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[L’œil américain] Présidentielle 2024 : Donald Trump, le retour ?

Preuve s’il en fallait que l’ancien président est contesté jusque dans son propre camp, c’est une républicaine, Liz Cheney, vice-présidente de la commission d’enquête sur l’assaut du Capitole, qui, le 19 décembre dernier, fustigeait  en ces termes : « Aucun homme qui se comporterait de cette façon à ce moment-là ne pourra plus jamais occuper un poste d'autorité dans notre pays [...] Il est inapte à toute fonction. » Après dix-huit mois d'enquête, la commission sur « les événements du 6 janvier 2021 » venait de rendre des conclusions à charge contre Trump et recommandait au ministère de la Justice américain d'engager des poursuites pénales contre lui.

Les démocrates exultaient, ses opposants républicains s’enhardissaient, la fin d’année 2022 prenait des airs d’hallali pour Trump. Avec une foultitude d’autres enquêtes en cours, des grands donateurs qui lui tournaient le dos et surtout la concurrence de l’étoile montante du Grand Old Party (GOP), le gouverneur de Floride Ron DeSantis, son sort ne semblait-il pas définitivement scellé ?

C’était oublier que Trump était l’auteur d’un livre intitulé The Art of the Comeback (L’Art du retour). Et contre toute attente, l’année 2023 semble, en effet, s’ouvrir pour lui sur de bien meilleures perspectives. Celui que l’on décrivait comme un gibier aux abois a désormais des airs de phénix ragaillardi par un amusant retournement de situation.

L’été dernier, des agents du FBI avaient mené une perquisition spectaculaire dans sa luxueuse propriété de Mar-a-Lago, en Floride. Des dizaines de cartons emportés lors de son départ de la Maison-Blanche, en janvier 2021, qui contenaient des documents confidentiels ou « top secret » avaient été saisis. L’ancien président était alors soupçonné d'avoir violé une loi américaine sur l'espionnage qui encadre la détention de documents liés à la sécurité nationale. Ses adversaires se frottaient les mains et l’imaginaient déjà menottes aux poignets encadré par des agents du FBI.

Peu de temps après, Joe Biden, lors de sa campagne pour les élections de mi-mandat, avait profité des démêlés judiciaires de Trump pour effrayer les électeurs en agitant la menace des « républicains MAGA » (« Make America Great Again », slogan de Trump) et de leur leader qui, selon lui, constituaient un danger pour les fondements de la démocratie américaine : « Il est évident que le parti républicain est dominé, piloté et intimidé par cette frange et par l’ancien président », avait-il déclaré.

Quelques mois plus tard, celui qui jouait le rôle du père la vertu allait se retrouver soudainement dans la position de l’arroseur arrosé. Début janvier, la presse américaine découvrait, stupéfaite, que des documents classifiés avaient également été retrouvés dans un ancien bureau de Joe Biden ainsi que dans sa résidence familiale.

Les documents dataient de l’époque où il était vice-président des États-Unis, sous la présidence de Barack Obama. Or, les révélations s’accélérant, il apparaissait que les premiers d’entre eux avaient été découverts le 2 novembre 2022, quelques jours avant les élections de mi-mandat. La Maison-Blanche avait pris soin de ne rien dire et d’attendre. Une situation désormais bien embarassante et susceptible de donner un nouvel élan à Trump, au grand désespoir de ses opposants.

Si, bien entendu, sa candidature reste fragile en raison de ses multiples affaires, on notera malgré tout l’étonnante résistance de celui qui reste, à ce stade, le seul candidat républicain déclaré. Un sondage de l’Emerson College a récemment montré qu’en cas de primaire, l’opposant au gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis, l’ancien président l’emporterait avec 55 %, contre 29 %. Et si Trump se retrouvait à nouveau face à Joe Biden, il recueillerait 44 % des votes, contre 41 % en faveur de l’actuel président.

Rien n’est donc joué et  conserve encore toutes ses chances alors qu’il vient de relancer ses meetings en commençant, le 28 janvier dernier, par l’État du New Hampshire. Avec un contexte international susceptible de basculer à tout moment, la prochaine présidentielle américaine de 2024 paraît, en effet, plus incertaine que jamais. Joe Biden pourrait pâtir d’une dégradation de la situation militaire en Ukraine et de répercussions économiques négatives. Au moment de sa déclaration de candidature, en novembre dernier, Trump, à rebours des envolées martiales de Biden, avait insisté sur le fait qu’avec lui, le conflit en Ukraine « ne serait jamais arrivé ». La fièvre belliciste passée, il pourrait se présenter, dans les mois à venir, comme le seul à même de conclure un « deal » avec Poutine pour mettre fin au chaos. L’art du come-back.

Frédéric Lassez

https://www.bvoltaire.fr/loeil-americain-presidentielle-2024-donald-trump-le-retour/

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