Ivan Cadeau, officier supérieur et docteur en histoire, est chef du bureau Terre au Service historique de la Défense. Spécialiste des guerres de Corée et d’Indochine, il est l’auteur de nombreux articles et ouvrages sur la sujet. Il publie chez Perrin, en collaboration avec le Ministère des Armées, le récit de Cao Bang.
Cet ouvrage met en lumière des combats oubliés qui se concluent, au mois d’octobre 1950, par un désastre pour le corps expéditionnaire français d’Extrême-Orient, catastrophe sans précédent dans l’histoire coloniale de la France.
Afin de replacer ces combats dans un plus vaste ensemble, l’auteur commence la narration dès l’époque de la conquête coloniale, à la fin du XIXème siècle, qui voit les troupes françaises s’implanter dans la zone frontière du nord-est. Pour des raisons géographiques (milieu naturel difficile d’accès, proximité de la Chine), cette région constitue très tôt un foyer d’hostilité à la présence française, avant de devenir le sanctuaire révolutionnaire à partir duquel le Viêt-Minh se lance à la conquête du pouvoir au mois d’août 1945. Le retour de la France au Tonkin, en mars 1946, et le déclenchement de la guerre, quelques mois plus tard, obligent le commandement français, contraint par la pénurie des effectifs du corps expéditionnaire, à tenter de reprendre pied dans ces zones où les infrastructures routières restent très réduites, mais qui leur permettent toutefois de bénéficier d’une certaine mobilité. Dans cette perspective, la route coloniale n°4 (RC 4) représente bien une artère vitale pour « garder » la frontière et garantir la souveraineté française. Comme pour l’ensemble des axes importants en Indochine, un chapelet de postes est implanté pour assurer la sécurisation des points sensibles le long de l’itinéraire. Dès lors, attaques de postes et embuscades sur les routes deviennent des objectifs évidents pour l’adversaire, qui profite de ces actions limitées pour aguerrir ses troupes, en attendant l’occasion de remporter une grande victoire. Cette occasion, le commandement français la lui fournit au mois d’octobre 1950 en décidant d’évacuer la garnison de Cao Bang. Le Viêt-Minh ne va pas la laisser passer. Ce sera une boucherie. En l’espace de quinze jours, cette route sera le tombeau d’environ 4.000 combattants, légionnaires, parachutistes, soldats marocains de l’armée coloniale et supplétifs vietnamiens. Le 1er Bataillon Etranger Parachutiste est anéanti. Ce livre rend hommage à ces milliers d’hommes sacrifiés.
Cao Bang 1950, Ivan Cadeau, éditions Perrin, 400 pages, 23 euros
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