Vendredi 22 avril
Selon Southfront.org:
“Au cours des dernières 24 heures, les forces d’artillerie et de missiles russes ont lancé des frappes contre 1 285 installations militaires en Ukraine, dont 9 installations de carburant et 37 points de contrôle. 1221 points forts des forces de Kiev ont été touchés.
En outre, une frappe avec des missiles de croisière Kalibr a “détruit jusqu’à un bataillon de personnel ennemi avec des armes et des équipements militaires près de la gare de Miliorativnoe”, a déclaré l’armée russe.
Parallèlement, un système de missiles antiaériens S-300 ukrainien a été détruit près de Novoselka, ainsi qu’un poste de commandement et une zone de concentration de main-d’œuvre et d’équipements militaires ukrainiens près d’Aleksandrovka. Selon le ministère russe de la Défense, jusqu’à 80 nationalistes, ainsi que plus de 23 véhicules blindés et voitures, ont été détruits lors de la frappe sur Aleksandrovka.
L’aviation opérationnelle-tactique des forces aérospatiales russes a frappé 58 équipements militaires de l’Ukraine. Parmi eux : 4 postes de commandement, 3 dépôts de carburant, et 51 zones de concentration de main-d’œuvre et d’équipements militaires ukrainiens.
Les systèmes de roquettes à lancements multiples russes 9K58 “Smerch” fonctionnent dans la zone d’opération en Ukraine. La plupart des frappes proviennent des régions sud et est de l’Ukraine. Par exemple, l’artillerie à roquettes russe travaille sur les installations de l’armée ukrainienne dans les environs de Nikolaïev
Le bureau du président ukrainien Vladimir Zelenski a déclaré que l’armée russe a occupé 42 zones habitées au cours des dernières 24 heures. L’assistante du chef du bureau présidentiel ukrainien, Olena Symonenko, a noté que toutes ces localités se trouvaient dans la région de Donetsk. Elle a déclaré : “Nous avons plus de 3 500 colonies de peuplement occupées aujourd’hui. Cela représente près de 30 % du territoire où se déroulent les opérations militaires”. (C’est nous qui soulignons)
Le gouvernement de Kiev, avec le soutien total des médias “main stream”, s’efforce activement de dissimuler ces pertes. Néanmoins, les actions des dirigeants des forces pro-Kiev indiquent la situation réelle sur la ligne de front. Par exemple, l’un des chefs du régiment SOF (Special Operate Forces) “Azov Kiev”, Jorin, a annoncé la mobilisation de son régiment. Il est fort probable que le régiment sera renforcé par de nouvelles recrues”.
Une petite contre-offensive ukrainienne dans la région de Kharkov a échoué.
Pendant ce temps, l’évacuation des civils d’Azovstal par les couloirs humanitaires se poursuit. Au total, plus de 140 personnes ont été évacuées. Cinq combattants du régiment Azov ont également utilisé le corridor.” La question se pose de savoir combien de civils seraient éventuellement détenus en otages par les derniers combattants ukrainiens d’Azovstal. A noter qu’une vie normale reprend par ailleurs, dans la ville de Marioupol, en particulier les écoles ont été rouvertes.
La journée “a également été marquée par les avancées des forces dirigées par la Russie dans le secteur nord de la région du Donbass. En particulier, les forces dirigées par la Russie ont libéré le village de Kremenna dans l’oblast de Lougansk. Les offensives d’Izioum à Barvenkovo et Sloviansk sont en cours. Le groupement de Severodonetsk-Lisitchansk et le groupement de l’armée ukrainienne près du monastère de Sviatogorsk sont menacés d’encerclement. De violents combats à la frontière des régions de Luhansk et de Donetsk se poursuivent pour Popasna. Les forces de l’armée ukrainienne restent dans la partie occidentale de la ville, mais il semble qu’elles devront battre en retraite dans les prochains jours“.
On retient donc, pour la journée du 22 avril, une intensification des frappes aériennes et une avancée lente mais réelle aux dépens de l’armée ukrainienne.
+ Les objectifs de guerre russes se précisent-ils?
Au cours de la deuxième phase de l’opération spéciale, les forces armées russes devraient établir un contrôle total sur le Donbass, dans le sud de l’Ukraine, et fournir un couloir vers la Transnistrie. Le général de division Rustam Minnekaïev, commandant adjoint des troupes du district militaire central (DMC), l’a annoncé lors de la réunion annuelle de l’Union des entreprises de l’industrie de la défense de la région de Sverdlovsk, le 22 avril 2022.
Selon Minnekaïev, le contrôle du Donbass créera un corridor terrestre vers la Crimée et influencera les installations vitales de l’armée ukrainienne, ainsi qu’un accès ouvert à la Transnistrie, où des faits d’oppression de la population russophone ont été constatés”.
