Alors qu’il ose se représenter aux suffrages des Français, vous aurez remarqué qu’Emmanuel Macron se garde bien d’évoquer le bilan de son quinquennat tant il est calamiteux. Il préfère, à un honnête état des lieux, les entourloupes et les petites combines politiciennes.
Heureusement, un certain nombre d’institutions veillent à l’honnêteté du débat. Il en est ainsi de la dernière communication du président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, devant la commission des finances du Sénat qui a épinglé le contenu hétéroclite du fameux plan « France Relance« , sa gestion souvent erratique et son efficacité encore à démontrer : ce plan, d’un montant de 100 milliards d’euros et lancé dans le cadre du « quoi qu’il en coûte » d’Emmanuel Macron pour doper l’économie après la première vague de Covid-19, est jugé «touffu», «complexe», coûteux, sans coordination, peu efficace…
Bref, un gâchis des deniers publics et un accroissement improductif de la dette nationale.
« La frontière avec d’autres plans ou programmes en cours n’est pas bien délimitée et se révèle même souvent confuse », a estimé l’ancien ministre de l’économie en présentant l’enquête de la Cour, réalisée à la demande de Claude Raynal, le président (Parti socialiste) de la commission. « Cette complexité se retrouve dans la gestion du plan de relance, confiée à un nombre important d’acteurs », a souligné M. Moscovici, déplorant une « machinerie administrative trop lourde ».
Quant à la rapidité d’exécution du plan, censée assurer son efficacité, « elle a pu avoir pour contrepartie une moindre exigence dans la sélection des projets retenus ». Ainsi de MaPrimeRénov’, pour la rénovation thermique des logements, considérée par l’exécutif comme l’un des principaux succès du plan, et dont l’enveloppe a été doublée pour atteindre 4 milliards d’euros : le dispositif n’est pas assez ciblé et son efficacité « n’est pas assurée », selon la Cour.
Même faiblesse pour le suivi des sommes allouées, qui occasionne « une zone grise difficile à appréhender », entre le décaissement de l’Etat vers les opérateurs et le moment où les bénéficiaires finaux reçoivent l’argent public. La Cour a aussi relevé « le coût élevé de la communication autour du plan de relance », une spécialité d’Emmanuel Macron : LA COM ! . Le service d’information du gouvernement y a consacré 17 millions d’euros, « auxquels se sont ajoutées des actions de communication plus sectorielles menées par les ministères et les opérateurs pour plusieurs millions d’euros ».
Enfin, dans un contexte d’inflation au plus haut et de tensions sur les approvisionnements, M. Moscovici a appelé à « une certaine vigilance dans la poursuite de la mise en œuvre du plan de relance, pour éviter qu’il ne contribue à les accentuer ». La Cour recommande de ne plus ouvrir de nouveaux crédits au titre du plan au-delà de fin 2022, « et de prévoir sa suppression le plus tôt possible après cette date ».
Fin 2021, 72 des 100 milliards d’euros avaient été engagés et 42 milliards effectivement décaissés. Les décaissements pourraient s’étaler jusqu’en 2026, voire 2028, selon la Cour. Ces critiques « rejoignent l’analyse que nous avions déjà faite, indique M. Raynal. Au moment où la crise en Ukraine va apporter des besoins nouveaux, il est d’autant plus important de sortir de ce plan, car si l’on met tout en vrac, sans missions budgétaires distinctes, on n’aura plus aucune possibilité de contrôle efficace ».
Un effet pervers supplémentaire du « EN MÊME TEMPS » d’Emmanuel Macron. Qu’en ferez-vous le 10 avril ?