Après Ottawa toujours occupée, les camionneurs ont bloqué Québec ce week-end pour signifier aux autorités leur ras-le-bol de la dictature sanitaire. Le mouvement fait des émules en Europe où les routiers se donnent rendez-vous à Bruxelles le 14 février pour une Saint-Valentin… des amoureux de la liberté.
Les grands médias avaient annoncé une manifestation de quelques centaines d’excités, qui aurait menacé l’ouverture du Carnaval d’hiver. Ce fut tout le contraire, des milliers de Québécois ont défilé dans les rues de la capitale, drapeau en main, sourire aux lèvres, dans une ambiance festive et joyeuse, pendant que résonnaient les klaxons des centaines de véhicules qui avaient convergé vers Québec.
La police s’était dite prête et la rue devant le Parlement était obstruée par des camions de la ville. Les routiers bloquèrent quant à eux la rue René-Lévesque et les convois de voitures sillonnèrent les rues avoisinantes en agitant des drapeaux québécois et canadiens au bout de bâtons de hockey. Sur ce dernier point, c’était une vision particulièrement étrange que ces milliers de drapeaux canadiens dans la capitale québécoise, quelque chose d’inédit. Le message : le Canada d’un océan à l’autre s’oppose aux mesures sanitaires.
Impossible de savoir combien ils étaient : non seulement aucune réelle organisation n’encadrait la contestation, mais ces gens ne sont pas des « pros de la manif » : tous déambulaient dans les rues, bloquant certaines artères par leur nombre, mais dans l’improvisation la plus joyeuse. Certains quittaient les flots humains pour entrer dans une boutique ou pour prendre une commande à emporter au restaurant.
Ce manque d’encadrement aurait facilement pu mener à des débordements dans d’autres contextes, mais, ici, cette foule majoritairement composée du « Québec des régions », le Québec périphérique, était festive, à l’inverse du portrait qu’en avaient dressé les grands médias dont plusieurs durent rectifier le tir et parler de cette manifestation visiblement familiale.
Dimanche, ils étaient encore des centaines à continuer le joyeux tintamarre.
A Toronto, la mobilisation fut semblable, avec un très médiatique convoi de tracteurs dont les images firent le tour du pays. A Ottawa, malgré des barrages érigés autour de la ville pour bloquer l’afflux de nouveaux camions, des milliers de manifestants de l’extérieur rejoignirent les routiers du centre-ville.
Cette mobilisation monstre a soulevé l’enthousiasme partout dans le pays, mais une ombre vint obscurcir la fin de semaine, une ombre de taille. A la suite des pressions des politiciens, la plate-forme GoFundMe a décidé d’annuler la collecte de dix millions de dollars et de rembourser les donateurs qui en feront la demande. Les fonds qui n’auront pas été remboursés seront versés à une cause du choix des administrateurs. On a invoqué le fait que la manifestation ne serait plus une manifestation, mais une occupation illégale. La plate-forme voudrait donc prendre ses distances avec elle, un scrupule qu’elle n’avait pas lorsque les mouvements Black Lives Matter mettaient le feu à certaines villes américaines en 2020.
Cette façon de procéder est un véritable détournement de fonds, un abus de confiance qui serait réprimé par la justice si cette dernière était neutre. Mais ce braquage étant sanctifié par les politiciens, aucun juge ne sanctionnera la plate-forme.
Remi Tremblay
Article paru dans Présent daté du 7 février 2022