Patrice de Plunkett publie sur son blog son analyse de la situation :
Le cataclysme en Ukraine est l’effet de l’hostilité américaine envers la Russie depuis la fin des années 1990. Tout aurait pu se passer autrement depuis trente ans si l’Europe n’était pas vassale :
Avez-vous remarqué la pétulance avec laquelle nos journalistes télé, hommes et femmes, parlent de la guerre d’Ukraine ? (…) Mais on sent qu’il n’y a là nul affect de leur part : seulement l’excitation devant une “actu” qui rompt opportunément avec le Covid et qui colle – en prime – avec la norme idéologique de la corporation (dire : “nos valeurs”). N’espérons pas voir ces journalistes s’intéresser à la chaîne de cause à effet qui relie l’hostilité de Washington envers la Russie post-soviétique depuis la fin des années 1990, à l’évolution de cette Russie vers la guerre qu’elle déchaîne aujourd’hui. Ceci explique pourtant cela.
Tout eût pu se passer autrement. Le type de régime instauré à Moscou par Poutine n’était pas inéluctable : les choses auraient pu tourner autrement sans l’attitude obstinément antirusse de Washington… C’est en réaction à celle-ci que le Kremlin est tombé aux mains des tenants d’une ligne dure, alors que la Russie des premières années postsoviétiques aurait sincèrement pu s’ajuster au monde ouest-européen… Washington le lui laissa d’ailleurs espérer, pour commencer : notamment en signant un traité Russie-OTAN (1997). Avant de démasquer sa véritable intention : enserrer la Russie dans un dispositif stratégique hostile touchant ses frontières, plan qui violait (personne ne le rappelle aujourd’hui) le traité de 1997* ! L’objectif de la Maison Blanche était – et reste – d’empêcher la Russie de revenir parmi les puissances. Et d’empêcher l’Europe occidentale de s’entendre avec Moscou. Or cette obstination US ne pouvait avoir qu’un résultat : barrer aux Russes la voie de l’entente européenne, et susciter à Moscou un phénomène du type Poutine avec les conséquences désastreuses que l’on mesure en 2022.
L’Europe d’avant 2004 aurait aimé voir la Russie se rapprocher d’elle. Mais il y eut 2004 : l’entrée dans l’UE de la Pologne et des pays baltes, pays qui – traumatisés par l’histoire – ne conçoivent les relations avec la Russie que sur le mode de l’affrontement. Et en 2008, Washington, suivant son plan d’encerclement militaire de la Russie, a enjoint à Bruxelles d’intégrer l’Ukraine et la Géorgie dans l’OTAN… On n’alla pas jusque là. Mais l’effet était produit ; c’était pousser le Kremlin sur l’autre voie, celle de la psychose obsidionale – mère de toutes les guerres depuis l’aube des temps. La responsabilité américaine est donc lourde. Aujourd’hui nos journalistes répètent en chœur que Biden avait raison et que l’UE doit faire définitivement bloc avec les USA ; ils montrent ainsi, une fois de plus, leur incapacité à comprendre le monde réel.