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Histoire génétique des Vikings : cherchez la femme

Histoire génétique des Vikings : cherchez la femme

Une récente étude paléogénétique de près de 300 génomes vient révéler la façon dont les populations scandinaves se sont mélangées sous l’ère viking. Mais rien qui plaide en faveur de l’immigration, comme on a pu le lire ici ou là. Et pour cause : l’apport génétique est exclusivement féminin.

Une nouvelle étude de paléogénétique vient éclairer l’histoire génétique de la Scandinavie durant 2 000 ans, depuis l’âge du Fer jusqu’à aujourd’hui, à partir de 297 génomes anciens. Elle fait suite à une autre étude publiée dans Nature en 2020 sur l’ADN récupéré sur des sites Vikings et à la plus récente étude ne se limitant pas à la Scandinavie, mais à l’Europe du Nord, publiée par Morten E. Allentoft en mai 2022.

Cette étude a abouti à quatre principales conclusions. Tout d’abord, elle constate une hausse de l’ascendance des îles Britanniques dans les génomes en Scandinavie à partir de l’ère viking, et une hausse de l’ascendance balte vers l’île de Gotland et le centre de la Suède à la même époque. Enfin, les Scandinaves actuels seraient moins mélangés génétiquement que les Vikings, et la moitié nord de la Scandinavie possède une ascendance finno-ougrienne significative.

L’exception viking

Comment interpréter ces résultats ? Il ne s’agit pas comme cela a pu être dit d’une « immigration issue de plusieurs régions d’Europe », mais du fait que les Vikings ont pris des femmes là où ils menaient des raids ou s’installaient pour le commerce. L’étude mentionne bien qu’il s’agit d’un flux génétique apporté par des femmes – et non pas par des hommes, ce qui n’est pas compatible avec l’idée de migrations récentes vers la Scandinavie, qui ne sont par ailleurs pas attestées historiquement, hormis dans des cas très particuliers comme les Allemands de la Hanse qui ont participé à la fondation de Stockholm au XIIIe siècle.

L’étude de 2020 abonde dans ce sens, grâce à ses génomes recueillis sur des squelettes identifiés comme Vikings de toute l’Europe du Nord, non seulement de Scandinavie mais des îles Britanniques et d’Europe orientale. Celle-ci démontrait que la dénomination « viking » était moins le nom d’un peuple que d’un métier. Ainsi, des Vikings des îles Orkneys ne révélaient aucune ascendance scandinave, tandis que d’autres, en Scandinavie, étaient de parents écossais ou d’Irlande. On a même identifié en Norvège un groupe de Vikings d’ascendance same (anciennement lapon). Il semblerait que la mobilité importante des Vikings en Europe du Nord et leur essor économique ait impliqué un brassage génétique accru, mais sans impact global important sur la Scandinavie.

Comme en atteste la plus récente étude de 2022, les squelettes de l’ère Viking sont plus mélangés génétiquement que ceux de la Scandinavie actuelle. La raison en est que les squelettes identifiés comme vikings ne sont pas représentatifs de l’ensemble de la Scandinavie. Comme indiqué, « viking » n’était pas le nom d’un peuple, sans compter que les Vikings ne constituaient qu’une minorité au sein de la population des hommes scandinaves. Une fois terminée cette ère, qui a indiscutablement favorisé les brassages, le pool génétique majoritaire, resté inchangé, a pour ainsi dire « avalé » ces apports extérieurs.

Les États redécoupent des frontières ethniques

Relativement aux apports baltes dans l’île de Gotland, qui fut un comptoir commercial sous l’ère viking (à l’échelle de la Baltique), il semblerait qu’il s’agisse du même cas. L’étude de 2020 montre précisément que les Vikings d’Europe orientale sont plutôt d’origine suédoise, tandis que ceux des Îles Britanniques ont tendance à être d’origine danoise. Danois, Suédois et Norvégiens étant déjà distincts génétiquement lors de l’ère viking d’après l’étude, et ce avant même la naissance des États modernes.

La présence d’ascendance finno-ougrienne dans la moitié nord de la Scandinavie, permanente d’après la dernière étude sur ces 2 000 dernières années, s’explique par l’assimilation progressive des Sames sur le temps long, et corrobore la diffusion en Scandinavie des lignées paternelles directes d’haplogroupe N1a caractéristiques des peuples finno-ougriens du nord-est de l’Europe, très présentes en Finlande, dans les trois pays baltes et le nord de la Scandinavie. Arrivées à partir de l’âge du Fer, elles sont postérieures à l’arrivée des Indo-Européens en Scandinavie, qui a eu lieu d’après l’étude de 2022 en deux temps, d’abord avec la céramique cordée au Chalcolithique (culture des haches de combat), puis avec l’arrivée à partir de – 2100 depuis l’Europe centrale de tribus porteuses du marqueur U106 et probables locutrices de l’ancêtre des langues germaniques.

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