Tout récemment, il s’est passé quelque chose de curieux qui porte à croire que, tout au long de l’opération russe en Ukraine, Moscou gère la situation sur le terrain à un niveau que l’on a du mal à imaginer.
Ce week-end, les forces ukrainiennes ont tenté une énième contre-offensive, cette fois dans la région de Mykolaïv, et qui, comme on pouvait s’y attendre, s’est soldée par un échec cuisant.
On parle de centaines de morts côté ukrainien (plus de 200). Et, comme si cela ne suffisait pas, les forces russes ont décidé d’infliger une sorte de punition à ceux qui ont, personnellement décidé de mettre au point cette attaque. Des missiles ont donc commencé à pleuvoir sur le quartier général du commandement opérationnel « Sud » des forces armées ukrainiennes, situé dans la ville de Novyï Bouh. C’est à partir de là qu’a été dirigé le commandement et le contrôle des troupes lors des dernières tentatives d’attaque sur le territoire de la région de Kherson.
Selon les dernières informations, au moment des frappes, une réunion opérationnelle se tenait au poste de commandement, à laquelle participait des dizaines d’officiers du département de commandement opérationnel ukrainien. Les frappes auraient tué trois généraux et plus de 30 officiers de différents niveaux. Du matériel de communication aurait également été détruit.
Qu’est-ce que cela signifie ? Tout se passe comme si l’armée russe sait tout ce qui se passe sur le terrain, et aussi au sein de la chaine décisionnelle du commandement ukrainien. Il y a quelques jours, nous avions relayé un article dans lequel il était dit que la Russie avait été surprise par les capacités communicationnelles des combattants pris au piège d’Azovstal. Cet article évoquait les nouvelles possibilités offertes par la constellation satellitaire d’Elon Musk.
Mais, à bien y réfléchir, il est difficile d’imaginer un pays tel que la Russie, les USA ou la Chine, regarder se constituer un réseau de communication satellitaire, fût-il déstiné à des fins civile (et ce n’est pas à 100% le cas), sans l’intégrer comme équation dans son système de défense, surtout à un moment où il était évident qu’une guerre était imminente. Le non-blocage des communications des combattants d’Azovstal pourrait bien ne pas avoir été une incapacité à le faire, mais un choix délibéré de l’armée russe pour mieux suivre et anticiper les intentions de l’ennemi. Outre la supériorité technique de l’armée russe, sa capacité à anticiper les mouvements des FAU peuvent expliquer sa maitrise totale du terrain, et, surtout, les échecs de toutes les contre-offensives ukrainiennes.
La destruction du quartier général du commandement opérationnel « Sud » des forces armées ukrainiennes prouve, s’il en était besoin, que les renseignements russes savaient exactement où se trouveraient les donneurs d’ordres au moment des frappes et qui ils étaient. Cela ressemble à une sorte d’avertissement pour les autres chefs militaires ukrainiens : il y a des lignes qu’ils ne sont pas autorisés à franchir, sous peine de représailles immédiates les visant eux, personnellement.
Que les décideurs russes aient réellement voulu envoyer un tel message ou non, les chefs militaires, quant à eux, ukrainiens pourraient bien l’interpréter ainsi. Ce serait une nouvelle donne dans cette guerre.
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