Noël est l’un des piliers de la culture européenne. Chez les Romains, entre le 17 et le 23 décembre, soit une semaine avant le solstice d’hiver, on fêtait les Saturnales, occasions de réjouissances familiales et populaires. Avec l’allongement du jour, on célébrait l’annonce du retour de la vie. Repas et cadeaux échangés réunissaient les gens, les plantes vertes (le gui, le houx…) peuplaient les maisons. Le Noël chrétien, depuis que saint Boniface au VIe siècle a décoré un sapin sur une colline en signe de bénédiction, a repris le fil de cette tradition en l’orientant vers la naissance de Jésus-Christ : la Nativité. D’où l’espagnol Feliz Navidad, qui illustre mieux que notre « Noël » la dimension chrétienne de la fête.
A ces échos profonds de l’âme européenne s’est greffée un venin. Celui du consumérisme. Saint Nicolas, importé par les Néerlandais en Amérique, s’est peu à peu laïcisé pour devenir le « Père Noël », reprise d’un poème du 19e siècle, et incarner l’image de marque de Coca Cola. Noël se fête depuis sous les auspices du matérialisme. Il est assez logique que de renoncement identitaire en renoncement identitaire, Noël se soumette à l’idéologie totalitaire de l’inclusivité : « Bonnes fêtes de fin d’année » a remplacé « Joyeux Noël », inacceptable pour des non-chrétiens.
Pour la plupart des gens, les cadeaux échangés, dans une débauche de bons sentiments visqueux, sont source de bonheur. Si l’échange d’attentions bienveillantes est une bonne chose, nous en sommes loin aujourd’hui, quand on voit le succès de la revente des cadeaux décevants… Il y a une alternative : un Noël identitaire.
Un Noël identitaire est d’abord enraciné. Toutes les provinces de France ont une façon de célébrer Noël, et cela commence dès le début du mois de décembre, tandis que s’ouvre l’Avent. En Provence, le 4 décembre, jour de la sainte Barbe (patronne des artificiers et de tous les métiers du feu), on fait semer dans l’eau un peu de blé destiné à orner les crèches. Les santons, tradition qui a conquis le monde, sont un décor populaire, lieu de rassemblement familial chaleureux. Le Noël identitaire est d’abord communautaire. La saint Nicolas, le 6 décembre, est déjà l’occasion (surtout en Alsace, Lorraine et dans les régions germaniques) d’offrir des cadeaux aux enfants, puisque l’évêque de Myre est le patron des écoliers et l’ami de tous les enfants. On lui prête notamment le sauvetage de trois malheureux enlevés par un boucher peu scrupuleux…
Le sapin, la couronne de l’Avent, les chants, les visites de marchés de producteurs : l’Avent, période d’attente menant à Noël, déroule son tapis rouge riche en occasions de se retrouver. A Noël, raconte Frédéric Mistral, toutes les générations se retrouvent autour du feu pour évoquer l’histoire de la famille et chanter la gloire des aïeux. Le rituel est l’âme d’un peuple. Il exprime ce que de grands discours ne peuvent dire. Nous sommes à la fois corps, âme et esprit : lorsque seul le cérébral est valorisé, on perd en incarnation, en enracinement. Toute idée s’enracine dans une chair, c’est-à-dire une tradition.
« Vivre selon notre tradition, écrivait Dominique Venner (Histoire et Tradition des Européens, 2002), c’est se conformer à l’idéal qu’elle incarne, cultiver l’excellence par rapport à sa nature, retrouver ses racines, transmettre l’héritage, être solidaire des siens. » Joyeux Noël !
Clément Martin
Texte repris du site de : Les Identitaires