Pieter Kerstens
Quand il a reconnu l’indépendance des Républiques autonomes de Lougansk et de Donetsk, le président de la Russie a dû se souvenir de ce que les Américains et l’Alliance Atlantique ont appliqué ces trois dernières décennies, ailleurs sur la Planète.
En effet, depuis 1991 et la première invasion de l’Irak, sous des motifs futiles, nous avons assisté aux interventions armées de l’OTAN et des USA en Serbie, en Irak une seconde fois, en Afghanistan, en Lybie et en Syrie.
Pour rétablir la « Démocratie » ? Certes non ; essentiellement pour des motifs économiques au goût de pétrole et d’odeur de gaz. Vladimir Poutine a également appliqué le proverbe « la raison du plus fort est toujours la meilleure ! »
Parce qu’aucun des responsables américains ou européens n’a osé le menacer de frappes de missiles atomiques sur Moscou ou Smolensk, Perm, Omsk, Novossibirsk, Irkoutsk ou encore Vladivostok, ce qui aurait calmé ses ardeurs et ses rêves de conquêtes impériales.
Poutine est un joueur d’échecs dans l’âme et un excellent élève du KGB, dont la mentalité slave n’a rien de comparable aux tergiversations des adeptes « Droits-de-l’Hommiste », du multiculturel et de la démocrasse occidentaliste. Ses visions et stratégies à long terme concernent en priorité la sécurité de l’espace russophone qui, après l’effondrement de l’URSS, avait été garanti en 1990 par les occidentaux en interdisant l’expansion de nouvelles bases de l’OTAN aux portes de la Russie.
Il suffit de lire aujourd’hui une carte des installations militaires de l’Alliance Atlantique pour voir que de l’Est de la Turquie jusqu’au golfe de Finlande, la Russie est encerclée par des forces armées aux ordres des USA, ce qui ne provoque pas l’enthousiasme des dirigeants russes.
Quand Joe Biden a remplacé Donald Trump aux Etats-Unis, on s’attendait à ce que la paix puisse se rétablir dans les régions en conflits, auxquels participent les Américains, ce qui est loin d’être le cas.
En Europe, les responsables du Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement, de la Commission européenne ou du Conseil de l’Europe, dont est membre la Russie, ont fait la preuve de leur incompétence et de leur suffisance en menaçant Vladimir Poutine de sanctions supplémentaires à celles appliquées depuis 2014, en armant l’Ukraine et en excitant les velléités belliqueuses des pays limitrophes, ce qui confirmait les anticipations du président russe qui applique l’adage de Cicéron : « si vis pacem, para bellum », car aucun soldat européen ou de l’Otan ne sera disposé à se battre pour sauver Kiev ou Marioupol, plus préoccupé par sa gamelle.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres.
Et en priorité celui des producteurs de pétrole et de gaz et des exportateurs de matières premières comme le lithium, le cobalt, le nickel, le cuivre ou le manganèse, mais aussi du blé, du soja, du maïs ou de l’huile de palme.
A 100 $ le baril, les pétroliers texans et les producteurs de gaz et de pétrole de schiste canadiens se frottent les mains, comme les monarques du Moyen-Orient ou le Venezuela, le Nigéria, la Libye, l’Iran, ou la Norvège.
Après une baisse considérable des prix des hydrocarbures en 2020, de nombreux pays exportateurs assistent à des rentrées financières inespérées. Et pour les amateurs de sensations fortes, la Bourse offre de nombreuses opportunités, car « on achète au son du canon »…
Pour leur part, les pays consommateurs et dépendants des importations de matières premières verront encore leurs balances commerciales se dégrader et les automobilistes, tout comme les citoyens consommateurs, en Europe particulièrement, seront obligés de mettre la main au portefeuille pour se chauffer, se véhiculer, s’éclairer ou s’alimenter.
En période électorale, cette situation n’est pas idéale et dans les prochains mois on pourrait s’attendre à des conséquences imprévisibles. Après la trouille du Covid-19, voici la peur de l’envahisseur !