LES TOPS
Marine Le Pen (RN)
Pour son second mandat, l’ancienne candidate à l’élection présidentielle change de dimension. Après avoir siégé avec plus ou moins d’assiduité avec les non-inscrits, Marine Le Pen arrive en force avec le premier groupe d’opposition fort de 89 députés. En contraste de la NUPES, les nouveaux élus du Rassemblement national arrivent avec une forte volonté de normalisation et de « fréquentabilité ». Si le nombre fait la force, Marine Le Pen aura fort à faire pour garder la main sur un groupe aussi nombreux et faire émerger différents talents tout en ménageant les susceptibilités. Garder la tête sans en couper, telle est la délicate mission d’un chef de groupe au sein de l’Assemblée nationale.
Olivier Faure (PS-NUPES)
On disait le PS enterré, décapité, disparu corps et biens. À moitié avalé par le monstre NUPES et éparpillé sur les récifs électoraux après la rouste historique subie par la candidate maison Anne Hidalgo à l’élection présidentielle. On vouait son Premier secrétaire Olivier Faure aux poubelles de l’Histoire, surtout après avoir livré les anciens locataires de la rue de Solférino aux appétits dévorants de La France insoumise. Il n’empêche, profitant de l’absence pesante de Jean-Luc Mélenchon pour diriger le groupe Insoumis et les lourdeurs provocantes de sa remplaçante Mathilde Panot, Olivier Faure est vite apparu comme un incontournable dans une NUPES dépassée par les provocations puériles de son aile gauche et en quête de respectabilité. Seule la présence d’Olivier Faure et du PS dans cet intergroupe hétéroclite maintient LFI dans le « champ républicain ». Un éléphant trompe énormément et le pachyderme de Seine-et-Marne sait qu’il n’a qu’une patte dans le cimetière et donc trois en dehors. À ce stade, c’était inespéré !
Sébastien Chenu (RN)
L’habile député du Nord entame son second mandat de député avec l’assurance de celui qui cumule plus d’expérience politique qu’une grande partie de ses collègues de groupe. Propulsé des non-inscrits à la vice-présidence de l’Assemblée nationale, Sébastien Chenu mesure le terrain parcouru. À la fois non identifiable au clan d’Hénin-Beaumont et non soupçonné d’accointance particulière avec le courant droite conservatrice du RN, il s’impose comme une force de pivot et d’arbitrage. Le maintien de Marie-France Lorho, députée de Vaucluse, candidate à la fois RN et Reconquête au sein du groupe de Marine Le Pen, c’est lui. Pas hostile à la droite tout en se faisant un héraut du pouvoir d’achat des Français, il se paye même le luxe d’appuyer la candidature d’Éric Ciotti à la présidence des LR. Tel Mitterrand avec le PCF, Chenu revisite ainsi le fameux baiser de l’ours.
Karl Olive (Renaissance)
Inconnu du grand public, il y a encore quelques semaines, le singulier maire de Poissy dans les Yvelines détonne par son apparente liberté et sa faculté à jouer les surveillants dans cet Hémicycle aux allures de cour de récréation. On s’attendrait presque à le voir tordre le nez du jeune Louis Boyard. Ce proche d’Emmanuel Macron, régulier visiteur de l’Élysée, peut se donner une poignée de mois pour éclipser la chef de file de la majorité à l’Assemblée Aurore Bergé. Celui qui n’a pas été ministre a démontré sa faculté à grimper haut et vite. Pas étonnant pour cet ancien journaliste sportif qui laisse derrière lui un excellent bilan municipal et des administrés conquis. Olive incarne à merveille la stratégie politique de la Macronie : d’apparence ferme avec les délinquants, caressant avec les retraités et véritable VRP de la politique sanitaire, il est l’incarnation du parti de l’ordre dans ce qu’il a de charmant et de proprement insupportable. Mais ça marche !
Jean-Philippe Tanguy (RN)
Le nouveau député RN et ancien numéro deux de Debout la France a été plongé très vite dans le grand bain. Artisan de l’assèchement de Nicolas Dupont-Aignan en ayant créé L’Avenir français, micro-parti des transfuges DLF au sein du RN, Tanguy a réussi, à l’instar de notamment Alexandre Loubet et Thomas Ménagé, à donner à son mouvement une bonne place au sein du groupe et à sa personne une place de choix dans l’organigramme. Candidat malheureux à la présidence de la commission des finances remportée par Éric Coquerel, Jean-Philippe Tanguy s’est déjà fait remarquer par ses tirades et son sens de la repartie. Piquant, acide avec une pointe d’ironie presque burlesque par moment (« Silence pour la France »). Il s’est vite imposé comme l’un des leaders incontestés du groupe à l’Assemblée nationale et affiche une connaissance aiguë des dossiers techniques et a réussi à coincer le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. Sans en être foncièrement un, il maîtrise parfaitement le langage technocratique à même, pourtant, de faire perdre son latin à un ingénieur informaticien.
A suivre : demain, les flops...
Marc Eynaud
https://www.bvoltaire.fr/tops-et-flops-des-deputes-en-ce-premier-mois-dhemicycle/