Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Ami ou ennemi

220829

Il s'est évidemment passé beaucoup d'événements dans le vaste monde en ces mois d'été. Et reprenant la plume, votre chroniqueur ne saurait prétendre les synthétiser ce matin. Éclipsé par l'actualité mondiale, le débat interne du parti conservateur britannique n'a guère passionné les Français et on peut le regretter. Car, dès le début on avait pu constater que nous nous trouvions en présence d'une "campagne résolument de droite". Nos amis et lecteurs peuvent se reporter sur ce sujet à notre chronique  (cf. L'Insolent du 23 juillet https://www.insolent.fr/2022/07/une-campagne-resolument-de-droite.htm). Les idées avancées par les deux derniers rivaux en piste, Liz Truss et Rishi Sunak, à l'effet de surenchère près, ne diffèrent pas énormément, vu de ce côté-ci de la Manche. Rien à voir, par conséquent, avec notre funeste politique française au sein de laquelle, dans la tradition de la IIIe république, il conviendrait toujours de "tomber à gauche".

Or, la course à la succession de Boris Johnson aborde ces jours-ci la dernière ligne droite. Et elle ne dément toujours pas son caractère foncièrement conservateur, – au sens que ce mot, emprunté à Chateaubriand (cf. son "Moment conservateur" http://editions-du-trident.fr/catalogue#chateaubriand), a pris en Angleterre depuis le XIXe siècle sous le règne de Victoria (cf. le roman-manifeste de Disraeli "Coningsby" http://www.editions-du-trident.fr/catalogue#coningsby). Dans un tel contexte le pittoresque premier ministre démissionnaire "BoJo" apparaissait plus comme un "whig" que comme un véritable "tory"...

On remarquera ainsi que Mme Truss se préoccupe des pistes de réformes pour le NHS. En effet, ce système de soins catastrophique, plus étatisé encore que notre sécurité sociale, et que Johnson promettait de "sauver" pendant la campagne du Brexit, comme s'il s'agissait d'un merveilleux acquis national, voit, plus encore que le nôtre, fuir les médecins. Sur le sujet de la revalorisation des retraites dans le contexte de l'inflation, elle tient également un discours courageux.

Mais le 26 juin c'est un petit échange tout à fait marginal au sein de cette campagne qui a retenu, furtivement, ce qui tient lieu d'attention aux observateurs parisiens.

Ce jour-là Mme Liz Truss, qui semble courir en tête devant son adversaire, l'élégant et fortuné ex-chancelier de l'Echiquier Rishi Sunak, était interrogée par les adhérents de son parti de la région de Norwich. On lui avait posé, parmi d'autres, la question : "M. Macron doit-il être considéré comme un ami ou comme un ennemi".

Réponse pleine de bon sens : "je ne sais pas, on jugera sur ses actes et non sur ses paroles".

Or, voilà comment, deux jours plus tard, le Journal du Dimanche cet hebdomadaire officieux paraissant le samedi, présente l'événement sous la signature de Marianne Lecach, ornée de la mention labélisant "avec AFP". Le journal s'étrangle et titre : "Liz Truss refuse de dire si la France est un 'ami ou ennemi', Emmanuel Macron lui répond".Dans le corps de l'article on peut lire : "Jeudi, la candidate à Downing Street, Liz Truss, n’a pas su dire si Emmanuel Macron était « un ami ou un ennemi », estimant qu’elle jugerait « les actes » du président français. Ce dernier a répliqué depuis Alger."

Mettons donc à notre tour les choses au point. S'interroger sur la politique de M. Macron, ce n'est pas critiquer, dénigrer, encore moins combattre "la France". Ce n'est pas continuer la guerre de Cent Ans. Macron n'est pas Jeanne d'Arc, Macron n'est pas "la France."

Le 15 février 2017, au cours d’une interview donnée à une chaîne de télévision algérienne, Emmanuel Macron a, par exemple, déclaré à propos de la colonisation : "c’est un crime, c’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie"… Cette phrase imbécile que les plus radicaux des gérontocrates du FLN n'attendaient pas eux-mêmes restera comme une tache indélébile.

Sa nouvelle tentative de séduction, très artificielle et peu convaincante, en direction de l'État algérien, ne rehaussera pas son image auprès des patriotes français. Au contraire, à Alger, 5 ans après sa déclaration repentante insensée le président français partait essentiellement chercher à négocier, du 25 au 27 août, l'approvisionnement en gaz naturel. Quoi qu'il en coûte.

Oui, par conséquent, Mme Truss a raison du point de vue britannique, comme du point de vue national français et européen, il faut juger ce personnage sur ses actes.

JG Malliarakis 

https://www.insolent.fr/

Les commentaires sont fermés.