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Comment l’Europe finance la guerre de Poutine

Officiellement, l’Union européenne résiste à Vladimir Poutine. En riposte à l’agression de la Russie en Ukraine, les Européens affichent leur intransigeance dans les sanctions économiques. Samedi, l’Eurovision a même plébiscité le médiocre groupe ukrainien Kalush Orchestra en témoignage de solidarité. Mardi, Emmanuel Macron a assuré au président Volodymyr Zelinsky que la France allait « intensifier » ses livraisons d’armes, au risque d’alimenter l’engrenage vers un conflit généralisé. La veille, le président français avait confirmé son soutien à la demande d’adhésion à l’Otan de la Finlande et de la Suède, tandis qu’Henri Guaino suggérait au contraire à la France de mettre son veto à cette provocation inopportune. Reste cette question : ces postures et annonces sont-elles sincères ?

En réalité, il apparaît que l’Union européenne, tandis qu’elle multiplie les propos guerriers, continue à acheter au prix fort le gaz russe. Les Echos de ce mercredi révèlent que « malgré la guerre en Ukraine, jour après jour, les Européens financent l’armée russe en achetant le gaz à prix d’or. Malgré les sanctions, les grandes déclarations et les promesses d’embargo, les vingt-sept envoient 200 millions de dollars par jour à Gazprom », l’entreprise publique qui détient le monopole de la distribution du gaz russe. Cette somme couvrirait les besoins du budget de la Défense russe, évalués à 190 millions de dollars par jour. La Russie de Poutine, mise au ban de l’Europe, devrait recevoir de celle-ci, cette année, 100 milliards de dollars de recettes gazières ! Poutine, premier bénéficiaire des sanctions prises contre lui ?

L’inflation sur les tarifs du gaz bénéficie à la Russie. Les cours européens sont cinq à six fois supérieurs à la normale. De surcroit, comme le révèlent également Les Echos, Bruxelles a autorisé les clients européens de Gazprom, dont Engie en France, à se conformer aux exigences russes, sous certaines conditions. Alors que Poutine demandait à être payé en roubles, la Commission européenne a établi un compromis alambiqué qui permettra à chaque partie de ne pas perdre la face. Ainsi,  le nouveau système de paiement passera par l’ouverture de deux comptes en Russie chez Gazprom : l’un en euros ou en dollars et l’autre en roubles. Une fois de versement effectué sur le premier compte, la banque fera immédiatement la conversion en roubles. Le tour de passe-passe semble convenir aux deux parties. Le mécanisme de paiement demandé par Moscou « semble être acceptable pour Gazprom et conforme aux sanctions  de l’Union européenne », a estimé mardi  Catherine MacGregor, la directrice générale d’Engie. Il n’empêche : malgré les grands mots, l’Europe continuera donc bel et bien de financer l’autocrate russe. Ses troupes viennent de gagner la bataille de Marioupol avec la reddition des résistants ukrainiens du bataillon Azov, soupçonnés par Moscou de liens avec le nazisme, retranchés dans l’usine Azovstal. Cette guerre devient, à son tour, une drôle de guerre….

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