Il ne s’agit pas d’une position officielle russe. Mais on peut facilement voir que le refus de l’Ukraine de négocier sérieusement conduit inévitablement à une prise de contrôle des territoires à l’est d’une ligne qui joint Kharkov à Odessa.
+ Il semble qu’il y ait eu une trentaine de morts et 400 survivants lors du naufrage du Moskva.
Samedi 23 avril.
Toujours selon les rapports très bien faits de Southfront.org:
“En général, la ville de Mariupol est sécurisée, seul le territoire de l’usine Azovstal est soumis à des frappes d’artillerie. Les tentatives des groupes individuels d’attaquer depuis Azovstal sont réprimées. Les groupes d’assaut de la RPD et de la Russie ont pris le contrôle d’une partie importante de l’installation. Les Russes ont retrouvé des dizaines de cadavres à proximité de l’hôpital de Marioupol.
Dans la région d’Izioum, de violents affrontements se poursuivent. L’artillerie ukrainienne continue de bombarder les faubourgs de la ville. Malgré les attaques, le maire par intérim d’Izioum et les militants de l’organisation humanitaire ” Paix à Kharkov ” ont hissé le drapeau russe devant le bâtiment administratif de la ville”.
Les Ukrainiens essaient de perturber l’installation des Russes à Barvenkovo et, plus globalement, l’établissement d ela route logistique de Kharkov au Donbass.
“Dans la direction de Slaviansk, les troupes se sont approchées du “Liman rouge”. Le groupement de l’armée ukrainienne déployé dans la région de Slavyansk-Kramatorsk est sous un feu nourri. Jusqu’à présent, aucune nouvelle tentative des forces de la République de Lougansk de percer la défense de l’armée ukrainienne à Severodonetsk n’a été signalée. Selon certaines informations, le commandement des forces armées ukrainiennes envisage le retrait des troupes ukrainiennes de Severodonetsk vers Lisichansk afin d’éviter la fragmentation du groupement.
L’armée ukrainienne a revendiqué le contrôle de Bezruky, Slatine, Proudianka au nord de la ville de Kharkov. Cependant, la zone était considérée comme une zone grise, sans combats mais avec des tirs d’artillerie intenses, et ces affirmations doivent encore être confirmées.
Le 23 avril, les forces armées ukrainiennes (AFU) ont mené une autre attaque sur le territoire russe. Le poste de contrôle du village de Tetkino, dans la région russe de Koursk, a été à nouveau bombardé au mortier par les forces ukrainiennes déployées dans la région de Soumy. Aucune victime n’a été signalée, mais l’attaque a causé des dommages matériels aux installations civiles.
Sur les lignes de front sud de la région du Donbass, les forces russes poursuivent leurs tirs d’artillerie lourde sur les lignes de front de Malinovka à Kamenskoye. Les combats positionnels se poursuivent le long de toute la ligne de contact sur ce front.
Au sud de l’Ukraine, les combats se poursuivent à la frontière des régions de Nikolaev et de Kherson. L’Armée ukrainienne tente d’avancer depuis la zone de Novorontsovka, mais sans succès significatif jusqu’à présent. Dans la région de Kherson, les forces russes ont tenté une attaque sur le village de Troudolioubovka, mais aucune avancée n’a été confirmée.
La région d’Odessa se prépare à devenir un autre point chaud de la guerre. L’AFU accumule des forces pour la défense de la ville et assure la fourniture d’armes depuis la Roumanie et de carburant depuis la Moldavie aux troupes dans les directions de Mykolaiv et Krivoy Rog.
Le 23 avril, le président ukrainien Zelenskiy a déclaré qu’Odessa pourrait bientôt devenir “un autre Mariupol”.
Le 23 avril, au moins six missiles russes ont frappé la région ukrainienne d’Odessa. Les frappes de missiles ont visé des installations d’infrastructure militaire de l’AFU. Des militaires russes ont frappé un aérodrome militaire près d’Odessa. Selon le ministère russe de la Défense, un important lot d’armes provenant des États-Unis et de l’UE a été détruit.
Cependant, au moins un bâtiment civil à plusieurs étages a été touché. 6 personnes auraient été tuées. À en juger par les images, il est fort probable que la destruction de la maison civile ait été causée par les débris du missile qui a été intercepté au-dessus de la ville par les systèmes de défense aérienne déployés sur l’aérodrome. L’état-major général des forces armées ukrainiennes a indiqué que deux missiles ont été abattus par les moyens de défense aérienne dans le ciel d’Odessa. L’un a été intercepté directement au-dessus de la ville, l’autre a été abattu à Karolino-Bugaz.
Dans la nuit, les ateliers d’une entreprise produisant des explosifs et de la poudre à canon pour les forces armées ukrainiennes ont été détruits par des missiles terrestres de haute précision dans la région de Pavlograd.
