Oh, le traître ! Oh, l’incroyable provocateur ! Ancien directeur de la rédaction de L’Obs et du Figaro, ancien patron et toujours éditorialiste du Point, Franz-Olivier Giesbert (FOG) a cruellement « dérapé », c’est le mot consacré. Ce 9 novembre, dans « C ce soir », sur France 5, Giesbert est invité à parler de son dernier livre Histoire intime de la Ve République.
Il y écrit : « Souvent, quand je me rends à pied à la gare Saint-Charles en passant par la Canebière, j’ai le cœur serré parce que, pendant le trajet, je n’ai entendu personne ou presque parler le français. Qu’est-il arrivé à notre langue ? » Horreur et tremblements.
– « Mais c’est bizarre de dire ça, Franz, intervient Laure Adler. Pourquoi vous écrivez ça ? »
– « J’aimerais qu’ils parlent un peu plus français, c’est pas plus grave que ça », se défend Giesbert, piqué au vif.
– « Si, si, si », insiste Laure Adler.
– « Enfin, je suis heureux à Marseille, j’ai le droit d’écrire, j’ai le droit de poser des questions ! »
D’ailleurs, Zemmour, lorsqu’il voit FOG à la télé, lui dit qu’il est cosmopolite !
– « Vous êtes blanc, quoi », poursuit de sa voix grave et traînante le procureur du politiquement correct Laure Adler.
– « Bah oui, et alors… », répond FOG, dos au mur.
– « Et fier de l’être ! », poursuit Laure Adler. « Il n’y a pas assez de Blancs autour de vous… »
L’obsession raciale d’une certaine gauche culturelle se referme sur FOG.
– « J’aime la langue française, j’aime la francophonie, je crois que vous aussi, je ne dis pas qu’il n’y a pas assez de Blancs. »
– « Candidatez (sic) à l’Académie française, vous n’entendrez que du français », conseille Laure Adler, avec l’immense mépris pour l’Institut qui caractérise l’élite autoproclamée.
– « Je ne suis pas candidat », répond FOG. « J’aime entendre le son de la langue française, c’est normal ! »
– « Eh bien, non, ce n’est pas normal », tranche Laure Adler.
Débat surréaliste. Au fond, autant le dire crûment : l’amour de la langue française participe d’une forme d’amour de la France et cet amour ne passe toujours pas chez Laure Adler, elle aussi écrivain et ancienne patronne de… France Culture ! Avec des défenseurs de cet acabit, notre culture n’a plus besoin d’ennemis. La stupéfaction de FOG en dit long sur le fossé qui sépare une bonne partie des Français de cette avant-garde d’avant qui communie dans un bel élan, derrière les micros des médias publics, dans la détestation de la France, de sa langue et, disons-le, de son peuple.
Ces charmants démolisseurs germanopratins, qui se connaissent tous et ne voient aucune limite à l’expression de leurs lubies, considèrent comme suspect l’amour de la langue française et toute manifestation de cet attachement. Il faut donc aller au bout de ce credo nihiliste, établir la liste des grands auteurs de notre langue qui ont eu le toupet de lui témoigner leur attachement. Nous en oublierons des centaines.
Il nous faut donc évacuer à jamais des programmes et oublier définitivement les livres de Charles d’Orléans, Villon, Christine de Pizan, Rabelais, Du Bellay, Ronsard, Montaigne, La Fontaine, Boileau et son Art poétique, Molière bien sûr, Corneille, La Rochefoucauld et ses Maximes, Madame de La Fayette, Montesquieu, Hugo, Musset, Lamartine, Péguy, Mauriac, Brassens et bien d’autres. Tous ont peu ou prou chanté l’amour de la France, la douceur et la précision de ses mots. Il convient de réserver un enfer tout spécial aux écrivains d’origine étrangère ou étrangers qui ont eu le toupet d’aimer, eux aussi, notre langue : Senghor, Cioran, Makine aujourd’hui. Autant de traîtres dont il convient d’expurger nos bibliothèques. Et nos livres de classe. C’est déjà fait ou en cours, direz-vous. Pas faux.
À Boulevard Voltaire, nous aimons entendre parler français, nous aimons parler français, nous aimons ceux qui défendent notre langue assaillie. N’en déplaise à Laure Adler et à la télévision publique, jamais en retard d’un coup porté à la France… aux frais du contribuable français.