Le passe vaccinal a été définitivement voté par l’Assemblée nationale, après le Sénat, avec 215 voix pour (LREM, deux tiers des LR et une minorité des socialistes), 58 voix contre. L’AN compte 577 députés. En soi, cette mesure n’est pas destinée à exercer un effet direct de maîtrise de l’épidémie. On sait aujourd’hui de manière certaine que les personnes vaccinées peuvent aussi propager le virus. L’objectif déclaré du passe vaccinal est d’exercer une pression sur les personnes non vaccinées en les privant de l’accès à de nombreuses commodités de la vie sociale pour les pousser à se faire vacciner.
L’idée est d’appliquer « une obligation vaccinale déguisée » en frappant les « non vaccinés« . C’est sans doute la première fois que la puissance publique châtie ouvertement des personnes qui n’ont rien commis d’illégal, la vaccination n’étant pas obligatoire.
Le passe vaccinal est ainsi destiné à exclure, à mettre au ban de la société un Français sur 10 n’ayant rien commis d’illégal (« j’ai très envie d’emmerder les non vaccinés« ). Il relève de la logique du bouc émissaire qui consiste à désigner implicitement les personnes non vaccinées comme les coupables d’une faillite de deux années de politique sanitaire. Ce passe vaccinal est à l’évidence, sans le moindre doute possible, inconstitutionnel heurtant de plein fouet l’article 5 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen (« Tout ce qui n’est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas ») et absolument contraire aux principes républicains les plus élémentaires.
58% des Français l’approuvent selon un sondage. Ceci n’est pas non plus à l’honneur du peuple français. Qu’une majorité de députés de l’opposition LR ait voté en sa faveur n’est pas seulement déshonorant, mais inintelligent. Que plus de la moitié des parlementaires aient été absents de l’hémicycle sur une question aussi grave, engageant la vie quotidienne d’un dixième de nos compatriotes, est simplement lamentable.
Un grand ponte LR m’a expliqué la situation: « Nous ne voulons pas laisser à Macron le monopole de la protection des Français (sic) ». Au fond, ils refusent de réfléchir au fond de la mesure, mais par calcul, se cantonnent au suivisme. C’est un calcul électoraliste, de court terme, contre le bon sens, le courage et le bien commun. Des individus qui raisonnent de la sorte méritent-ils, en tout état de cause, de revenir au pouvoir?
Maxime Tandonnet
Texte repris du blog de Maxime Tandonnet