Selon le ministère russe de la Défense, le 23 avril et dans la nuit du 24 avril, neuf installations militaires ukrainiennes ont été touchées par des missiles aériens de haute précision des forces aérospatiales russes, dont un point de contrôle de la brigade de l’AFU, quatre points forts et lieux de concentration de la main-d’œuvre et de l’équipement militaire, ainsi que quatre entrepôts de roquettes et d’armes d’artillerie dans les districts de Barvenkovo, Novaya Dmitrovka et Ivanovka dans la région de Kharkiv.
Les forces aérospatiales russes ont frappé 26 installations militaires de l’Ukraine. Parmi elles, le poste de commandement et d’observation du bataillon, ainsi que 25 zones de concentration de main-d’œuvre et d’équipements militaires ukrainiens ont été détruits. Jusqu’à 150 nationalistes et jusqu’à 40 véhicules et engins blindés ont été détruits.
Les troupes de roquettes et l’artillerie ont effectué 423 missions de tir de nuit. Suite aux frappes, 26 points de contrôle, 367 points forts et zones d’accumulation de main-d’œuvre et d’équipement militaire, ainsi que 25 positions de batteries d’artillerie ont été touchés. 4 entrepôts de roquettes, d’armes d’artillerie et de munitions ont été détruits dans les zones de Gusarovka et Velikaya Kamishevakha.
10 drones ukrainiens ont été détruits par les moyens de défense aérienne russes (…), selon le ministère russe de la Défense”.
Voilà donc une vision assez exhaustive. Les observateurs russes indépendants rongent leur frein. Quand la deuxième offensive va-t-elle vraiment venir? C’est finalement du côté occidental que l’on voit une bouffée d’inquiétude.
+ Au risque de choquer les bien-pensants, il faut dire que la vie redevient normale partout où l’armée russe établit son autorité. Ici une vidéo sur Berdiansk – dont Boris Johnson rêvait, il y a quelquemois de faire un port contrôlé par l’OTAN.
L'affrontement géopolitique mondial
+ La question de savoir où aboutissent les armes livrées par les Etats-Unis et l’OTAN aux Ukrainiens devient un sujet de débat aux Etats-Unis: détruites ou confisquées par les Russes? Revendues par les Ukrainiens?
+ Le journaliste américain indépendant Gonzalo Lira est vivant. La rumeur avait couru qu’il avait été tué. Il a bien été arrêté quelque temps par le SBU ukrainien mais a été relâché.
+ Le Carter Center a fait interroger les Chinois. Ils soutiennent massivement la position de leur gouvernement envers la Russie. Nous reproduisons un des graphiques, ci-dessus. Et nous traduisons la conclusion:
“En ce qui concerne l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les résultats de cette brève analyse de l’enquête suggèrent ce qui suit au sujet de l’opinion publique chinoise. Tout d’abord, la majorité de la population chinoise utilisant l’Internet estime que soutenir la Russie est dans l’intérêt de la Chine. Nos résultats suggèrent que le pourcentage de ceux qui sont d’accord avec cette proposition est d’environ 75 %, et que le soutien à la Russie tend à être le plus fort parmi ceux qui sont plus éduqués et qui obtiennent leurs informations sur les relations internationales principalement par les médias publics et sociaux.
Deuxièmement, bien que cette enquête n’examine pas les raisons qui motivent cette conviction, les analyses d’experts suggèrent que la plupart des Chinois voient le conflit à travers un prisme anti-occidental (et anti-américain). Cela est corroboré par la majorité des personnes interrogées qui pensent que la Russie a découvert des biolabs américains en Ukraine, une théorie du complot qui résonne avec d’autres concernant les origines du COVID-19 aux Etats-Unis. Par exemple, parmi ceux qui ont déjà rencontré la théorie de la conspiration, 72% pensent qu’elle est exacte. Parmi ceux qui ne l’avaient jamais rencontrée auparavant, seuls 13% la considéraient comme inexacte. Nos résultats suggèrent que les citoyens qui sont plus instruits et qui obtiennent leurs informations sur les relations internationales par le biais des médias publics et sociaux sont plus susceptibles de croire à la théorie.
Troisièmement, et malgré ces positions pro-russes, les résultats de l’enquête suggèrent qu’une majorité d’environ 60 % des Chinois pensent que le gouvernement devrait jouer un rôle de médiateur pour mettre fin au conflit entre la Russie et l’Ukraine. En l’absence de médiation, environ 60 % des personnes interrogées sont favorables à ce que la Chine offre un soutien moral à la Russie. Notamment, seuls 16% des répondants sont favorables à la fourniture d’armes à la Russie, soit à peine 3% de plus que ceux qui pensent que la Chine devrait changer de cap et condamner l’invasion russe. Dans l’ensemble, un niveau d’éducation plus élevé et une plus grande exposition aux médias d’État nationaux et aux médias sociaux sont associés à un niveau plus élevé de soutien à des actions plus utiles pour la Russie.
