Concrètement, l’association propose un label auxquelles les fêtes et manifestations locales peuvent adhérer. Ainsi, Les plus belles fêtes de France présente un programme qui recense les événements culturels, en fait la promotion, propose un soutien financier et une aide aux organisateurs sous forme de formations et d’accompagnement à la recherche de financement. Cette promotion et défense du patrimoine immatériel doit permettre « aux Français de redécouvrir la richesse de leurs régions ». Depuis un an, une centaine d’événements ont rejoint l’aventure. Transhumance dans l’Aubrac, festival médiéval de Saint-Renan dans le Finistère, fête de la Saint-Louis à Aigues-Mortes, fête de la truffe dans le Périgord, le grand corso du Mimosa dans le Var ; bref, de quoi oublier la France Orange mécanique et retrouver celle du JT de feu Jean-Pierre Pernaut.
L'Humanité et sa traque de Pierre-Édouard Stérin
Tout allait bien jusqu’à ce que L’Humanité s’en mêle. Le journal communiste, dans sa traque de l'argent de droite, révélait, en juillet, que Les plus belles fêtes de France avait comme investisseur Pierre-Édouard Stérin, « le financier du Plan Périclès visant à faire gagner les droites extrêmes ». Derrière l’association, on trouve en effet la petite structure Studio 496 dans le capital de laquelle le milliardaire français est entré, fin mai. Son dirigeant, Thibault Farrenq, est un proche de Stérin. C'est avec lui que le fondateur de Smartbox avait cofondé la Nuit du Bien commun. Des informations qui ont déclenché une levée de boucliers, ces dernières semaines, chez certaines associations et communes qui avaient adhéré au fameux label. Ainsi, le maire socialiste de Bazas (Gironde) a annoncé que sa commune et sa fête des Bœufs gras se retiraient du réseau Les plus belles fêtes de France, trois mois après y avoir adhéré. « Notre fête ne sera jamais une vitrine instrumentalisée », a indiqué Isabelle Dexpert. À Bazas, où planent « des soupçons de récupération politique », l’édile se dresse sur sa barricade : « Il est hors de question de travailler avec un réseau qui ne représente pas nos valeurs. »
Dans le Pays basque, trois villes fuient l’argent « sale » : Hendaye, municipalité de gauche et sa fête basque, Hasparren et son Lehengo Hazparne se retirent. Idem pour Espelette, qui célèbre son piment à travers une fête locale rassemblant plus de vingt mille personnes. Le président de la confrérie du piment, Romain Casemajor, est tétanisé : « Peu importe l'idéologie, qu'elle soit de droite, de gauche ou du centre, nous sommes une association apolitique, donc on préfère se retirer. »
Quand chanter Sardou et Johnny devient un péché
Pourtant, Les plus belles fêtes de France tient « à réaffirmer avec force son caractère strictement apolitique ». « Notre engagement est unique et sans équivoque : soutenir, valoriser et récompenser les fêtes de villages à travers tout le territoire français », insiste l'association ; mais rien n’y fait. Les médias locaux s’empressent de souffler sur les braises. France Bleu présente Les plus belles fêtes de France sous le plus aimable des portraits : « une association pilotée par des figures des milieux catholiques traditionalistes via une société financée par le milliardaire Pierre-Édouard Stérin qui défend une alliance de la droite et de l'extrême droite ». On insiste aussi, bien entendu, sur la candidature de Thibault Farrenq aux dernières élections législatives comme suppléant, sous l’étiquette UDR, cette infamante alliance d’Éric Ciotti avec Marine Le Pen.
C’est toujours le même couplet : la presse militante de gauche joue les amalgames et les élus ou membres d’association, quand ils sont de la même sensibilité, s’empressent d’emboîter le pas. Et lorsqu’ils sont de droite, atteints de paralysie, ils se liquéfient.
Le Canon français subit les mêmes attaques, puisque financé par le même investisseur catholique de droite. L’association organise d’immenses banquets dans des lieux majestueux. On y boit entre camarades en mangeant de la cochonaille. On y chante aussi. Beaucoup. La Madelon ou « Sardou, Aznavour ou Johnny », s’indigne L’Humanité. La France insoumise du Cher a fait paraître un communiqué pour dénoncer le prochain banquet de l’association qui doit se tenir à Bourges le 24 août. « La lutte contre l’extrême droite […] doit se traduire par des engagements concrets à refuser l’implantation de ces entreprises sous perfusion du milliardaire Stérin. » « Bérets, bretelles et marinières, beaucoup de moustaches, peu de femmes et pas de minorités », fustige L’Huma parlant du Canon français. Les gauchistes ont trouvé une bataille. Cela donne envie d’aller boire un verre. À leur santé.