le pays et à générer un surcroit de croissance. Dans la foulée, le gouvernement était censé prendre « les premières mesures pour alléger les procédures administratives, diminuer les normes et raccourcir les délais des démarches au bénéfice des collectivités locales des entreprises et des particuliers ».
Une vraie révolution, sur le papier. Mais une révolution qui n’a jamais eu lieu. Pas plus que ceux qui l’ont précédé, pas plus que son « disruptif » successeur, le président socialiste n’a tenu la promesse du grand élagage. En la matière, le dernier état des lieux dressé par le secrétariat général du gouvernement s’avère même proprement stupéfiant : en seulement deux décennies, notre droit s’est encore enrichi de près de 120 000 articles législatifs ou réglementaires! Une illustration, parmi d’autres, de cet enfer bureaucratique, ces mille et une tracasseries qui empoisonnent les Français, les ulcèrent et, bien souvent, les paralysent.
Il est très peu probable que Gaspard Koenig soit notre prochain président de la République. Mais le philosophe libéral, qui songe désormais sérieusement à se lancer dans la course à l’Elysée, a l’immense mérite de replacer la simplification au coeur du débat public. Le sujet est tout sauf anecdotique. Tirer ce fil, c’est dérouler une pelote de problèmes éclairant tout à la fois l’inefficacité de l’État, sa perte de légitimité, la défiance généralisée, les travers du centralisme, les inégalités et ces innombrables obstacles qui pénalisent nos entreprises – car une France plus simple sera aussi plus compétitive. Curieusement, alors que les pesanteurs de notre bureaucratie étaient dénoncées de toutes parts au plus fort de l‘épidémie de Covid, cette thématique a disparu des radars, et aucun des principaux candidats à l’élection présidentielle ne semble aujourd’hui mesurer les attentes des Français à cet égard. Pour ne pas dire leur exaspération.
Source : L’Express, 11/11/2021