Dans l’ensemble, nous constatons que les personnes les plus exposées aux médias d’État nationaux et aux médias sociaux sont plus favorables à la Russie. Elles croient également davantage à la théorie de la conspiration du laboratoire d’armes biologiques, ce qui est cohérent avec la prévalence des récits pro-russes sur les médias d’État et les médias sociaux chinois, y compris ceux concernant la théorie de la conspiration. Il est intéressant de noter que les personnes ayant fait des études supérieures soutiennent également la Russie et croient davantage à la théorie du complot. Cela pourrait s’expliquer par le fait que le niveau d’éducation représente l’intérêt politique, et que les personnes ayant un intérêt politique plus élevé sont plus exposées au discours pro-russe. En définitive, les résultats suggèrent l’influence de l’environnement informationnel généralement pro-russe en Chine“.
Terrible, quand même, ces médias chinois, qui conditionnent leur opinion publique. Ce n’est pas en Amérique du Nord ou au sein de l’Union Européenne que ça arriverait. Mais le plus terrible, c’est tout de même la popularité à plus de 80% de Vladimir Poutine!
+ Le Parlement finlandais a voté l’adhésion du pays à l’OTAN.
+ La Turquie interdit, à partir de la fin avril, le survol de son territoire aux avions militaires russes qui se rendent en Syrie.
+ Emmanuel Macron profite de la fin de campagne présidentielle pour faire passer dans un entretien l’information de livraison d’armes à l’Ukraine et de formation de soldats ukrainiens à leur maniement.
L'effondrement économique....pour qui ?
+ Le G7 perd la main sur les affaires économiques du monde:
Les chefs de tous les pays du Groupe des Vingt (G20), dont le président russe Vladimir Poutine, ont été invités à la réunion des dirigeants du G20, qui se tiendra à l’automne sur l’île de Bali. C’est ce qu’a annoncé le ministre indonésien des finances du G20, Siri Mulyani Indrawati, lors d’un séminaire du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale sur les perspectives économiques mondiales.
“Nous avons invité”, a répondu le ministre lorsque l’animateur lui a demandé si Poutine participerait à la réunion des chefs d’État du G20 de cette année. “Tous les pays du G20 ont déjà reçu leurs invitations”, a déclaré la ministre, citée par l’agence TASS.
Dans le même temps, une déclaration commune des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales du G7, à l’issue de la réunion de Washington, a indiqué que les pays du G7 allaient intensifier la pression sur la Russie en raison des événements survenus en Ukraine.
“Nous maintiendrons et intensifierons notre pression coordonnée aussi longtemps que nécessaire et continuerons à demander aux autres pays de soutenir nos efforts”, indique le communiqué.
Les ministres des finances et les gouverneurs des banques centrales du G7 ont souligné que le G7, avec ses partenaires, ferait tout pour “augmenter le prix de cette guerre pour la Russie”. Les pays du G7 continueront à coopérer pour faire appliquer les sanctions anti-russes et prévenir toute tentative de les contourner.
Ce grand écart n’est pas tenable. Etant en visite en Inde, Boris Johnson a évoqué pour la première fois la possibilité d’une victoire russe et sa projection territoriale implicite fait écho aux propos du Général Minnekaïev (voir ci-dessus). Bien que dans l’opposition à sa politique, le Guardian du 24 avril fait écho à l’inquiétude sur une “victoire de Poutine” du premier ministre.
+ L’ambassadeur de Malaysie à Moscou a confirmé l’importance des relations entre les entreprises des deux pays. Et confirmé ses livraisons à venir de semi-conducteurs.
+ En Grande-Bretagne, les entreprises du secteur de l’énergie avertissent le gouvernement que 10% des foyers pourraient ne pas réussir à payer leurs factures d’électricité, de gaz et d’essence cet hiver.
+ En Allemagne, la Bild-Zeitung, journal à grand tirage, explique à ses lecteurs que se doucher moins et se nettoyer seulement quelques parties essentielles du corps est le meilleur moyen de surmonter le crise énergétique. Les institutions européennes se mettent aussi à prôner la décroissance pour battre Poutine.
+ En attendant, la Commission Européenne a fini par accepter le réel: dans sa grande clairvoyance, elle autorise les entreprises européennes (sic!) à régler le gaz en roubles selon le système proposé par le gouvernement russe: déposer des dollars ou des euros sur un compte ouvert dans une banque russe, qui les change en roubles pour régler la transaction gazière.
https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/04/24/guerre-dukraine-jours-59-et-60/