Mes chères impertinentes, chers impertinents,
Comme vous le savez, il y a dans ce monde de taux variables dans lequel nous évoluons, un petit village qui résiste encore et toujours aux légions bancaires.
Entouré de camps retranchés de banquiers, le petit village gaulois résiste et continue à fonctionner avec des crédits à taux fixes.
Les taux fixes permettent d’éviter les vagues d’insolvabilité à chaque fois que les taux montent et finalement les crises financières car les banques se retrouvent inévitablement fragilisées par le nombre d’emprunteurs en faillite qui augmente dans ces cas là.
C’est exactement comme cela que les banques américaines ont très largement tangué lors de la crise des Subprimes entre 2007 et 2010 et que la Lehman Brothers s’est effondrée dans un immense fracas qui a résonné dans le monde entier.
Pourtant, pourtant…
La BCE pousse à l’adoption des taux variables en France
La BCE souhaite généraliser le recours aux taux variables pour financer les prêts immobiliers nous rapporte le magazine Capital.
« Une politique qui va à l’encontre de la tradition bancaire française et qui suscite de nombreuses réserves des professionnels de la finance hexagonale. La France se distingue de la plupart des pays européens par la prééminence des taux d’intérêt fixes, s’agissant des achats d’immobilier. Une habitude qui peut être dangereuse pour les banques en cas de remontée des taux, mais ces dernières tiennent néanmoins à ce particularisme. Toutefois, dans un contexte économique difficile, la Banque centrale européenne (BCE) pousse à l’adoption des taux variables dans l’Hexagone.
Et parfois, il faut se pincer pour croire que ce que l’on entend est bien vrai.
« Les taux variables offrent l’avantage d’être plus accessibles aux ménages possédant des revenus limités. Ainsi, la BCE souhaiterait généraliser leur usage en France afin de faciliter l’accès au crédit immobilier ».
Pour faciliter l’accès au crédit selon la BCE et permettre de prêter aux plus pauvres et aux plus fragiles, il faut passer en taux variables. Ce raisonnement est ahurissant tant tout le monde sait et a bien compris que plus l’on est fragile, plus les revenus sont faibles et plus les risques de chômage sont élevés et la sensibilité à la remontée des taux du ménage concerné évidemment plus forte. C’est encore une fois exactement l’histoire de la crise des Subprimes où les ménages afro-américains, statistiquement les plus fragiles, ont été frappés de plein fouet par la vague de faillite personnelle et surtout en premier, avant que le reste de la population ne suive plus largement.
Et pour une fois, je ne peux que partager l’analyse de la Fédération bancaire française (FBF) qui indique que « ces taux varient en fonction de la situation économique et de l’inflation. Ils peuvent mettre en danger les particuliers en cas d’augmentation fulgurante et entraîner une déferlante de défauts de remboursement. Ce n’est pas notre modèle français, unique et protecteur », juge un responsable de la FBF interrogé par Le Parisien.
Le problème c’est que les banques françaises ont obtenu l’octroi d’un « régime transitoire » jusqu’en 2023, exception que la BCE ne compte pas prolonger.
Or 2023 c’est demain.
« Nous tentons de plaider notre cause auprès de Bercy, de prévenir le régulateur, mais nous peinons à être entendus. Si l’étau se resserre trop, nous serons un jour obligés de lâcher notre modèle », alerte un dirigeant d’établissement bancaire.
Techniquement dans un système de taux fixes comme le nôtre les banques françaises prennent le risque lors des phases de remontée des taux où elles perdent un peu d’argent et elles en gagnent plus lorsque les taux baissent. Dans tous les cas, jamais les banques françaises n’ont été en difficulté en raison des crédits à taux fixes octroyés à leurs clients.
Techniquement les taux variables transfèrent le risque de taux… aux emprunteurs, choix bénéfique pour les banques, mais qui peut se révéler dangereux pour la stabilité du système financier. S’ils confèrent en effet un certain nombre d’avantages, les prêts à taux variables peuvent mettre en danger la solvabilité des emprunteurs en cas de remontée rapide des taux d’intérêt comme c’est le cas actuellement. Et quand les emprunteurs font faillite les banques aussi font faillite.
C’est encore une fois exactement l’histoire de la crise des Subprimes, une histoire dont les leçons ne semblent pas du tout avoir été retenues par les idéologues de la BCE.
Le pire c’est que la BCE veut forcer les Français à passer en taux variables au moment même où les taux remontent.
Un folie financière dont on connait à l’avance les conséquences. L’effondrement du système bancaire au fur et à mesure où la solvabilité des emprunteurs d’effondre.
La BCE ne peut pas dire qu’elle ne savait pas.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
Charles SANNAT
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