Lundi soir, porte de Saint-Cloud, la presse était conviée à l’inauguration des nouveaux locaux du Rassemblement national. Après le Paquebot et le Carré (Nanterre), voici la Capitainerie, plus volontiers appelée « le 114 » par les habitués. Côté pratique, l’équipe de la campagne présidentielle est moins éloignée des radios et des télévisions. Côté symbolique, a souligné Jordan Bardella, « on se rapproche de l’Elysée ». Le RN occupe trois étages d’un immeuble, dont un niveau dédié à la présidentielle, où se trouve le bureau de Marine Le Pen – dans des tons blancs, avec quelques touches vert empire. Le thème marin y prédomine, mais ce que l’on remarque dès l’entrée est le buste de Brigitte Bardot en Marianne, dédicacé à la candidate par notre actrice nationale qui – elle est la seule à le faire dans le milieu de la défense animale – pourfend avec courage l’abattage halal en abattoir ou… à domicile lors de l’Aïd el-Kébir.
Assaillie par les journalistes, Marine Le Pen s’est livrée à une conférence de presse informelle. Déclarations prises au vol : elle demande que l’Otan serve à lutter contre l’islamisme, sous forme de coalition internationale – l’islamisme étant une menace pour tous les pays, y compris ceux du Moyen-Orient. Elle veut une réforme de l’hôpital avec d’une part, pour commencer, un moratoire sur la fermeture des lits, et d’autre part une spécialisation des urgences : des urgences pour les personnes âgées, des urgences « médecine de garde » pour ceux qui cherchent un médecin – chose désormais impossible à trouver en France le soir, la nuit ou le week-end. Quant au vaccin, il est pour Marine Le Pen une efficace protection individuelle puisqu’il préserve d’une forme grave du Covid, mais il n’est pas une protection collective puisqu’il n’empêche pas de l’attraper. En ce sens c’est plus un traitement qu’un vaccin. L’énergie ? « Un sujet essentiel. Si on parle de souveraineté, on ne peut pas ne pas parler d’énergie. C’est un des éléments fondamentaux de notre indépendance. » Marine Le Pen sera d’ailleurs dans les Bouches-du-Rhône en fin de semaine, où elle visitera ITER, le réacteur thermonucléaire expérimental international.
Et Zemmour ? Son irruption dans le jeu politique n’a pas été une surprise pour Marine Le Pen, puisque cela faisait des mois qu’on savait qu’il allait se lancer dans l’aventure. « C’est l’agitation médiatique qui a été une surprise, peut-être même pour lui. » A la question de Présent : est-ce que la présence d’Eric Zemmour n’a pas forcé votre camp à se remettre en question alors que tout semblait acquis pour le second tour en avril 2022, Marine Le Pen répond : « Une concurrence est toujours positive, parce qu’elle oblige à se surpasser, à être meilleur. Ça a peut-être été un électrochoc pour les équipes, mais pas pour les idées : celles du RN sur l’immigration et l’insécurité, par exemple, sont bien connues des Français et rencontrent leur adhésion. Eric Zemmour ne fait aucune nouvelle proposition. »
Si Zemmour s’en est pas mal pris à Marine Le Pen ces dernières semaines, celle-ci n’entend pas rentrer dans ce petit jeu. Jordan Bardella le rappelle : « Notre adversaire dans cette campagne, c’est Emmanuel Macron. Notre objectif est de le remplacer pour que Marine Le Pen, qui défend des idées majoritaires dans le pays, puisse les mettre en œuvre de façon concrète, pour le bien-être des Français. »
Samuel Martin
Article paru dans Présent daté du 16 novembre 2021