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Candidature de Macron : la France multiculturelle en marche

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C’est une pièce en trois actes. Le thème ? Comment faire réélire Emmanuel Macron. Une partie a déjà été rédigée, mais le plus important reste à écrire.

Le premier acte s’est déroulé à Vichy, le 8 décembre dernier. Un  solennel, accompagné de Serge et Beate Klarsfeld, se recueille devant la stèle érigée en mémoire des déportés juifs. Personne ne l’évoque directement à ce moment-là, mais c’est bien Éric Zemmour et ses propos sur Pétain qui sont dans toutes les têtes, et surtout dans celles des « stratèges de la majorité ».
Le journaliste Olivier Faye rapporte, le lendemain, leurs confidences dans le journal  : Zemmour offre à Emmanuel Macron « l’occasion d’opposer deux récits antagonistes » et « de réactiver le clivage entre progressistes et nationalistes qui a fait le succès du chef de l’État ».

Cependant, derrière cette stratégie, les macronistes visent beaucoup plus large que le seul centre gauche progressiste. Comme en 2017, Macron soigne son marketing  à destination des « minorités » en cherchant à donner l'image du champion de la lutte contre une « droite identitaire xénophobe » et du garant d’un  multiculturel et sociétal. La stratégie est donc ambitieuse : mobiliser le centre gauche et les minorités sans pour autant perdre le centre droit. Bloc élitaire plus électorat communautaire. Le fameux « en-même temps » macronien.

Le deuxième acte : la stratégie étant définie, il ne manque plus que le dispositif pour la déployer.
Ce sera bientôt chose faite, comme le dévoile La Lettre A, qui annonce le lancement imminent d’un mouvement appelé « Pluriel ». Porté « par plusieurs ministres et députés », il devrait « permettre de mordre sur l’électorat de centre gauche, mais aussi et surtout de toucher les “diasporas africaines” ». Le terme de « diasporas » permettant, fort opportunément, de ne pas employer celui de « communautés » afin d’échapper aux accusations de « communautarisme ».

Il faut revenir à des déclarations plus anciennes d’ pour comprendre qu’au-delà du calcul électoral, il y a un vrai projet idéologique.

Le 22 décembre 2020, L’Express publiait un entretien fleuve avec le chef de l’État qui indiquait à cette occasion : « Je crois à une  de la reconnaissance. Dans notre Code civil figure encore cette notion très problématique d'assimilation. Elle ne correspond plus à ce que nous voulons faire. […] Chacun doit pouvoir vivre entre plusieurs horizons culturels. Je suis frappé de voir que notre République a laissé son socle se faire attaquer sans jamais reconnaître la richesse de nos diasporas pour nous-mêmes. » Tout est dit et les références sont soigneusement choisies qui renvoient au modèle multiculturel canadien et à ses politiques d’« accommodements raisonnables » au nom de la lutte contre les discriminations.

Le troisième acte est, à ce stade, pure spéculation, mais avouons qu’il cadrerait parfaitement avec le déroulement du récit.

C’est le quotidien régional La Provence qui nous met sur la piste lorsque, dans son édition du 22 janvier dernier, il pose la question suivante : « Présidentielle 2022 : et si Macron se déclarait candidat à Marseille ? »

Marseille, la ville symbole d’une France multiculturelle. « Une ville monde »« palimpseste de migrations et d'une France accueillante », s’émerveillait Macron lors d’un déplacement, en septembre dernier. Le thème du discours était « MARSEILLE EN GRAND ». Tout y passait : « l’urgence sécuritaire », le social, l’école, le sanitaire, l’entrepreneuriat, les nouvelles technologies et la culture. Un vrai discours programmatique. « Ici, déclarait Macron, il y a une chance formidable, il y a des enfants, des familles qui viennent de partout dans la Méditerranée, des rives européenne, libanaise, marocaine, algérienne, tunisienne, égyptienne. Et ils ont leurs imaginaires, ils ont leurs histoires. » Vous le voyez venir ?

La « France en Grand », multiple, ouverte, à l’image de la « ville monde ». Et Macron, en candidat de l’avenir et de la diversité heureuse face aux candidats de la peur, du repli et du passé. Pour ceux qui en doutaient encore, c’est bien la survie de la France qui va se jouer en 2022.

Frédéric Lassez

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