Spécialiste de la résistance face au totalitarisme, Reynald Secher est connu du grand public pour ses ouvrages dont “Le génocide franco-français : La Vendée-Vengé” (1986), ses bandes dessinées et ses films historiques. Ses travaux portent principalement sur la guerre de Vendée. Il est lauréat de nombreux prix notamment le prix Combourg 2012 pour son livre “Vendée. Du génocide au mémoricide” (2011) et pour l’ensemble de son œuvre. Il a participé au film Vaincre ou mourir.
(Propos recueillis par Philippe Randa)
« Nous sommes, il faut le souligner, dans un régime totalitaire, voire dictatorial. La pensée doit être unique et malheur à celui qui pense différemment »
Le film « Vaincre ou mourir » semble déchaîner les passions idéologiques et politiques… Vous n’allez pas me dire que cela vous étonne ?
Rien ne m’étonne plus. J’ai connu une situation similaire en 1986 lors de la parution de mon livre Le génocide franco-français, la Vendée Vengé, puis en 2000 lors de la publication des bandes dessinées Histoire de Bretagne par le journal Ouest France. Même méthode, même violence, même intensité. C’est un tsunami de haine gratuite à coup d’injures, d’arguments fallacieux, de délires en tout genre. En réalité, la gauche n’accepte pas que l’on puisse aller sur le terrain culturel dont elle se considère le propriétaire exclusif. Tout lui est permis. Nous sommes dans la logique révolutionnaire résumée par cet incroyable slogan : la liberté, celle définie par la gauche bien sûr, ou la mort ! En clair, ceux qui ne sont pas dans la pensée unique doivent être éliminés. Qu’importe les méthodes ou les moyens : tout est permis pour tuer l’autre, l’indésirable. Les critiques s’inscrivent dans cette logique et par conséquent, il n’y a aucune limite dans leurs propos. Par ailleurs, certains critiques ont raison : l’honneur est une valeur de droite ce qui sous-entend que le déshonneur est une valeur de gauche. Nous venons d’en faire de nouveau le constat.
Ce film est tout de même l’occasion d’ouvrir un débat entre historiens sur le martyr de la Vendée, qui s’est passé il y a plus de deux siècles… Or, ce sont surtout des politiques ou des journalistes qui s’expriment sur le sujet, comment l’expliquez-vous ?
C’est la mode du moment. Regardez ce qui s’est passé avec la Covid : les spécialistes ont été systématiquement écartés : Macron est ainsi devenu par la grâce des circonstances professeur en médecine, grand expert de la santé et du virus, les médecins généralistes bien-pensants ont été bombardés sur les plateaux comme les sachants, les journalistes se sont auto-proclamés savants… En la circonstance, pour les mêmes raisons, nous vivons une situation similaire. Nous sommes, il faut le souligner, dans un régime totalitaire, voire dictatorial. La pensée doit être unique et malheur à celui qui pense différemment.
Ces idéologues veulent nous faire taire coûte que coûte et, pour reprendre une expression révolutionnaire, nous éliminer de la surface de la France. S’ils avaient un peu de culture et d’imagination, il leur suffirait de persuader le président de la république de réactiver les lois prises en 1793 à l’encontre de la Vendée, lois qui n’ont jamais été abrogées. Ils peuvent ainsi exterminer les Vendéens, nationaliser leurs biens, repeupler leur territoire avec de bons idéologues, et même changer le nom de la Vendée pour celui de Département Vengé.
Ce film aurait dû être l’occasion de réfléchir sereinement sur ce qui s’est passé en Vendée en 1793-1794. Rappelons-le, ces événements ont eu lieu il y a 200 ans.
Non seulement nous avons le recul de l’histoire, mais, de surcroît, nous connaissons les conséquences régionales, nationales et internationales de la politique d’extermination et d’anéantissement de la Vendée, matrice de tous les totalitarismes et des systèmes génocidaires du XXe siècle. Mais… les idéologues qui maîtrisent l’enseignement, la recherche, les médias, empêchent toute analyse, toute étude qui pourrait remettre en question les fondements de leur idéologie. Nous sommes toujours en révolution, il faut bien en avoir conscience, d’où le discours de Macron, énarque, sur la non-identité française, le wokisme en vogue, la lutte ouverte et permanente à l’encontre de l’Église et des valeurs dites traditionnelles.
La Vendée est le crime des crimes de la Révolution, et il y en a eu beaucoup d’autres. Je prépare avec Monsieur le professeur Guillaume Bernard, un livre argumenté et référencé sur la question.
Ce qui paraît incroyable est que ce crime ait été caché si longtemps, car il n’a été découvert qu’en 1985, et encore que très partiellement.
Par ailleurs, ce n’est qu’en 2011, comme je l’ai énoncé dans mon livre intitulé Vendée du génocide au mémoricide (Le Cerf), que j’ai pu découvrir par le plus grand des hasards l’intégralité du système d’extermination et d’anéantissement de la Vendée, système qui a duré dix-huit mois.
Le scandale ne réside ni dans mes livres, ni dans le film Vaincre ou mourir, mais dans le fait que l’on ait pu commettre de tels crimes au nom de l’intérêt supérieur de la nation, et que l’on ait tué les Vendéens non pas pour ce qu’ils avaient fait, mais tout simplement parce qu’ils étaient. Ce premier scandale se double d’un autre tout aussi dramatique : non seulement ces idéologues nient les faits, mais, pire, ils seraient prêts à renouveler ce crime de masse.
Que l’on en dise du bien, que l’on en dise du mal, le « scandale » organisé autour de Vaincre ou mourir participe finalement à son succès… car le succès est indéniable, n’est-ce pas ?
Le chiffre de la première semaine de projection est là : 100 000 spectateurs. C’est incroyable d’autant que les grands medias ont refusé de nous recevoir tout en donnant la parole à nos adversaires. Ce succès est dû à la qualité intrinsèque du film, de l’homme qu’est Charette, considéré comme un héros par les Vendéens au sens grec du terme, mais également au nom même du Puy du Fou, associé à celui des Villiers, gage de qualité et de véracité du thème abordé, ou plus exactement sous-entendu, c’est-à-dire celui du génocide de la Vendée.
Nous pouvons nous étonner de la réactivité des spectateurs. Je pense qu’elle est due à la violence de la campagne menée par les médias, les arguments avancés, les méthodes retenues, les contre-vérités évidentes, l’anathème généralisé… Comme disait en son temps Talleyrand, expert en la matière, tout ce qui est excessif est insignifiant. Désormais, le public est habitué à ce genre de manipulation : la crise de la Covid les a vaccinés. Le jeu de mot est facile, je le reconnais, mais il correspond à la réalité de la situation. Et puis, le confinement a libéré la parole, resserré les liens familiaux et amicaux, allumé des contre-feux notamment médiatiques, d’où l’explosion des réseaux d’information parallèle qui ont joué pleinement leur rôle.
Entre autres, on peut citer pêle-mêle Cnews, TV liberté, radio Courtoisie et j’en passe. Un grand merci à tous.
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