Que ne dit-on actuellement sur les relations tenues pour « ambiguës » entre Vladimir Poutine et Éric Zemmour, Marine Le Pen ou le politiquement défunt François Fillon ? Il est vrai que par une sorte d’injonction médiatique à vocation quasi religieuse, tous les Français sont désormais sommés d’être « ukrainiens ». Fort bien, l’époque étant tout, sauf à la nuance.
Pourtant, de mauvais esprits, dont nous sommes peut-être, commencent à s’inquiéter d’autres relations singulièrement plus troubles, entretenues par certain baron de la Macronie avec une puissance tout aussi étrangère et guère plus « libérale » que la Russie : la Chine. Ainsi, Buon Tan, député LREM du XIIIe arrondissement parisien, commence-t-il à faire parler de lui. Cambodgien d’origine chinoise ayant fui le régime des Khmers rouges, l’homme a depuis fait fortune en France dans le négoce du thé et la restauration. Président du groupe d’amitié France-Chine à l’Assemblée, il serait donc l'homme fort du lobby chinois en France. De manière certes plus discrète qu’un Jean-Pierre Raffarin, mais peut-être autrement plus efficace. Ce qui, dira-t-on, ne relève pas de l’exploit, sachant le génie manœuvrier du Machiavel poitevin.
La preuve en est qu’une note de nos services a atterri sur le bureau élyséen afin d’informer Emmanuel Macron que Buon Tan, certes député français, ne servait pas toujours forcément les intérêts… français. Et Le Monde de révéler les liens du marcheur macroniste avec « le Front uni, la branche du Parti communiste chinois dédiée aux opérations d’influence dans le monde ». Le quotidien vespéral précise : « Buon Tan est membre du Front uni depuis au moins 2008. Il a été nommé au conseil de l’Association pour l’amitié de la Chine outre-mer, dont il est membre du conseil exécutif depuis mai 2019. » Soit un océan Pacifique dont les Américains et les Chinois, pour une fois d’accord, entendent chasser la France et la priver de son statut de second espace maritime au monde.
Officiant aujourd’hui dans le parti présidentiel, Buon Tan semble pourtant assez ouvert d’esprit. Il a politiquement grandi à l’ombre du socialiste Jean-Marie Le Guen, lui aussi élu du XIIIe arrondissement, sorte de « petite Chine » parisienne. Manuel Valls, alors Premier ministre allant jusqu’à le tenir pour « le Chinois le plus influent de Paris », tandis que le quotidien Libération le qualifiait, en 2018, de « poisson-pilote de Macron dans la diaspora asiatique ». Il est vrai que, depuis, Buon Tan est de toutes les photos officielles, surtout lorsqu’il s’agit, en Chine, en France ou ailleurs, de serrer la main de son Président. Mais lequel ? Xi Jinping ou Emmanuel Macron ? Là est toute la question.
Même si Le Monde précise que cet entrepreneur n’est pas sous le coup de poursuites judiciaires, il rappelle néanmoins : « Buon Tan a été regardé de très près comme agent d’influence. Il bénéficie des relais puissants de l’ambassade de Chine dans le XIIIe arrondissement. Mais on le voit arriver de loin. » On le croit volontiers. Mais les ingérences étrangères de toutes sortes ne sont-elles finalement pas la norme diplomatique depuis que le monde est monde ? En France, les pays du Maghreb ont leurs relais, tout comme ceux du Golfe ou Israël.
En revanche, il y a une autre sorte d’influence dont on parle moins : celle des USA qui, grâce à leur French American Foundation, créée en 1976, se vantent de former leurs « Young Leaders », jeunes espoirs de la politique ou des médias français à la sauce américaine. Leur palmarès a de quoi donner le tournis, qu’on en juge : « François Hollande, Arnaud Montebourg, Alain Juppé, François Léotard, Olivier Véran, Emmanuel Macron, Alain Minc, Christine Ockrent, Valérie Pécresse, Édouard Philippe et Laurent Wauquiez ».
Cette liste n’est évidemment pas exhaustive. Certaines « ingérences » seraient donc moins intrusives que d’autres.