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Arguments pour la Monarchie royale active "à la française". Partie 2 : La Monarchie n'est pas la monocratie.

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La Sixième République ne serait que le retour à un parlementarisme façon Quatrième, voire Troisième République, et le désordre des dernières discussions parlementaires de ce mois de juillet conjugué à l’autoritarisme malsain de certains partis n’est pas très enthousiasmant. Mais la Cinquième n’est pas satisfaisante non plus, et cette « semble-Monarchie », si elle a pu un temps (l’époque gaullienne et pompidolienne seulement ?) faire illusion, paraît désormais mal adaptée aux enjeux contemporains. C’est l’occasion de rappeler les différences fondamentales entre la Monarchie royale issue de l’histoire capétienne et la Cinquième République monocratique et a-dynastique…  

En fait, la Cinquième République n’est pas la Monarchie et le président n’est pas le roi, comme l’a signalé avec justesse le philosophe Marcel Gauchet il y a quelques années : «  Mais [Macron] s’est trompé sur ce que l’on attendait d’un roi. Un roi, ce n’est pas un manager, pas un patron de start-up qui secoue ses employés pour qu’ils travaillent dix-huit heures par jour pour que les Français, par effet d’entraînement, deviennent tous milliardaires ! Dans la tradition française, un roi, c’est un arbitre. Quelqu’un qui est là pour contraindre les gouvernants à écouter les gouvernés. Quand les gens accusent Macron d’être le président des riches, ils lui reprochent surtout de ne pas être l’arbitre entre les riches et les pauvres. (3) »  En quelques lignes, le philosophe fait litière de la confusion savamment entretenue par certains doctrinaires d’une Gauche qui se veut républicaine façon Révolution française pour éviter de se pencher sur les limites de leur modèle idéologique, souvent plus idéalement fantasmé que réellement convaincant, au regard de l’histoire comme de la promesse du lendemain… Dans le même temps, Marcel Gauchet peut nous permettre de préciser ce qu’il ébauche de la nature et de la forme de la Monarchie royale en France, qui ne peut être confondue avec la « monocratie » (4), qui est sans doute un terme plus exact pour définir la Cinquième République fondée par le général de Gaulle. Quand la monocratie est le pouvoir d’un seul sans contre-pouvoirs effectifs et efficaces, nous sommes bien loin d’une Monarchie royale à la française où le pouvoir central ne peut s’émanciper complètement des pouvoirs locaux (provinciaux et communaux) ou sociaux (socioprofessionnels, corporatifs et syndicaux, entre autres). En Monarchie, le pouvoir royal « ordonne » l’ensemble, il n’intervient pas forcément dans le fonctionnement et les décisions des organes et des corps intermédiaires : il est, d’abord, un arbitre, et il laisse « jouer les ordres et libertés » selon le principe de subsidiarité, rappelé régulièrement par Maurras, reprenant la vieille formule héritée des légistes médiévaux, « Sous le Roi, les Républiques » : ce qu’il faut bien entendre ici, ce n’est pas un rapport de soumission des républiques locales, professionnelles ou universitaires à l’État central, mais le fait qu’elles se trouvent à l’abri de l’État royal, leurs libertés étant garanties par cet État qui les surplombe sans les plomber. Tout l’inverse de cette République qui, en se disant aujourd’hui inclusive, se fait de plus en plus intrusive, au risque d’étouffer toute initiative libre ou non-conforme aux dogmes de l’idéologie dominante.

Si la Monarchie royale se veut arbitrale, elle ne se fait pas arbitraire : sous l’Ancien Régime, elle se doit de respecter les lois fondamentales du royaume, sorte de constitution coutumière qui encadre l’exercice du pouvoir, mais aussi les multiples lois particulières qui « hérissent la France de libertés ». L’intérêt de la Nouvelle Monarchie, une fois instaurée, serait de permettre de desserrer l’étau d’acier de la centralisation toujours effective sans être, pourtant, efficace pour garantir la pérennité et la force du pays. Il n’est pas certain que cela soit facile à faire, car l’État républicain, par sa centralisation et son assistanat organisé et coûteux, a asservi les citoyens-contribuables à « tout » (ou presque) attendre de lui, des services publics au pouvoir d’achat : un assistanat qui n’est pas l’assistance mais bien plutôt une forme de déresponsabilisation des citoyens et de forte dépendance à l’argent versé plutôt qu’aux moyens de le gagner. La grande faute de la République qui s’est voulue « Providence » est d’avoir enfermée les Français dans une prison dorée, confortable sans doute mais destructrice des libertés concrètes de ce que Maurras nommait le pays réel.

(à suivre)

Notes : (3) : Marcel Gauchet (Entretien à Le Soir du 25 décembre 2018).

(4) : La monocratie, qui vient du grec monos (le seul) et kratein (l’emporter sur, dominer), c’est le pouvoir, la domination sans partage d’un seul, sans contre-pouvoirs (au contraire de la tradition monarchique française et de ses lois fondamentales) et sans légitimité autre que celle de Créon...

https://jpchauvin.typepad.fr/jeanphilippe_chauvin/2022/07/arguments-pour-la-monarchie-royale-active-%C3%A0-la-fran%C3%A7aise-partie-2-la-monarchie-nest-pas-la-monocrati.html

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