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Échec de la gauche à New York

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Les élections intermédiaires américaines n'ont pas fini de susciter les commentaires les plus décalés et les récupérations les plus éhontées. En particulier, les bons esprits s'emploient à nous abreuver des divisions internes du parti républicain et des mécomptes de l'ex président Donald Trump. Annoncée ce 15 novembre, en vue de l'échéance 2024 sa nouvelle campagne présidentielle peut en effet apparaître comme mal engagée.

Au moment où ces lignes sont écrites les décomptes définitifs du vote du 1er tour donnent en effet une majorité démocrate au Sénat de 50 élus face à 49 républicains, un rarissime second tour devant avoir lieu dans l'État de Géorgie, où un candidat libertarien a obtenu 2,6 % des voix le 8 novembre.

On ne doit cependant pas en déduire que les conservateurs se trouveraient sensiblement en recul. Dans l'Arizona, par exemple, si l'on considère que la candidate trumpiste Mme Kari Lake, ancienne présentatrice de Fox News, jamais élue jusque-là, qualifiée d'extrémiste, échoue à remporter le poste de gouverneur, elle n'est battue que de 20 000 voix. Cette novice obtient 1 245 000 et 49,6 % des suffrages contre 1 265 000 et 50,4 % à son adversaire. Sans même remettre en cause la régularité du vote, il paraît difficile d'y voir un triomphe du parti présidentiel.

Or, cela n'empêche pas "20 Minutes" de parler, en direction du grand public pressé, d'une "cinglante défaite"... "Trump est devenu un handicap" conclut avec gourmandise Le Monde dans son édition de 16 novembre... point sur lequel ce journal de la gauche parisienne s'accorde avec The Telegraph, de la droite londonienne, qui expliquait clairement à ses lecteurs conservateurs dès le 9 novembre  : "Trump est fini, l'avenir du parti républicain appartient à DeSantis".[1]

Les politologues de gauche et autres observateurs agréés aiment aussi à souligner, sans pouvoir le chiffrer vraiment, que le durcissement de la règlementation de l'avortement, dans certains États, avec l'aval de la Cour suprême aurait contribué, par réaction, à alimenter un surcroît de vote en faveur du parti démocrate, etc.

Le fait objectif cependant est qu'après deux années de présidence Biden et de contrôle du parlement par les démocrates, les conservateurs du parti républicain ont reconquis, à Washington, la majorité au sein de la Chambre des représentants.

Certes, beaucoup de choses peuvent être observées dans un pays immense et libre, où pratiquement toutes les opinions s'expriment légalement. Les tendances y vont apparemment dans des sens contradictoires. Rappelons que s'y trouvent fédérés 50 États fort différents, de l'Alaska et du Vermont au Nouveau-Mexique et au Texas.

Les spécialistes savent aussi que depuis 1860 et la mise en place du duopole partisan entre démocrates et républicains, 37 des 41 "midterms" s'étaient soldées, par le passé, par un recul du parti du président à la Chambre des représentants. Or, cette assemblée n'est pas seulement l'unique organe du pouvoir intégralement renouvelé lors de ces scrutins, en partie parce que les partisans du président sont moins mobilisés que lors de l'élection présidentielle et parce qu'on observe les électeurs mécontents plus portés à se rendre aux urnes lors d'un scrutin supposé peu mobilisateur.

Mais il convient de mesurer qu'au sein de ce 118e Congrès des États-Unis qui sera inauguré en janvier 2023, une fois encore c'est bien à la chambre des représentants que se retrouve le reflet de l'opinion réelle des Américains. Au Sénat, institution fédérale, à chacun des 50 États est attribué deux sièges, et, tous les deux ans, seul le tiers de l'assemblée est renouvelé. À la chambre basse, au contraire, le renouvellement est intégral, et le nombre des députés est proportionnel à l'importance de la population. De la sorte, 6 États peu peuplés, l'Alaska, le Dakota du Nord, le Dakota du Sud, le Delaware, le Vermont et le Wyoming ne comptent qu'un seul (1) représentant ; au contraire les poids lourds sont la Californie (52), le Texas (38), la Floride (28) et New York (26) eu égard à leurs populations. Ce sont leurs mouvements qui préfigurent les tendances futures.

En bien comme en mal, l'épicentre se trouve toujours à New York.

Et comme on va le voir ce bastion des démocrates, du wokisme et autres nuisances destructrices, est tombé. Les 4 sièges qu'y ont perdu localement les démocrates correspondent exactement à la bascule qui a permis la victoire nationale des républicains.

La ville avait été largement réhabilitée, et rétablie dans son attrait, entre 1993 et 2001 par son maire républicain Rudy Giuliani. Mais plus de 20 ans ont passé depuis Giuliani et la ville s'est à nouveau dégradée, notamment sur le plan de la délinquance.

On présente souvent l'insécurité comme un simple "ressenti" : en fait, le nombre des meurtres à New York au cours de l'année 2021, soit 488, est en hausse de 67 % par rapport à 2017. Les autres formes de criminalité, aussi bien les viols, que les cambriolages ou les agressions ont augmenté de 28 %, et le métro est redevenu dangereux.

De tout cela, les démocrates qui ont reconquis la municipalité aux élections de 2013 n'y sont évidemment pas étrangers.

Si les républicains l'ont emporté le 8 novembre, ils le doivent donc au rejet majoritaire de l'extrême gauche par les électeurs. Mais le gauchisme, par la voix d'Alexandria Ocasio-Cortez, en rajoute une couche, mettant en cause la conjuration des financiers et du grand capital exploiteur, aux applaudissements parisiens des admirateurs de Mélenchon et des lecteurs de Mediapart. Ocasio-Cortez, porte étendard des wokistes, me semble infiniment plus dangereuse que les trumpistes.[2]

Pourquoi nos médias conformistes parlent-ils si peu du rejet que ces gens désormais suscitent ?

JG Malliarakis  

Apostilles

[1] cf. article "Trump is finished. The future of the Republican Party belongs to DeSantis" par Allister Heath, avec une belle photo du gouverneur de Floride.

[2] cf. article "Representative Alexandria Ocasio-Cortez said Democrats should not have adopted “Republican narratives on crime and safety,” and need to abandon “pure moderate” approaches". publié complaisamment dans le New York Times du 11 novembre.

https://www.insolent.fr/

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