De Roland Hureaux, essayiste, pour le Salon beige:
Il est hautement significatif que le gouvernement nommé par M. Macron n’ait en cette rentrée que deux projets : la réforme des retraites et la légalisation de l’euthanasie.
Alors que l’économie s’effondre, que l’inflation s’envole, que l’emploi régresse, que la faim et le froid menacent, que les populations désespèrent, il n’a donc pas d’autres sujets de préoccupation !
Quoi de commun entre ces deux sujets ? C’est simple : dans les deux cas, il s’agit de diminuer le poids des retraites et de l’assurance-maladie (qui demeurent les principales charges sociales) en s’y prenant par les deux bouts.
Le recul de l’âge de la retraite jusqu’à 65 ans – d’autant plus problématique qu’on n’a pas de travail à donner aux intéressés – a un but évident : réduire le nombre de retraités et peut-être les faire partir à un âge où ils seront un peu plus fatigués.
Et l’euthanasie, dira-t-on ? Là aussi, c’est simple : on sait que 50 % des dépenses de maladie se produisent dans la dernière année de vie. Il suffit donc de supprimer cette dernière année pour alléger de moitié ces dépenses. Nous ne plaisantons qu’à moitié.
Le recours à l’euthanasie ou au suicide assisté, reposera, dit-on, sur le consentement.
Mais qui sait combien cette notion de consentement recouvre d’équivoques ? Dans un pays comme la Belgique, le suicide assisté est ouvert aux mineurs ; il peut être justifié par des maladies psychologiques. Résultat : on imagine un adolescent en crise – par exemple parce qu’il ne saura pas quel genre choisir – tombant en dépression et demandant le suicide assisté. Dans la loi belge, on ne le lui refuse pas.
A l’autre bout de la vie, combien de personnes âgées sentiront le regard pesant de leurs proches leur faisant sentir qu’ils ne servent désormais à rien, et qu’ils pèsent à la société, jusqu’à ce qu’ils consentent eux aussi à disparaitre.
Comment le consentement à la mort sera-t-il obtenu de vieillards ayant perdu une partie leur autonomie ? Ce qui s’est passé dans les Ehpad durant l’épidémie de covid est instructif. L’exemple des pays voisins qui se sont dotés de cette législation barbare aussi. Un récent rapport de Cour européenne des droits de l’homme montre les abus sur lesquels débouchent dans un pays comme la Belgique les pratiques prétendues euthanasiques.
Qu’il y ait une cohérence entre la légalisation de l’euthanasie et le souci d’alléger le poids des inutiles avait été dit crûment par Jacques Attali en 1981 :
Dès qu’il dépasse 60/65 ans, l’homme vit plus longtemps qu’il ne produit et il coûte cher à la société. Je crois que dans la logique même de la société industrielle, l’objectif ne va plus être d’allonger l’espérance de vie ». « Il est bien préférable que la machine humaine s’arrête brutalement plutôt qu’elle se détériore progressivement. L’euthanasie sera un instrument essentiel de nos sociétés future. (« L’avenir de la vie », Editions Seghers 1981).
Aujourd’hui, beaucoup pensent la même chose – et pire – mais ne le disent pas.
Dans certains clubs du troisième âge, on parle de la vieillesse comme de la « vie montante ». C’est cette vie-là que Macron et son équipe veulent raccourcir… par les deux bouts.
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