Outre cette déclaration qui a secoué les milieux littéraires, le néophyte relève une avancée majeure dans l'expression de l'inclusion avec l'abandon de « celles z'et ceux » au profit de « celleux ». Le passage du masculin-féminin dans le robot-mixer de la ménagère de gauche a donné ce raccourci saisissant qui, d'ores et déjà, laisse Emmanuel Macron loin derrière. Un seul « celles z'et ceux » dans l'allocution du 31 décembre serait une marque de ringardise. Dépassé sur son aile féministe, le chef de l'État apparaîtrait affreusement démodé.
Plus que quelques jours pour parvenir à maîtriser ce langage aux relents d'accent marseillais. Le temps presse. Où faut-il placer les « eux » ? Vive la Franceux ? Brigitteux ? Des pièges guettent le débutant. D'abord, repérer les locutions stratégiques. « Ileux auront leur facture d'électricité multipliée par quatre. » Bien. Mais ne point trop en faire... « Celleux, celleuses, tous et toutesses. » Pas bien. Trop en avance sur son temps.
Informée de ces cours intensifs, Danièle Obono ne désespère pas d'être rejointe par le Président sur le terrain de l'inclusion provençale. « Peuchèreux, il peut y arriver », a déclaré un passant interviewé sur la Canebière. Selon la linguiste insoumise, la pratique de la pétanque permet des progrès fulgurants dans le parler féministe nouvelle manière. « Tu la tireux ou tu la pointeux ? » s'adresse tout aussi bien au joueur qu'à son épouse. Sur le Vieux-Port, le tweet de l'élue a relancé le petit commerce. À la manière de Monsieur Jourdain, les marchandes de poissons ont découvert qu'elles parlaient le Obono sans le savoir. Le kilo de Sardine Rousseau s'arrache désormais à un prix exorbitant.
Mais revenons au fond du tweet. En apnée dans la déclaration de Danièle Obono, des chercheurs tentent de déchiffrer le sens de ce qu'ileux voulu dire. Le mot « chef » non décliné à la sauce inclusive laisse à penser que l'auteur connut un moment de faiblesse. D'autres manquements inadmissibles parsèment le message. Des « écervelés » sans point suivi d'un « e ». Comment Emmanuel Macron peut-il apprendre, dans ces conditions ? Pour le Nouvel An, le service communication de l'Élysée a tranché. Au soir du 31, le Président réunira nouvelle et ancienne formule par un élégant « z'eux et celles ». Et voilà.
Jany Leroy
https://www.bvoltaire.fr/satire-a-vue-parlons-comme-obono-sans-peine/