La question de l'être a toujours taraudé l'Occident. Shakespeare fait dire à Hamlet « To be or not to be » phrase que les lycéens récitent de façon mécanique mais qui ne peut vraiment être comprise dans toute sa plénitude et sa densité qu'après avoir lu Être et Temps de Martin Heidegger.
Ce philosophe allemand a interrogé et souvent choqué beaucoup d'Européens par son engagement politique qui ne peut sans doute être compris que dans une perception du nazisme, expression de l'Être de l'homme blanc dans toute sa radicalité. La fameuse phrase ; « la grandeur et la vérité interne du national-socialisme » a fait beaucoup réagir Jürgen Habermas.
Le corollaire de l'Être est le Néant et il a toujours obsédé l'homme blanc. Spengler le prophétisait déjà dans « le déclin de l'Occident ».
Le Néant aujourd'hui est représenté par la néantisation de la pensée que l'on décèle par la place accordée à l'anti-pensée, la parole donnée de façon presque exclusive à tout ce qui ne pense pas ( hommes et femmes de télé, du spectacle, top-models, chanteurs, hommes politiques qui ne recherchent que le consensuel et les voix ... ).
La culture occidentale est fondamentalement une culture de l'Être à la différence des cultures africaines qui sont celles du groupe ou asiatiques qui nient le «Moi» ou l'étouffent.
Les philosophes comme Schopenhauer ou Nietzsche ont été les chantres de l'individualisme, de l'individu comme idéal : « faire de sa vie une œuvre d'art ».
On a dans le livre « aphorismes sur la sagesse dans la vie » une véritable apologie de la solitude inhérente selon l'auteur à l'épanouissement du «moi» ou de l'individu.
Après avoir imposé son être au reste du monde, l'Occident est actuellement dans une période de culpabilité qui tient à deux facteurs :
- la période post-coloniale où l'homme blanc a été accusé d'avoir exploité les indigènes et détruit leurs cultures
- le rappel incessant de la période nazie qui implique que toute exaltation de l'homme blanc et de ses représentations doit être bannie.
L'Occident doit même accueillir sur son sol tous les peuples du tiers-monde pour expier on ne sait quelles fautes passées, ce qui a comme conséquence fatale une néantisation de lui-même. Cette culpabilité a été développée par certains penseurs comme Sartre qui avait des raisons plus ou moins troubles de ne pas être fier de son statut de Français ou d'Européen.
Son engagement politique a sans doute été très lié à son corps disgracieux.
Tant ce qui vient d'ailleurs est surévalué comme par exemple les musiques africaines qui inondent l'Occident et peuvent provoquer de façon insidieuse une destruction de l'être de l'homme occidental. Ces expressions culturelles privilégient le groupe et nient l'individu. Les jeunes dont l'individualité n'est pas encore structurée sont les plus réceptifs à ce phénomène. Les religions et les philosophies à la mode sont celles qui viennent d'Asie, comme le bouddhisme car elles prônent le néant et offrent la jouissance de ne pas avoir à assumer son existence.
Tout est dilué dans tout. Elles sont bien sûr de façon ridicule vantées par tout ce qui ne pense pas dans notre société ( acteur de cinéma, individus desséchés par une formation trop scientifique ou technique on).
Avoir de l'être, de la personnalité devient presque obscène à notre époque. On ne peut qu'être écolo, humaniste, pro-immigrés, s'auto-flageller en permanence ...
La France et sa culture néantisante des droits de l'homme, son passé colonial et sa culpabilité liée à la seconde guerre mondiale pour avoir été une puissance vaincue et soi-disante collaboratrice, est sans doute le pays en Europe le plus au cœur de cette dialectique de l'Etre et du néant.
Les choix deviennent radicaux. Prôner l'être devient une position fasciste ou fascisante pour certains.
Dans cette course au néant, l'école ou l'éducation nationale y ont leur part puisqu'elles donnent aux jeunes Français une vision négative de leur identité. Ceci pose la question de la provenance du corps enseignant et pourquoi cette vision du monde est dominante (statut ou prestige de l'enseignant faible aux yeux de la société ? ).
Le combat de certains révisionnistes peut aussi s'expliquer par la volonté de déculpabiliser l'homme blanc qui puisse ainsi renouer avec son être.
La critique la plus fréquente faite à l'Occident est celle d'être trop matérialiste mais la matérialité n'est pas incompatible avec la spiritualité. Que veut-elle d'ailleurs dire lorsqu'on meurt de faim ? Les moines d'Occident et d'Orient vivent dans un cadre matériel architectural d'une grande beauté qui est propice au développement de leur spiritualité.
L'Occident ne retrouvera son être qu'en se déculpabilisant et en donnant la parole à ceux qui pensent l'être de l'Occident et non son néant.
PATRICE GROS-SUAUDEAU STATISTICIEN-ECONOMISTE